Des problèmes de rémunérations qui pèsent sur la vaccination


Tahiti, le 7 avril 2021 - Avec la promesse de l'Etat d'une livraison de 15 000 doses par semaine, le spectre d’une pénurie en vaccin s’éloigne au fenua. C’est plus de médecins qu’il pourrait venir à manquer, alors que les complications autour de leur rémunération s’intensifient, menaçant de ralentir une campagne censée “mettre le turbo” en perspective de la réouverture des frontières.

Le 1er mai. L’échéance pour une réouverture des frontières est enfin arrêtée. Une petite lueur d’espoir pour l’industrie du tourisme que le gouvernement polynésien, en mission à Paris la semaine dernière, a ramené dans ses valises. Ce qui laisse seulement 23 jours pour “vacciner, vacciner, vacciner” comme l’a ainsi martelé le président Fritch, lors du point presse bilan ce matin. Condition sine qua non à une réouverture des frontières, “c’est la seule arme efficace pour obtenir une large protection de nos populations” assène Édouard Fritch.  

Afin de “mettre le turbo” pour reprendre ses propos, pas moins de quatre vaccinodromes éphémères sont programmés tous les week-ends jusqu’à la fin du mois à la présidence, à l’institut Louis Malardé ou à Teva i Uta (lire encadré). “Élargissement des plages horaires”, “doublement des capacités vaccinantes”, “renforcement du personnel dans les îles Sous-le-Vent”. Pour tenir son pari, le président du Pays déroule un calendrier vaccinal soutenu. Un cap qui apparaît cependant en décalage avec les réalités du terrain, alors que la campagne bute déjà sur des difficultés logistiques liées aux ressources humaines.

43 prestataires et vacataires mécontents

La promesse du président de la République d’un quota de 15 000 doses par semaine à la Polynésie devrait certes suffire à éloigner le spectre d’une pénurie de vaccins, mais pas celui de plus en plus criant du manque de “vaccinateurs”. Déjà parce que seuls les médecins, les sages-femmes, les infirmiers, ou les pharmaciens d’officine sont habilités à administrer des vaccins, mais la présence d'un médecin est impérative dans chaque centre. Ensuite parce que les rémunérations de 43 prestataires et vacataires appelés en renfort tardent à être honorées –pour certains depuis novembre dernier– pour des questions diverses de forme dans les circuits administratifs.  

A cela s’ajoutent des frictions au sein de la direction de la Santé pour le règlement des heures supplémentaires et des astreintes de leurs propres agents. Une dotation de 42 millions de Fcfp a bien été inscrite au collectif budgétaire pour dédommager les soins effectués en 2020, mais elle n’a pas suffi à convaincre des médecins visiblement refroidis.

Selon nos informations recueillies auprès des intéressés, l’administration considère une semaine de 39 heures dans sa globalité, sans tenir nécessairement compte d’une journée travaillée le week-end. A titre d’exemple, si un agent n’a pas exercé pendant un jour férié tombant en semaine, mais qu’il a travaillé un samedi, il ne lui sera comptabilisé que 39 heures sans astreinte, ni heure supplémentaire. De sorte que le contexte n’est pas très propice à dégager des volontaires pour faire des injections les week-ends... Or, c’est justement sur ces créneaux que les vaccinodromes sont censés mettre le fameux “turbo”.

D’autant que les tensions commencent à s'intensifier avec la fermeture du centre de Mahina, de jeudi à mercredi et celui de Pirae jusqu’à mardi, du fait de l’absence de médecins contrariés. A ce rythme, le cap fixé à 1 000 injections par jour est loin d’être acquis.
 

Yvonnick Raffin : “Asap” le moral des vaccinateurs

“Toute heure travaillée est due”, assure le ministre du Budget, Yvonnick Raffin, interrogé sur les complications de rémunération qu’il justifie par une problématique de “mariage” entre le code du travail et la fonction publique. “Certaines obligations du code du travail qui prévoient des heures supplémentaires ou majorées ne s’appliquent pas forcément aux fonctionnaires”, indique le ministre, ajoutant : “nous sommes en train de regarder comment ce mariage demain pourrait être mieux appréhender.”
“De l’argent nous en avons, payer nous en avons la volonté”, renchérit Édouard Fritch, mais il faudra passer par une “adaptation de la réglementation et de l’administration à ce genre de situation”. Il faudra donc s’armer de patience, d’autant qu’à la question de savoir quand les troupes nécessaires à l’accélération de la vaccination seront payées, le ministre du Budget répond d’un laconique “asap”, abréviation de “as soon as possible”. Le plus tôt possible donc.
 

Calendrier des vaccinodromes

L’Institut Louis Malardé réouvre un centre de vaccination éphémère réservé aux personnes avec carnet rouge les week-ends du : - Samedi 17 et dimanche 18 avril (8h à 17h)
- Samedi 24 et dimanche 25 avril (8h à 17h)
- Samedi 15 et dimanche 16 mai (8h à 17h)  Présidence de Polynésie française : samedi 10 avril (8h à 16h) et dimanche 11 avril (8h à 12h) : - Primovaccination (1ère dose)
- Rappels : les personnes doivent recevoir leur 2e dose 21 jours minimum après la 1ère.   Teva I Uta - au chapiteau de Mataiea situé à la pointe Tehoro : samedi 17 avril et samedi 15 mai (8h à 17h) : - Primovaccination (1ère dose)
- Rappels : les personnes doivent recevoir leur 2e dose 21 jours minimum après la 1ère.    A Mahina, sur l’ancien site du RSMA: samedi 24 avril en primovaccination et samedi 22 mai pour 2e injection et primovaccinations.  A Taravao : samedi 29 mai en primovaccination et samedi 19 juin pour 2e injection et primovaccinations.  Faa’a, à Vaitupa: samedi 5 juin en primovaccination et samedi 3 juillet pour 2e injection et primovaccinations  A Punaauia, à la mairie : samedi 12 juin en primovaccination et samedi 10 juillet pour 2e injection et primovaccinations.  Moorea-Maiao : Projet de vaccinodrome en complément du site de l’hôpital de Afareaitu
 

Rédigé par Esther Cunéo le Mercredi 7 Avril 2021 à 19:40 | Lu 3066 fois