Des dizaines de milliers de Palestiniens fuient les combats dans la ville de Gaza


Des experts de l'ONU ont accusé mardi Israël de mener une "campagne de famine ciblée", qui a entraîné la mort d'enfants dans le territoire. Eyad BABA / AFP
Territoires palestiniens | AFP | mardi 09/07/2024 - L'armée israélienne a poursuivi mardi son offensive terrestre dans la ville de Gaza, qui a poussé des dizaines de milliers de Palestiniens à fuir, selon l'ONU, à la recherche d'un abri à travers le territoire palestinien assiégé.

Les troupes au sol, appuyées par des chars et des bombardements aériens, sont engagées dans d'intenses combats contre le Hamas et ses alliés dans cette ville du nord de la bande de Gaza, à la veille de nouvelles négociations au Qatar pour tenter d'avancer vers un cessez-le-feu associé à la libération d'otages.

Selon une source proche des négociations, les chefs de la CIA, William Burns, et des services de renseignement israélien, David Barnea, sont attendus mercredi à Doha pour rencontrer le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

Mardi, le chef du renseignement américain a fait étape au Caire pour rencontrer le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi.

Le mouvement islamiste Hamas, auteur de l'attaque lancée le 7 octobre contre Israël, qui a déclenché la guerre, a accusé lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, d'entraver les négociations indirectes menées par le Qatar, les Etats-Unis et l'Egypte.

Son chef politique, Ismaïl Haniyeh, a averti les médiateurs que "les massacres, les meurtres, les déplacements" commis dans la ville de Gaza et les "conséquences catastrophiques" des événements en cours pourraient "ramener les négociations à la case départ".

Selon la branche armée du Hamas, les combats dans la ville de Gaza sont "les plus intenses depuis des mois".

L'armée avait lancé le 27 juin une opération terrestre dans le secteur de Choujaïya, dans l'est de la ville, avant de l'étendre lundi aux quartiers du centre, où "des dizaines de milliers de personnes", selon l'ONU, ont été appelées à évacuer.

- "Qu'allons nous manger?" -

Le bureau des droits de l'homme de l'ONU s'est dit "consterné" mardi par ces ordres d'évacuation, qui poussent des déplacés à rejoindre des secteurs de l'ouest et du sud de la ville visés à leur tour, "où des civils se font tuer".

L'armée a annoncé mardi "poursuivre son opération antiterroriste dans la ville de Gaza", où des habitants ont signalé des tirs d'hélicoptères, "des explosions et de nombreuses fusillades" dans les quartiers sud-ouest.

Le bureau des droits de l'homme de l'ONU a souligné que Deir el-Balah, une localité située plus au sud vers laquelle les déplacés sont précisément invités à se rendre, était "déjà fortement surpeuplée de Palestiniens déplacés" et qu'il y avait "peu d'infrastructure et d'accès à l'aide humanitaire".

Deir el-Balah accueille aussi des civils qui ont fui le sud de la bande de Gaza, où l'armée a appelé à évacuer récemment de vastes secteurs de l'est de Rafah et de Khan Younès.

"La première question qui se pose chaque matin est la même, 'qu'allons-nous manger aujourd'hui?'", a raconté lundi une responsable de l'ONG Norwegian refugee council, Maysa Saleh, de retour de Deir el-Balah.

Des experts de l'ONU ont accusé mardi Israël de mener une "campagne de famine ciblée", qui a entraîné la mort d'enfants dans le territoire.

Pendant la nuit, l'armée a par ailleurs annoncé avoir frappé des "terroristes" utilisant "les structures d'une école dans la zone de Nousseirat", également dans le centre.

Au matin, des enfants et des secouristes fouillaient les décombres de l'école de l'Unrwa, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, selon des images de l'AFP.

- Des "points de divergence" -

La guerre a éclaté le 7 octobre, quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont lancé une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. 

Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes, selon l'armée israélienne.

En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

L'offensive israélienne dans la bande de Gaza a fait jusqu'à présent 38.243 morts, en majorité des civils, dont au moins 50 en 24 heures, selon le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.

Après des mois de négociations restées vaines, un responsable du Hamas a affirmé dimanche que son mouvement ne réclamait plus un cessez-le-feu permanent avant toute négociation sur une libération d'otages, une exigence qu'a toujours rejetée Israël. 

Le bureau de Benjamin Netanyahu a affirmé de son côté que "tout accord permettrait à Israël de se battre jusqu'à ce que tous les objectifs de la guerre soient atteints", dont la destruction du Hamas.

Selon un responsable palestinien, le Hamas doit participer aux prochaines négociations, malgré plusieurs "points de divergence".

Ceux-ci portent notamment sur le refus par Israël de libérer une centaine de prisonniers palestiniens condamnés à de lourdes peines et sur le retrait israélien, exigé par le Hamas, de secteurs de Rafah bordant l'Egypte.

le Mardi 9 Juillet 2024 à 05:25 | Lu 222 fois