Jonathan NACKSTRAND / AFP
Norvège | AFP | mercredi 03/07/2024 - Elle vient de la Mecque du tourisme mais voyage à contresens: Cati, habitante de Tenerife, est de ces touristes toujours plus nombreux qui fuient la canicule pour des vacances à la fraîche en Europe du Nord.
Perchés tout en haut du continent, des pays comme la Norvège et la Suède jouent désormais la carte de la "coolcation" --contraction de l'anglais "cool vacation" (vacances au frais)-- afin d'attirer les visiteurs sous leurs latitudes tempérées.
Pourquoi quitter les Canaries en pleine saison estivale? "Eh bien, pour fuir la chaleur", confie l'Espagnole Cati Padílla en escapade avec trois amies.
"Et la Norvège est sur notre radar depuis longtemps pour ses paysages verdoyants, ses montagnes, la glace", ajoute la fonctionnaire cinquantenaire rencontrée sur les hauteurs de la "route des trolls", voie emblématique qui serpente la montagne en direction des fjords.
En 2023, le nombre de nuitées d'étrangers a augmenté de 22% en Norvège --avec un record en août-- et de 11% en Suède, d'après des statistiques officielles, une progression tirée aussi par la sortie des restrictions sanitaires en 2022 et par un coup de mou des devises scandinaves.
Selon une enquête réalisée en Allemagne pour l'organisme de promotion Visit Sweden, deux personnes sur cinq prévoient de modifier leurs habitudes de voyage en raison de la chaleur qui sévit dans le sud de l'Europe.
Le plus souvent en choisissant d'autres périodes de l'année mais aussi en optant pour de nouvelles destinations.
"La +coolcation+, ce n'est pas seulement une question de météo", explique Susanne Andersson, cheffe de l'organisme de promotion Visit Sweden. "C'est voyager vers des endroits où il le temps est un peu plus frais mais qui sont aussi plus cool parce qu'il y a moins de monde".
Exit les plages méditerranéennes surpeuplées et la fournaise qui a entraîné la fermeture partielle de l'Acropole à Athènes en juin et provoque des feux de forêt ailleurs.
Beaucoup préfèrent aujourd'hui piquer une tête dans un lac ou un fjord, ou se remplir les poumons d'air pur lors d'une excursion en montagne dans un sentiment de relatif isolement.
- L'été meurtrier -
Tout juste débarquée d'un paquebot ancré au fond du majestueux fjord de Geiranger inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, Pam, touriste anglaise venue de Lichfield, confie avoir mis un imper et des lainages dans sa valise comme on le lui avait conseillé.
"Je ne pensais pas me tenir là en sandales, en T-shirt, et même en short hier. C'est merveilleux", dit-elle, sous un soleil radieux. "Mais il ne fait pas chaud au point de ne pas pouvoir nous balader".
"Ca ne m'intéresse pas de simplement m'asseoir sur un transat, lire un livre, me lever seulement pour manger quelque chose et revenir. Je préfère visiter des lieux, découvrir leur histoire, simplement admirer de beaux endroits".
Selon les experts de l'Onu sur le climat (Giec), il est "quasi certain" que la fréquence et l'intensité des chaleurs extrêmes et la durée des canicules ont augmenté depuis 1950 et vont continuer à le faire avec le réchauffement.
D'ici 2050 en Europe, environ la moitié de la population pourrait être exposée pendant l'été à un risque élevé ou très élevé de stress thermique, et le nombre de morts liées au stress thermique pourrait doubler, voire tripler, avec un réchauffement compris entre +1,5°C et +3°C.
"L'Espagne, c'est non. La Grèce, c'est non", égrène Gérard Grollier, un retraité français de 74 ans, interrogé à la sortie de l'autocar dans le village de Geiranger.
Pourquoi la Norvège? "Parce que le climat est beaucoup plus agréable et qu'il y a des destinations que je ne ferai pas ou plus, en tout cas pas en saison printemps-été parce qu'il y fait beaucoup trop chaud", précise sa fille, Virginie, conseillère financière.
"On n'a pas su protéger notre planète et aujourd'hui, ça a des conséquences aussi sur le tourisme", dit-elle.
- Villages submergés -
Capitale de la Laponie finlandaise à cheval sur le cercle polaire arctique, Rovaniemi a également enregistré un bond de 29% des nuitées l'an dernier.
"La +coolcation+ se ressent ici et cette tendance a déjà commencé il y a des années mais elle s'est accrue avec les étés douloureusement chauds en Europe méridionale et centrale", affirme Sanna Kärkkäinen, chargée d'y promouvoir le tourisme.
Une manne qui ne va pas sans poser de problèmes: explosion des AirBnb, touristes indélicats...
"Ce qui nous inquiète le plus, bien sûr, c'est qu'il y ait trop de monde en même temps", souligne Jan Ove Tryggestad, maire de 2011 à 2023 d'une commune norvégienne où vient d'accoster un imposant paquebot capable de transporter 6.000 passagers et 2.000 membres d'équipage.
"C'est un petit village ici. A Hellesylt, il y a entre 280 et 300 habitants en hiver. Evidemment, cela crée un petit choc culturel lorsque soudain une petite ville, selon les normes européennes, débarque", confie-t-il. "Mais on s'adapte".
Perchés tout en haut du continent, des pays comme la Norvège et la Suède jouent désormais la carte de la "coolcation" --contraction de l'anglais "cool vacation" (vacances au frais)-- afin d'attirer les visiteurs sous leurs latitudes tempérées.
Pourquoi quitter les Canaries en pleine saison estivale? "Eh bien, pour fuir la chaleur", confie l'Espagnole Cati Padílla en escapade avec trois amies.
"Et la Norvège est sur notre radar depuis longtemps pour ses paysages verdoyants, ses montagnes, la glace", ajoute la fonctionnaire cinquantenaire rencontrée sur les hauteurs de la "route des trolls", voie emblématique qui serpente la montagne en direction des fjords.
En 2023, le nombre de nuitées d'étrangers a augmenté de 22% en Norvège --avec un record en août-- et de 11% en Suède, d'après des statistiques officielles, une progression tirée aussi par la sortie des restrictions sanitaires en 2022 et par un coup de mou des devises scandinaves.
Selon une enquête réalisée en Allemagne pour l'organisme de promotion Visit Sweden, deux personnes sur cinq prévoient de modifier leurs habitudes de voyage en raison de la chaleur qui sévit dans le sud de l'Europe.
Le plus souvent en choisissant d'autres périodes de l'année mais aussi en optant pour de nouvelles destinations.
"La +coolcation+, ce n'est pas seulement une question de météo", explique Susanne Andersson, cheffe de l'organisme de promotion Visit Sweden. "C'est voyager vers des endroits où il le temps est un peu plus frais mais qui sont aussi plus cool parce qu'il y a moins de monde".
Exit les plages méditerranéennes surpeuplées et la fournaise qui a entraîné la fermeture partielle de l'Acropole à Athènes en juin et provoque des feux de forêt ailleurs.
Beaucoup préfèrent aujourd'hui piquer une tête dans un lac ou un fjord, ou se remplir les poumons d'air pur lors d'une excursion en montagne dans un sentiment de relatif isolement.
- L'été meurtrier -
Tout juste débarquée d'un paquebot ancré au fond du majestueux fjord de Geiranger inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, Pam, touriste anglaise venue de Lichfield, confie avoir mis un imper et des lainages dans sa valise comme on le lui avait conseillé.
"Je ne pensais pas me tenir là en sandales, en T-shirt, et même en short hier. C'est merveilleux", dit-elle, sous un soleil radieux. "Mais il ne fait pas chaud au point de ne pas pouvoir nous balader".
"Ca ne m'intéresse pas de simplement m'asseoir sur un transat, lire un livre, me lever seulement pour manger quelque chose et revenir. Je préfère visiter des lieux, découvrir leur histoire, simplement admirer de beaux endroits".
Selon les experts de l'Onu sur le climat (Giec), il est "quasi certain" que la fréquence et l'intensité des chaleurs extrêmes et la durée des canicules ont augmenté depuis 1950 et vont continuer à le faire avec le réchauffement.
D'ici 2050 en Europe, environ la moitié de la population pourrait être exposée pendant l'été à un risque élevé ou très élevé de stress thermique, et le nombre de morts liées au stress thermique pourrait doubler, voire tripler, avec un réchauffement compris entre +1,5°C et +3°C.
"L'Espagne, c'est non. La Grèce, c'est non", égrène Gérard Grollier, un retraité français de 74 ans, interrogé à la sortie de l'autocar dans le village de Geiranger.
Pourquoi la Norvège? "Parce que le climat est beaucoup plus agréable et qu'il y a des destinations que je ne ferai pas ou plus, en tout cas pas en saison printemps-été parce qu'il y fait beaucoup trop chaud", précise sa fille, Virginie, conseillère financière.
"On n'a pas su protéger notre planète et aujourd'hui, ça a des conséquences aussi sur le tourisme", dit-elle.
- Villages submergés -
Capitale de la Laponie finlandaise à cheval sur le cercle polaire arctique, Rovaniemi a également enregistré un bond de 29% des nuitées l'an dernier.
"La +coolcation+ se ressent ici et cette tendance a déjà commencé il y a des années mais elle s'est accrue avec les étés douloureusement chauds en Europe méridionale et centrale", affirme Sanna Kärkkäinen, chargée d'y promouvoir le tourisme.
Une manne qui ne va pas sans poser de problèmes: explosion des AirBnb, touristes indélicats...
"Ce qui nous inquiète le plus, bien sûr, c'est qu'il y ait trop de monde en même temps", souligne Jan Ove Tryggestad, maire de 2011 à 2023 d'une commune norvégienne où vient d'accoster un imposant paquebot capable de transporter 6.000 passagers et 2.000 membres d'équipage.
"C'est un petit village ici. A Hellesylt, il y a entre 280 et 300 habitants en hiver. Evidemment, cela crée un petit choc culturel lorsque soudain une petite ville, selon les normes européennes, débarque", confie-t-il. "Mais on s'adapte".