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Des moustiques mâles rendus stériles, arme potentielle contre le paludisme


Des moustiques mâles rendus stériles, arme potentielle contre le paludisme
WASHINGTON, 8 août 2011 (AFP) - Des moustiques mâles anophèles gambiae rendus stériles par manipulation génétique pourraient offrir une arme efficace contre le paludisme, dont le parasite responsable est transmis par la femelle de cet insecte, selon des travaux d'une équipe anglo-italienne publiés lundi.

Etant donnée la propagation de cette maladie responsable de près de 800.000 morts en 2009, surtout des enfants de moins de cinq ans en Afrique subsaharienne, des alternatives à l'utilisation d'insecticides deviennent de plus en plus urgentes, soulignent les auteurs de cette étude parue dans les Annales de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS) datées du 8 au 12 août.

La multiplication par millions de moustiques anophèles mâles stériles "pourrait potentiellement empêcher la croissance de leur population et réduire le risque de paludisme", écrivent-ils.

Ces chercheurs, dont Janis Thailayil et Flaminia Catteruccia de l'Imperial College de Londres, ont expliqué que les anophèles mâles qui ont été rendus stériles se sont accouplés normalement avec les femelles.

Ces dernières, principal vecteur du plasmodium responsable du paludisme, se sont nourries de sang en piquant des animaux ou des humains et ont produit un grand nombre d'oeufs non fécondés, vu l'absence de sperme.

Ces femelles ont également développé, comme celles ayant été fécondées par des mâles fertiles, une aversion à une nouvelle insémination, un phénomène normal. Celles-ci ne s'accouplent en effet qu'une seule fois au cours de leur existence, estimée à environ deux semaines.

Les chercheurs relèvent par ailleurs que les moustiques mâles stériles pourraient avoir un avantage par rapport à ceux produisant du sperme, car ce processus requiert une plus grande consommation d'énergie.

Même si les anophèles mâles privés de sperme représentent une approche prometteuse comme alternative à l'usage des insecticides, des recherches supplémentaires sont nécessaires, soulignent les auteurs de cette étude.

Il s'agit de la dernière recherche en date sur les moyens de neutraliser ces moustiques vecteur du paludisme.

Ainsi, des chercheurs américains sont parvenus à modifier génétiquement des moustiques anophèles pour les rendre incapables de transmettre le parasite responsable du paludisme, selon leurs travaux publiés en juillet 2010 dans le "Journal of Public Library of Science Pathogens".

Des scientifiques ont aussi indiqué dans une communication publiée le 1er juin 2011 dans la revue scientifique britannique Nature avoir identifié des molécules odorantes capables de mettre en échec le flair aiguisé des moustiques.

Ces molécules perturbent leurs organes sensoriels sans lesquels ils ne peuvent pas détecter le CO2 contenu dans l'air expiré par les humains, et sont donc incapables de repérer leurs proies.

Ces substances ont le potentiel de réduire les contacts entre moustiques et humains et pourraient ouvrir la voie à une nouvelle génération de répulsifs, selon les auteurs de la recherche à l'Université de Californie de Riverside.

Outre le paludisme, les moustiques sont aussi des vecteurs de la dengue, infection virale touchant quelque 50 millions de personnes annuellement, de la fièvre jaune, de la filariose et du virus du Nil occidental.

js/cel

Rédigé par AFP le Lundi 8 Août 2011 à 09:03 | Lu 554 fois