Des drones sous-marins à la rescousse du boom de l'éolien offshore


Stefan JERREVANG / TT News Agency / AFP
Édimbourg, Royaume-Uni | AFP | jeudi 03/08/2022 - Dans un bassin à vagues d'un laboratoire d'Edimbourg, des ingénieurs observent, concentrés, un drone sous-marin remonter à la surface. Bientôt, l'appareil pourra partir en mer entretenir des parcs éoliens, une petite révolution pour un secteur en pleine expansion.

Pour cette équipe de scientifiques, qui a développé le "véhicule sous-marin téléguidé" (ROV) à l'université écossaise Heriot-Watt, l'appareil va bouleverser l'industrie. Il pourra en effet mener des opérations d'inspection et de maintenance sur les parcs éoliens offshores, des tâches jusqu'à présent risquées et coûteuses nécessitant des plongeurs.

Le gouvernement britannique a des projets très ambitieux pour développer l'éolien et ainsi réduire les émissions de CO2. Le potentiel de ce type d'énergie semble encore renforcé par l'envolée des prix des hydrocarbures en raison de l'invasion russe de l'Ukraine.

"Nous devons imaginer que dans 10, 15 ans, il y aura des centaines de parcs éoliens en mer, ce qui signifie des milliers de turbines le long des côtes britanniques", explique à l'AFP Yvan Petillot, professeur de robotique à l'université Heriot-Watt. "Il y a aussi l'hydrogène en train d'être développé" et souvent produit offshore.

"Ce que nous développons, ce sont des technologies à distance" avec lesquelles "les gens peuvent inspecter et entretenir ces parcs depuis la côte, sans mettre quiconque en danger", ajoute-t-il.

En mai, le drone équipé de capteurs a mené ce qui est considéré comme la première inspection autonome d'un parc éolien offshore.

L'appareil a été déployé dans le cadre d'un essai au sein du parc EDF de Blyth, dans le nord-est de l'Angleterre, et ce qu'il a filmé a permis aux scientifiques d'étudier l'état des fondations des turbines et des câbles immergés.

Par ailleurs, le drone a modélisé une reconstruction 3D de la partie immergée du parc, y recensant l'accumulation de micro-organismes, plantes et algues sur les turbines.

"Plus sûres et plus rapides" 

Si un problème est détecté, le ROV peut être déployé pour procéder aux réparations.

"Le système va d'abord faire une inspection autonome du fond marin et de sa structure, et construire un modèle 3D que quelqu'un, depuis la terre ferme, pourra étudier (pour) dire +il y a un problème ici+", explique M. Petillot.

"En règle générale, vous avez de la corrosion, il faut peut-être tourner une vanne, connecter un câble, changer une anode ou nettoyer la surface", énumère le professeur.

Maxime Duchet, ingénieur chez EDF, a indiqué dans un communiqué après l'essai en mer que les images et les modélisations collectées par le drone allaient grandement améliorer la conduite des opérations de maintenance sur le site.

Si d'autres essais sont nécessaires, notamment pour estimer le temps qu'il faut pour inspecter tout le parc, "il est clair avec ces résultats initiaux que cette technologie peut assurer des opérations plus sûres et plus rapides et réduire l'empreinte carbone" de l'entretien des parcs, a-t-il souligné.

Les ingénieurs, qui pilotent le drone avec une manette, affirment que l'appareil peut agir en autonomie la plupart du temps. S'il se coince ou se focalise trop sur un aspect de l'environnement qu'il étudie, un scientifique peut intervenir et le rediriger.

Pour M. Petillot, l'utilisation d'un drone pourrait permettre à plus de scientifiques de travailler sur l'entretien à distance des parcs alors qu'ils n'auraient pas forcément été prêts à travailler en mer.

L'entretien en mer est extrêmement difficile et risqué. Il est compliqué de trouver des plongeurs ou des pilotes qualifiés. Par contre, relève M. Petillot, il est plus facile de trouver quelqu'un pour contrôler un système comme s'il jouait à un jeu vidéo.

le Jeudi 4 Aout 2022 à 04:58 | Lu 466 fois