Des blouses médicales rigolotes made in Tatutu


Le service pédiatrie du CHPF avec les représentants de l'Ordre de Malte. Tout à gauche, Swanee Joussin, cadre de santé du service de pédiatrie. Juste à côté, le docteur Jérôme Pasche, chef du service de pédiatrie du CHPF. En rouge au milieu, Florent Roy, délégué de l'Ordre de Malte France en Polynésie. À sa gauche, Chantal Laroussie, maître-tailleur. Tout à droite, le diacre Donald Chavez.
PAPEETE, le 9 novembre 2018 - C'est une opération de l'Ordre de Malte en faveur des enfants hospitalisés et du personnel du service de pédiatrie du CHPF, avec l'aide de deux apprentis-couturiers de la prison de Tatutu. Avec des tissus aux motifs rigolos, ils ont fabriqué des housses pour les coussins d'allaitement, des rideaux pour la salle de jeu et des blouses colorées pour le personnel soignant... Tout pour que les enfants malades se sentent plus à l'aise à l'hôpital.

Jeudi 8 novembre, le service pédiatrie du CHPF a reçu une série de trois rideaux pour la salle de jeu des enfants, dix housses pour les coussins d'allaitement et les premiers prototypes des nouvelles blouses qui habilleront les infirmières et aides-soignantes du service. Tous ces produits ont été fabriqués avec des tissus colorés ou aux motifs rigolos.

Ces deux prototypes de blouse ont été présentés aux soignants du service pédiatrie. L'un a des motifs qui représentent des singes, tandis que l'autre représente des hiboux. Chaque soignant aura ses blouses personnalisées. (à gauche le docteur Pasche, à droite Mme Joussin.
Swanee Joussin, cadre de santé du service de pédiatrie, était ravie de recevoir ces textiles. "C'est un très beau cadeau de l'Ordre de Malte. C'est nous qui leur avions demandé tout ça, parce que le personnel de pédiatrie a jugé utile et intéressant de changer de tenues par rapport à la prise en charge de l'enfant. Pour l'instant, elles travaillent avec des blouses blanches qui font peur à l'enfant. Mettre des blouses animées et colorées permet de rendre l'approche plus facile pour les soins. Nous avons fait des essais et il y a déjà des retours de la part des enfants et des familles qui sont tout à fait positifs. L'enfant à moins peur et participe aussi aux soins que l'infirmier ou l'aide-soignant prodigue à l'enfant. Et ça permet de discuter avec l'enfant, on peut faire une histoire avec la blouse. Là il y a des guitares, là il y a des petits singes... On aura tous une blouse différente ! La mienne ce sera des licornes !"

Le docteur Jérôme Pasche, chef du service de pédiatrie, confirme que "ces dessins et ces couleurs peuvent aider à distraire l'enfant, lui faire oublier les soins et la pénibilité de l'hospitalisation. Pour les familles aussi. Donc c'est vraiment une bonne idée, ça met plus de fantaisie et de couleurs, alors que jusqu'à maintenant c'était l'uniformité blanche dans le service, qui est assez impressionnante. Surtout quand trois blouses blanches entrent dans une petite pièce avec un enfant malade et ses parents..." Quand on lui demande si les docteurs vont aussi se prêter au jeu, le médecin semblait ouvert à l'idée : "je n'ai pas encore choisi le motif pour ma blouse (rire), mais je vais peut-être y venir, oui. Il y a des soignants du service qui y sont venus tout de suite, qui ont déjà testé ces blouses colorées. Et c'est certainement utile pour les enfants, en particulier ceux âgés entre 1 an et 10 ans."

SOLIDARITÉ ENTRE LES ENFANTS MALADES, L'ORDRE DE MALTE ET LES PRISONNIERS DE TATUTU

Ce beau projet est donc organisé par l'Ordre de Malte, une association caritative catholique bien implantée en Polynésie. Florent Roy, Le délégué de l'Ordre de Malte France en Polynésie, nous explique que "les housses pour les coussins d'allaitement avaient été demandées par le service de néo-natalité et ont été réalisées par des dames de l'Ordre de Malte, le tissus a été offert par une bienfaitrice. Les rideaux, avec encore du tissu offert par notre bienfaitrice, ont été réalisés par Chantal Laroussie, une maître-tailleur militaire qui réalise ce travail bénévolement. Et comme Chantal enseigne la couture aux pensionnaires de Tatutu, elle a réalisé deux blouses pour le personnel soignant, pour faire des prototypes et voir si les messieurs étaient capables de le faire... Et clairement ils en sont capables ! Donc maintenant c'est une centaine de blouses qui vont être réalisées par l'atelier. Sachant que ce n'est pas un atelier de production, c'est un atelier pédagogique pour que ces personnes apprennent le métier. Donc ils construisent et ils se reconstruisent, et auront un métier en sortant de la prison. Ce n'est pas une opération commerciale, mais le CHPF a accepté de payer la main d'œuvre, environ 350 francs par pièce, et de fournir le tissu."

Chantal Laroussie, la seule maître-tailleur de Polynésie, avec sa modèle
Chantal Laroussie, la seule maître-tailleur de Polynésie, nous explique sa démarche avec les prisonniers qu'elle forme : "pour eux c'est un ensemble de choses positives. C'est à la fois la création de quelque chose de concret, et c'est fabriquer des objets que les gens vont porter. Donc là toutes les pièces qu'ils ont réalisé vont pour les enfants ou seront portés par leurs soignants, donc ils sont super contents. Et ça leur fait une petite rémunération, donc ils en sont contents."

L'association est mobilisée pour le service pédiatrie et néo-nat depuis près d'un an et demi. Les bénévoles viennent régulièrement passer des après-midi avec les enfants malades. Avec les prisonniers de Tatutu, ils ont aussi fourni près de 300 couvertures pour les bébés, des caches couveuses... Pour Florent Roy, "l'Ordre de Malte est un ordre hospitalier, donc c'est un peu notre vocation d'aider les malades."

Et la collaboration entre l'association et les prisonniers en réinsertion va continuer. "La semaine prochaine nous envoyons 150 pareo vers la maternité de l'hôpital de Cotonou au Bénin, financé par des bienfaiteurs locaux et réalisé par Tatutu. Ils vont aussi réaliser 10 cache-couveuses qui vont partir à Bethléem, à la maternité de la Sainte-Famille de l'Ordre de Malte."

Cette œuvre bénévole correspond parfaitement aux missions de l'Ordre de Malte selon le diacre Donald Chavez, "âme spirituelle" de l'association. Il nous explique que "l'Ordre de Malte est millénaire, il a été institué à l'époque des croisades pour accueillir les croisés et est devenu un ordre hospitalier. C'est ça qu'en Polynésie l'Ordre fait beaucoup d'actions en faveur de l'hôpital, mais pas seulement. Nous organisons un repas à la cathédrale pour les SDF toutes les deux semaines. Nous avons aussi une petite activité au niveau du centre pénitentiaire de Tatutu, on aide ces prisonniers à la fois à apprendre un travail et à se faire un petit pécule."

Blouse médicale pour le service pédiatrie, collection saison chaude 2018-2019.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Vendredi 9 Novembre 2018 à 11:47 | Lu 3022 fois