PARIS, 6 août 2014 (AFP) - Abricots, fraises ou tomates, les variétés sont choisies pour leur goût et doivent être cultivées en pleine terre jusqu'à maturité. L'exigence du réseau 3Couleurs garantit en échange aux producteurs un accès protégé en grande distribution.
"On veut défendre des produits dont les qualités gustatives justifient qu'on paye plus cher. Et on veut que la grande distribution joue le jeu, en leur garantissant une place, et donc une chance", explique Renan Even, initiateur du réseau.
Aujourd'hui, 3Couleurs coordonne déjà plus de 110 producteurs de fruits et légumes - des asperges aux citrons de Menton - et mise sur un potentiel de 3.000 adhérents aux pratiques conformes à son cahier des charges.
Pour ce passionné d'agronomie qui connait bien les rayons fruits et légumes des grandes surfaces qu'il a pilotés pendant 15 ans, il est temps - et c'est encore possible, jure-t-il - de redonner aux producteurs un peu de fierté en expliquant au client "pourquoi c'est plus cher".
"L'objectif n'est pas de vendre 10 fois plus cher mais de faire comprendre le travail derrière le prix", souligne-t-il.
- Travailler plus, récolter moins -
La démarche est signalée par une médaille holographique, infalsifiable, qui garantit que les tomates ou les mirabelles appartiennent aux meilleures variétés et sont cueillies au meilleur moment, quand elles sont mûres.
Ce qui nécessite jusqu'à huit passages dans le verger contre un ou deux quand on récolte tout en même temps, souligne Renan Even.
Tous les producteurs contactés par l'AFP en témoignent. Chez eux, on travaille plus pour récolter moins qu'avec les variétés privilégiées par la profession pour leurs rendements et leur aptitude à se conserver plusieurs semaines.
Près de Nantes, à la Chapelle-sur-Erdre, Benoît Lopes cultive ainsi la capella, une variété de fraises hybride créée sur place qui sent... la fraise, à pleine bouche.
"Un parfait équilibre entre le sucré et l'acidité" témoigne-t-il. Mais il se contente de 250 grammes de fruits par plant, quand les rendements dépassent les 800 grammes sur des fraises plus vulgaires, produites hors sol.
La contrainte est telle qu'en fraises de Plougastel (Bretagne), on ne compte plus aujourd'hui que cinq producteurs en pleine terre.
A côté d'Avignon, Vincent Libourel a tenté la tomate hors-sol une année: elles étaient "dures et sans goût".
Spécialisé désormais dans les variétés anciennes, de couleurs, il vient de rejoindre le réseau. "Mes rendements sont très bas, il faut passer tous les deux jours pour ramasser les fruits à point. Avec dix variétés différentes on n'a jamais la même taille ni la même maturité, faut avoir l'oeil" rit-il.
Pour le convaincre de le rejoindre, Renan Even a fait comme chaque fois: il s'est déplacé jusqu'à l'exploitation pour rencontrer le producteur, discuter, fixer un prix en tenant compte du travail et du coût de revient. "Toujours sur le haut du panier que le producteur ne s'essouffle pas", assure-t-il.
- Déjà 10.000 tonnes -
"On a banalisé les fruits et les légumes, tiré le produit vers le bas", regrette Ghislain Jean, producteur à Carpentras (Vaucluse), obstiné dans une "démarche qualité depuis 20 ans"
Pour lui, cela veut dire "en pleine terre et en pleine saison", quand "aujourd'hui, on trouve tout n'importe quand"...
Ses fraisiers, il les visite tous les jours, récolte 8 à 10 kilos de l'heure, contre plus du double en culture hors-sol.
"La médaille 3Couleurs nous aide à mettre en avant la différence", poursuit-il.
Il précise craindre "plus la concurrence de la fraise française de mauvaise qualité que celle d'Espagne: avec celle-là les gens savent ce qu'ils achètent. L'autre me porte préjudice".
Pour Renan Even, "valoriser le produit rend service à tout le monde: producteur, consommateur et distributeur".
Et ça marche même en peine crise de la nectarine concurrencée par sa voisine espagnole. "Depuis mars, on a écoulé 10.000 tonnes, tout confondu" compte-t-il avec des prix en moyenne 10% plus élevés. Parfois davantage.
Plusieurs enseignes le suivent: les Monoprix, trois plateformes Leclerc (Ile-de-France, l'Ouest et en Charentes/Deux-Sèvres), ainsi qu'une trentaine de magasins Auchan.
Surtout, la CLCV, l'association de consommateurs, qui vient de conduire une enquête sur l'absence de goût des fraises et des tomates en grandes surfaces, souhaite associer le réseau à ses dégustations, en commençant cet automne avec pommes et poires.
"On veut défendre des produits dont les qualités gustatives justifient qu'on paye plus cher. Et on veut que la grande distribution joue le jeu, en leur garantissant une place, et donc une chance", explique Renan Even, initiateur du réseau.
Aujourd'hui, 3Couleurs coordonne déjà plus de 110 producteurs de fruits et légumes - des asperges aux citrons de Menton - et mise sur un potentiel de 3.000 adhérents aux pratiques conformes à son cahier des charges.
Pour ce passionné d'agronomie qui connait bien les rayons fruits et légumes des grandes surfaces qu'il a pilotés pendant 15 ans, il est temps - et c'est encore possible, jure-t-il - de redonner aux producteurs un peu de fierté en expliquant au client "pourquoi c'est plus cher".
"L'objectif n'est pas de vendre 10 fois plus cher mais de faire comprendre le travail derrière le prix", souligne-t-il.
- Travailler plus, récolter moins -
La démarche est signalée par une médaille holographique, infalsifiable, qui garantit que les tomates ou les mirabelles appartiennent aux meilleures variétés et sont cueillies au meilleur moment, quand elles sont mûres.
Ce qui nécessite jusqu'à huit passages dans le verger contre un ou deux quand on récolte tout en même temps, souligne Renan Even.
Tous les producteurs contactés par l'AFP en témoignent. Chez eux, on travaille plus pour récolter moins qu'avec les variétés privilégiées par la profession pour leurs rendements et leur aptitude à se conserver plusieurs semaines.
Près de Nantes, à la Chapelle-sur-Erdre, Benoît Lopes cultive ainsi la capella, une variété de fraises hybride créée sur place qui sent... la fraise, à pleine bouche.
"Un parfait équilibre entre le sucré et l'acidité" témoigne-t-il. Mais il se contente de 250 grammes de fruits par plant, quand les rendements dépassent les 800 grammes sur des fraises plus vulgaires, produites hors sol.
La contrainte est telle qu'en fraises de Plougastel (Bretagne), on ne compte plus aujourd'hui que cinq producteurs en pleine terre.
A côté d'Avignon, Vincent Libourel a tenté la tomate hors-sol une année: elles étaient "dures et sans goût".
Spécialisé désormais dans les variétés anciennes, de couleurs, il vient de rejoindre le réseau. "Mes rendements sont très bas, il faut passer tous les deux jours pour ramasser les fruits à point. Avec dix variétés différentes on n'a jamais la même taille ni la même maturité, faut avoir l'oeil" rit-il.
Pour le convaincre de le rejoindre, Renan Even a fait comme chaque fois: il s'est déplacé jusqu'à l'exploitation pour rencontrer le producteur, discuter, fixer un prix en tenant compte du travail et du coût de revient. "Toujours sur le haut du panier que le producteur ne s'essouffle pas", assure-t-il.
- Déjà 10.000 tonnes -
"On a banalisé les fruits et les légumes, tiré le produit vers le bas", regrette Ghislain Jean, producteur à Carpentras (Vaucluse), obstiné dans une "démarche qualité depuis 20 ans"
Pour lui, cela veut dire "en pleine terre et en pleine saison", quand "aujourd'hui, on trouve tout n'importe quand"...
Ses fraisiers, il les visite tous les jours, récolte 8 à 10 kilos de l'heure, contre plus du double en culture hors-sol.
"La médaille 3Couleurs nous aide à mettre en avant la différence", poursuit-il.
Il précise craindre "plus la concurrence de la fraise française de mauvaise qualité que celle d'Espagne: avec celle-là les gens savent ce qu'ils achètent. L'autre me porte préjudice".
Pour Renan Even, "valoriser le produit rend service à tout le monde: producteur, consommateur et distributeur".
Et ça marche même en peine crise de la nectarine concurrencée par sa voisine espagnole. "Depuis mars, on a écoulé 10.000 tonnes, tout confondu" compte-t-il avec des prix en moyenne 10% plus élevés. Parfois davantage.
Plusieurs enseignes le suivent: les Monoprix, trois plateformes Leclerc (Ile-de-France, l'Ouest et en Charentes/Deux-Sèvres), ainsi qu'une trentaine de magasins Auchan.
Surtout, la CLCV, l'association de consommateurs, qui vient de conduire une enquête sur l'absence de goût des fraises et des tomates en grandes surfaces, souhaite associer le réseau à ses dégustations, en commençant cet automne avec pommes et poires.