PLOUZANÉ, 9 juin 2013 (AFP) - Les animaux peuvent-ils prédire les séismes ? Cette question, que la plupart des scientifiques jugent farfelue, mériterait cependant de faire l'objet de recherches, selon le sismologue Louis Geli, qui souligne l'importance de l'observation dans ce domaine.
"C'est impossible aujourd'hui d'avoir un financement sur cette question", regrette le directeur du département Géosciences marines de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), interrogé par l'AFP lors d'une récente conférence près de Brest, intitulée : "Un crapaud peut-il détecter un séisme ?"
Lors de son exposé, le sismologue a rappelé l'observation réalisée par une équipe de chercheurs britanniques, cinq jours avant le séisme survenu dans la ville italienne de L'Aquila le 6 avril 2009 (299 morts) : alors qu'ils observaient le processus de reproduction de crapauds, ils avaient constaté un changement brutal du comportement de ces amphibiens.
Les crapauds pourraient avoir été perturbés par des changements de composition des eaux, dus à des émanations de gaz survenant avant le séisme, explique M. Geli.
Cette découverte "devrait ouvrir des champs de recherche, mais c'est très difficile", regrette-t-il, soulignant "le coup de chance" de ces chercheurs qui étaient au bon moment, au bon endroit.
"C'est un peu le serpent qui se mord la queue, il n'y a pas de jeu de données probant, donc on ne sait pas par où commencer", explique le sismologue et géophysicien marin.
"En Occident, que ce soit aux Etats-Unis, en France ou en Angleterre, on rejette la recherche sur les signes précurseurs des séismes liés aux animaux", assure le spécialiste. "Les seuls qui s'y intéressent sont un peu considérés comme des marginaux".
L'histoire des crapauds de L'Aquila "fait beaucoup rire les gens et laisse complètement sceptiques les scientifiques", regrette ainsi l'expert.
"Comment expliquer cet aveuglement des scientifiques ?", demande un biologiste lors de la conférence suivie par plus de 150 personnes dans une salle de l'Ifremer à Plouzané, près de Brest.
Des animaux pris de panique
"C'est véritablement une question de culture", répond le conférencier, qui s'interroge sur la pertinence d'appliquer dans le cas présent le processus d'expérimentation scientifique consistant à formuler une hypothèse et mener une expérimentation afin de la vérifier. "Avant de chercher à comprendre pourquoi les animaux réagissent ou pas, ce qu'il faut, c'est d'abord observer", assure-t-il.
"En Orient, on est davantage sensible à la possibilité d'observer sans formuler des hypothèses", juge le spécialiste, auteur avec son épouse, Hélène Geli, journaliste et historienne, de l'ouvrage paru fin 2012 "Un crapaud peut-il détecter un séisme ?"
A la fin des années soixante, rappelle-t-il, des dizaines de milliers de paysans chinois avaient été recrutés pour observer le comportement des animaux - sensibles aux ondes - et tenter de prévenir les séismes. Certains ont rapporté avoir vu des souris et des serpents s'agiter à l'air libre comme fous, des chiens pousser des hurlements sauvages ou encore des chevaux et des vaches frapper les murs de leurs écuries et étables.
Avant le séisme de février 1975 à Haïcheng (nord-est de la Chine), des observateurs auraient rapporté que des centaines de serpents auraient interrompu leur hibernation, sortant de leur trou pour finalement mourir de froid. "On ne sait pas si les serpents sont sortis avant ou après la secousse", met en garde Louis Geli, jugeant cependant que "ces observations mériteraient d'être confirmées de manière scientifique".
"On fera progresser la connaissance si on travaille sur cette question du comportement des animaux en relation avec les fluides et les conditions environnementales", assure-t-il, expliquant qu'actuellement il n'est pas possible de les prédire, la surveillance des données telles que les secousses sismiques ou la modification des champs électromagnétiques ne suffisant pas à fournir un modèle fiable.
Entre 2004 et 2011, les séismes ont fait près de 700.000 victimes d'Haïti au Japon, en passant par l'Indonésie et le Pakistan.
"C'est impossible aujourd'hui d'avoir un financement sur cette question", regrette le directeur du département Géosciences marines de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), interrogé par l'AFP lors d'une récente conférence près de Brest, intitulée : "Un crapaud peut-il détecter un séisme ?"
Lors de son exposé, le sismologue a rappelé l'observation réalisée par une équipe de chercheurs britanniques, cinq jours avant le séisme survenu dans la ville italienne de L'Aquila le 6 avril 2009 (299 morts) : alors qu'ils observaient le processus de reproduction de crapauds, ils avaient constaté un changement brutal du comportement de ces amphibiens.
Les crapauds pourraient avoir été perturbés par des changements de composition des eaux, dus à des émanations de gaz survenant avant le séisme, explique M. Geli.
Cette découverte "devrait ouvrir des champs de recherche, mais c'est très difficile", regrette-t-il, soulignant "le coup de chance" de ces chercheurs qui étaient au bon moment, au bon endroit.
"C'est un peu le serpent qui se mord la queue, il n'y a pas de jeu de données probant, donc on ne sait pas par où commencer", explique le sismologue et géophysicien marin.
"En Occident, que ce soit aux Etats-Unis, en France ou en Angleterre, on rejette la recherche sur les signes précurseurs des séismes liés aux animaux", assure le spécialiste. "Les seuls qui s'y intéressent sont un peu considérés comme des marginaux".
L'histoire des crapauds de L'Aquila "fait beaucoup rire les gens et laisse complètement sceptiques les scientifiques", regrette ainsi l'expert.
"Comment expliquer cet aveuglement des scientifiques ?", demande un biologiste lors de la conférence suivie par plus de 150 personnes dans une salle de l'Ifremer à Plouzané, près de Brest.
Des animaux pris de panique
"C'est véritablement une question de culture", répond le conférencier, qui s'interroge sur la pertinence d'appliquer dans le cas présent le processus d'expérimentation scientifique consistant à formuler une hypothèse et mener une expérimentation afin de la vérifier. "Avant de chercher à comprendre pourquoi les animaux réagissent ou pas, ce qu'il faut, c'est d'abord observer", assure-t-il.
"En Orient, on est davantage sensible à la possibilité d'observer sans formuler des hypothèses", juge le spécialiste, auteur avec son épouse, Hélène Geli, journaliste et historienne, de l'ouvrage paru fin 2012 "Un crapaud peut-il détecter un séisme ?"
A la fin des années soixante, rappelle-t-il, des dizaines de milliers de paysans chinois avaient été recrutés pour observer le comportement des animaux - sensibles aux ondes - et tenter de prévenir les séismes. Certains ont rapporté avoir vu des souris et des serpents s'agiter à l'air libre comme fous, des chiens pousser des hurlements sauvages ou encore des chevaux et des vaches frapper les murs de leurs écuries et étables.
Avant le séisme de février 1975 à Haïcheng (nord-est de la Chine), des observateurs auraient rapporté que des centaines de serpents auraient interrompu leur hibernation, sortant de leur trou pour finalement mourir de froid. "On ne sait pas si les serpents sont sortis avant ou après la secousse", met en garde Louis Geli, jugeant cependant que "ces observations mériteraient d'être confirmées de manière scientifique".
"On fera progresser la connaissance si on travaille sur cette question du comportement des animaux en relation avec les fluides et les conditions environnementales", assure-t-il, expliquant qu'actuellement il n'est pas possible de les prédire, la surveillance des données telles que les secousses sismiques ou la modification des champs électromagnétiques ne suffisant pas à fournir un modèle fiable.
Entre 2004 et 2011, les séismes ont fait près de 700.000 victimes d'Haïti au Japon, en passant par l'Indonésie et le Pakistan.