Des paniers en pandanus ou sacs en tissu plutôt que des sacs en plastique


PAPEETE, le 13 novembre 2018. Pendant trois jours, du 22 au 24 novembre, des paniers en pandanus, mais aussi des sacs en tissu et des cabas en matériaux recyclés fabriqués par des artisans locaux seront vendus au centre Vaima. L'idée est d 'utiliser de moins en moins de sacs plastiques.



Le ministre de la Culture et de l’Environnement en charge de l’artisanat, Heremoana Maamaatuaiahutapu, était présent, mardi matin, pour la présentation de la deuxième édition de l’opération de promotion des sacs de course locaux baptisée ‘Ete.

Cette opération se déroulera les jeudi 22, vendredi 23 et samedi 24 novembre au centre Vaima, à Papeete. Pendant ces trois jours, des paniers en pandanus, mais aussi des sacs en tissu et des cabas en matériaux recyclés fabriqués par des artisans locaux seront proposés. Les artisans présenteront également des exemples concrets d’utilisation des produits artisanaux suivant les achats réalisés. La Polynésie française dispose d’une importante ressource en matières premières.

En travaillant ces matières, les artisans font le lien direct entre le monde de l’artisanat et l’environnement. L’objectif est de sensibiliser la population à cette thématique et de montrer qu’il existe des alternatives aux sacs plastiques à usage unique tout en valorisant les savoir et savoir-faire artisanaux. L’opération ‘Ete ne se limite pas seulement à trois journées.

Des affiches génériques de l’Opération ‘Ete avec l’inscription « Ici, vous êtes les bienvenus avec votre ‘ETE » seront affichés dans tous les magasins de Tahiti souhaitant s’investir dans cette démarche. En résumé, à travers cette opération, le ministère de l’Artisanat souhaite faire passer deux messages : dans un premier temps, mettre en avant les savoir-faire des artisans traditionnels de la Polynésie française et les transmettre aux générations qui prendront le relais, puis mettre en avant des solutions concrètes pour remédier au problème des sacs plastiques.

Marcelle Tepava

« Je suis dans l’artisanat depuis 1977. Ma grand-mère paternelle travaillait déjà le pandanus. Je suis originaire de Rimatara aux Australes. J’ai appris à travailler moi- même en regardant ma grand-mère et en m’inspirant d’elle. Je regardais comment elle faisait puis j’apprenais en développant ma propre façon de faire. C’est à mon arrivée à Papeete que j’ai vraiment évolué dans ce métier. À l’époque je vendais mes « ’ETE » au marché de Papeete.

Ce qui me plaît avec l’artisanat c’est que tu es le propre patron de ton travail. Tu peux faire tout ce que tu veux. Personne ne t’impose quoi que ce soit ni comment faire. Puis on peut vivre de l’artisanat. C’est sûr ça demande de la patience et du courage mais on en vit.

Beaucoup de jeunes disent qu’ils sont « fiu » de l’artisanat. C’est vrai, c’est « fiu » ! Mais quand tu vois ton travail, la finition que tu lui apportes et qu’ensuite tu le vends, c’est une réelle satisfaction personnelle : c’est un travail qui vient de tes mains !

C’est important pour moi de transmettre ces savoir-faire. Les jeunes doivent venir vers nous. On veut leur donner, leur faire partager notre savoir-faire. On ne va pas vivre éternellement, il faut absolument qu’ils viennent nous voir.

Quand j’étais petite, j’avais un « ’ETE » pour aller à l’école ! Aujourd’hui, les jeunes ont honte de prendre un « ’ETE » comme sac. J’ai envie de leur dire qu’il ne faut pas avoir honte, que c’est notre coutume, notre culture en tant que Polynésien !

En ce qui concerne l’événement « ’ETE », je suis contente d’y participer. Les sacs plastiques polluent énormément. Je pense que les gens ne font pas assez attention à l’environnement. Par exemple, beaucoup de gens jettent des déchets dans la mer, mais il ne faut pas oublier que le peuple polynésien se nourrit de la mer. Je pense qu’il faut allier l’éducation scolaire et l’éducation à la maison pour sensibiliser au mieux les enfants ».

Sheila Tamarino

« Je travaille dans l’artisanat depuis 5 ans mais j’ai grandi dedans. C’est à l’âge de 12 ans que j’ai réalisé ma première création, mais c’était seulement pour offrir.

Ce qui me plaît dans l’artisanat c’est la créativité et la liberté. Quand tu te retrouves au début de ta future œuvre, tu sais exactement ce que tu veux faire, tu l’imagines.

C’est vrai que refaire plusieurs fois le même modèle, ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus. J’ai vraiment plaisir à créer et voir par la suite les autres porter mes œuvres d’art comme je les appelle.

Il faut que les jeunes se lancent et aillent voir par eux-mêmes si oui ou non c’est un domaine qui leur plaît. Moi non plus au départ ce n’est pas quelque chose qui m’intéressait. Je pense que c’est important de transmettre ces savoir-faire pour ne pas les perdre.

Mes connaissances viennent de mes parents qui eux-mêmes les ont eu de leurs parents: c’est cette transmission-là qui est importante à préserver ! ».

Nathalie Teariki

« Je travaille dans l’artisanat depuis que je suis toute jeune. Je vis aux Australes, dans les pandanus ! Je regardais les grands-mères qui travaillaient et c’est comme ça que j’ai appris. Je ne changerais pour rien au monde de métier.
L’artisanat ce n’est pas si difficile quand on aime ça. Aujourd’hui les jeunes ont du mal à trouver du travail. C’est pour cela qu’ils doivent venir nous voir, pour qu’on leur donne ce savoir-faire. L’artisanat c’est un art et on peut en vivre. C’est pour ça que je veux donner et partager mon savoir-faire. Je le donne !
Aujourd’hui je suis contente que ma fille travaille dans l’artisanat avec moi. Tout ce que je sais faire, elle sait aussi le faire. Un jour je serai au repos et je suis contente de savoir qu’elle pourra prendre le relais et en vivre.

Au niveau de l’opération « ’ETE », je suis contente de participer. Il faut qu’on travaille tous ensemble pour protéger au mieux l’environnement ».

Sandrine Li, Green ID

« L'idée des sacs Green ID m'est venue en cherchant pour moi-même une alternative aux sacs plastiques pour fruits et légumes. J’ai été motivée par deux choses : le faible choix, à l'époque, de sacs réutilisables pour fruits et légumes dans les autres pays répondant à nos besoins (notamment un emplacement pour l'étiquette de prix), et l'envie d'agir à plus grande échelle en faisant profiter à la population locale d'une alternative aux sacs à usage unique.

Le sac plastique est trop souvent assimilé à un objet éphémère, destiné à être jeté. Je pense qu'il faut redonner de la valeur aux choses, au travail, à la création. Les ancêtres polynésiens ont été capables de fabriquer des objets du quotidien aussi pratiques que solides à partir de matières naturelles. C'est tout à fait l'alternative écologique par excellence à mettre en avant. Si j’avais un message à faire passer à la population ce serait une citation de Gandhi : "Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ».

Iaera

« Je suis née à Rimatara, j’ai grandi avec le pandanus. Ma grand-mère et ma mère travaillaient dans l’artisanat, plus particulièrement dans le tressage de paniers, de nattes et d’éventails en pandanus; c’est de là que j’acquis mon savoir-faire. À la mort de mon père, ma mère nous a amené vivre à Papeete, où elle vendait ses produits au marché. Cela nous arrivait, mes deux sœurs, mon petit frère et moi-même, après l’école, de tresser par plaisir. C’est en 2006, après mon retour à Rimatara, que j’ai décidé de reprendre l’artisanat. Je me suis aperçue que c’était des savoir-faire qui me tenaient à cœur. Ma nièce m’a appris à découper les pandanus, les faire sécher au soleil puis les assembler. C’est en m’intégrant dans les associations et les fédérations artisanales que j’ai constaté que mon savoir-faire avait de la valeur. Le partage du savoir-faire, le respect et l’entre aide entre les artisans y est pour beaucoup. Beaucoup de jeunes sans emplois sont de retour à Rimatara; nos associations sont chargées de s’occuper d’eux. J’ai une réelle envie de mettre en avant nos sa-
voir-faire locaux. Et j’attends avec impatience le jour où les sacs plastiques seront remplacés par nos sacs de course en pandanus ! ».

le Mardi 13 Novembre 2018 à 11:07 | Lu 3322 fois