Des excuses qui ne passent pas


Tahiti, le 23 mai 2024 – Ce jeudi, en comparution immédiate, un jeune homme de 29 ans a été entendu par le tribunal pour homicide involontaire après avoir fauché un motocycliste lors d'un dépassement forcé, dans une zone inappropriée, et sous l'effet de l'alcool et de l'ice. Si le prévenu s'est dit sincèrement désolé de son acte, ce dernier n'a, en revanche, pas eu la décence de se souvenir du nom de sa victime.
 
L'histoire se répète, encore et encore, mais les leçons ne se retiennent pas. Après tout, les drames, ça n'arrive qu'aux autres. C'est en tout cas ce que s'est dit un jeune homme de 29 ans, le 2 mars dernier, du côté de Papara, alors qu'il passait sa journée à boire et fumer avec ses copains. En effet, le soir pointant le bout de son nez, ce dernier fut réquisitionné par deux de ses amis pour les ramener en urgence du côté du centre-ville de Papeete afin d'apaiser une compagne en colère. Une mauvaise idée que les trois compères allaient très vite regretter.
 
Vers 21 heures, roulant à vive allure et de façon très hasardeuse, le prévenu et conducteur de la voiture a tenté un dépassement en ligne continue alors que d'autres véhicules étaient également à la manœuvre. Et si les autres voitures ont eu le temps de se rabattre, cela n'a pas été le cas du jeune conducteur qui s'est pris une moto arrivant d'en face. Un choc violent qui a projeté le motocycliste à plus de 25 mètres dans le décor et qui ne lui a laissé aucune chance de survie. Interrogé par les forces de l'ordre après l'accident, le prévenu a tenté de rejeter la faute sur le motocycliste, l'accusant de ne pas avoir de lumière. Hélas pour lui, l'ensemble des témoins présents lors de l'accident contredit cette version des faits.
 
“La moto avait ses feux allumés et n'avait aucune attitude anormale en termes de conduite contrairement à la voiture qui lui est rentrée dedans”, assure un des automobilistes présents lors du drame, tandis qu'un autre précise : “Celui qui a causé l'accident, il me collait déjà depuis plusieurs kilomètres et je voyais à sa façon de conduire et de zigzaguer qu'il était alcoolisé.” Acculé par les témoignages, le prévenu n'a eu de cesse de vouloir s'excuser devant le tribunal et la famille, tentant d'expliquer qu'il ne se souvenait de pas grand chose en raison de son état d'ébriété. Un prétexte qui n'a pas du tout plu au procureur de la République qui a martelé devant le tribunal les nombreux aspects “volontaires” de cet homicide involontaire : “La démarche de prendre la voiture malgré l'état d'ébriété était volontaire ; la volonté d'effectuer un dépassement aussi dangereux, alors que les circonstances ne le permettaient pas, était volontaire !”
 
“Je ne dors plus”
 
Du côté de la famille de la victime, pas d'apaisement possible : “Je ne dors plus. J'ai déjà perdu mon compagnon lors d'un accident de la route, et aujourd'hui c'est le tour de mon fils. Je ne peux plus dormir. Je veux que justice soit faite”, s'est exprimée douloureusement la mère de la victime. Et si le prévenu a bel et bien tenté de se faire pardonner, la démarche a vite été avortée lorsque la représentante de la partie civile lui a demandé : "Monsieur, vous souvenez vous au moins du nom de la victime ?” Ce à quoi le prévenu a avoué que non. Une douleur supplémentaire pour la mère du défunt qui a préféré sortir de la salle avant la fin de l'audience. La décision sera rendue le 30 mai prochain.

Rédigé par Wendy Cowan le Jeudi 23 Mai 2024 à 20:28 | Lu 4291 fois