L'îlot de Teuaua est particulièrement difficile d'accès : un paradis pour les oiseaux de mer, qui est désormais débarrassé de sa principale menace, le rat noir.
PAPEETE, le 19 février 2019 - Pour protéger une colonie de 90 000 sternes fuligineuses aux Marquises de la menace du rat noir, quatre associations de protection de l'environnement, polynésiennes et internationales, ont uni leurs efforts pour éliminer le rat de l'îlot Teuaua, situé près des côtes de Ua Huka.
Le rat noir est une vraie plaie pour nos oiseaux sauvages. Ils dévorent les œufs et les poussins dans les nids, exterminent les plantes indigènes, et mettent en danger la survie même de nos espèces endémiques. Les associations de protection des oiseaux Société d'Ornithologie de Polynésie (SOP Manu), Island Conservation, BirdLife International et l'Association Vaiku'a i te manu o Ua Huka ont donc lancé un projet ambitieux de dératisation dans plusieurs îles et îlots aux Marquises.
Teuaua héberge la plus grande colonie d'oiseaux marins de Polynésie, qui rassemble 90 000 sternes fuligineuses. C'est donc par cet îlot dépendant de la commune de Ua Huka que les associations ont décidé d'entamer leur grand projet. Et les résultats viennent d'être publiés : après le traitement effectué en mai-juin 2017, le site est désormais déclaré totalement débarrassé du rat noir.
Le rat noir est une vraie plaie pour nos oiseaux sauvages. Ils dévorent les œufs et les poussins dans les nids, exterminent les plantes indigènes, et mettent en danger la survie même de nos espèces endémiques. Les associations de protection des oiseaux Société d'Ornithologie de Polynésie (SOP Manu), Island Conservation, BirdLife International et l'Association Vaiku'a i te manu o Ua Huka ont donc lancé un projet ambitieux de dératisation dans plusieurs îles et îlots aux Marquises.
Teuaua héberge la plus grande colonie d'oiseaux marins de Polynésie, qui rassemble 90 000 sternes fuligineuses. C'est donc par cet îlot dépendant de la commune de Ua Huka que les associations ont décidé d'entamer leur grand projet. Et les résultats viennent d'être publiés : après le traitement effectué en mai-juin 2017, le site est désormais déclaré totalement débarrassé du rat noir.
Pour Tehani Withers, gestionnaire du projet pour la SOP Manu, c'est un immense succès : "les deux îles, Teuaua et l’îlot voisin Hemeni aussi indemne de rats, forment ensemble un habitat essentiel pour la reproduction des oiseaux marins et offrent l'aperçu d’un écosystème côtier riche, un environnement autrefois prédominant aux Marquises. Les oiseaux de mer, souvent appelés les ingénieurs d’écosystèmes, sont essentiels au bon fonctionnement de ces derniers. Ils améliorent la fertilité des sols insulaires en transférant les nutriments marins au milieu terrestre. Ces nutriments se déversent ensuite dans l’écosystème marin par le biais de processus d’altération naturelle des sols, enrichissant les eaux environnantes, augmentant la productivité des coraux ainsi que la croissance et l’abondance des poissons."
Steve Cranwell, gestionnaire du Programme international des oiseaux de mer du Pacifique pour BirdLife, espère que la restauration de l'écosystème de Teuaua se fera naturellement : "nous sommes optimistes sur le fait que les oiseaux marins autrefois présents reviendront nicher sur ce site, maintenant que leur habitat est indemne de rats, ce qui permettrait d’accroitre la diversité des oiseaux marins et de protéger les espèces menacées, dont l’océanite à gorge blanche (Pita’e en langue marquisienne)."
300 MILLIONS DE FRANCS POUR DÉRATISER SIX AUTRES ÎLES
Jason Zito, spécialiste des projets de restauration à Island Conservation, regarde désormais vers l'avenir, en particulier la dératisation de nouvelles îles : "le projet de Teuaua démontre qu’il est possible d’éliminer les rats envahissants introduits aux Marquises. La restauration de cet îlot en particulier est considérée comme une étape importante vers la mise en place des projets de restauration sur des sites beaucoup plus vastes et complexes : Hatuta'a, Mohotani, Hatu Iti, Motu Oa, Motu Takahe et Fatu Uku. La restauration de Hatuta'a et Mohotani en particulier améliorerait les conditions de quatre espèces d’oiseaux terrestres et de deux espèces d’oiseaux de mer, toutes en voie de disparition aux Marquises."
Steve Cranwell, gestionnaire du Programme international des oiseaux de mer du Pacifique pour BirdLife, espère que la restauration de l'écosystème de Teuaua se fera naturellement : "nous sommes optimistes sur le fait que les oiseaux marins autrefois présents reviendront nicher sur ce site, maintenant que leur habitat est indemne de rats, ce qui permettrait d’accroitre la diversité des oiseaux marins et de protéger les espèces menacées, dont l’océanite à gorge blanche (Pita’e en langue marquisienne)."
300 MILLIONS DE FRANCS POUR DÉRATISER SIX AUTRES ÎLES
Jason Zito, spécialiste des projets de restauration à Island Conservation, regarde désormais vers l'avenir, en particulier la dératisation de nouvelles îles : "le projet de Teuaua démontre qu’il est possible d’éliminer les rats envahissants introduits aux Marquises. La restauration de cet îlot en particulier est considérée comme une étape importante vers la mise en place des projets de restauration sur des sites beaucoup plus vastes et complexes : Hatuta'a, Mohotani, Hatu Iti, Motu Oa, Motu Takahe et Fatu Uku. La restauration de Hatuta'a et Mohotani en particulier améliorerait les conditions de quatre espèces d’oiseaux terrestres et de deux espèces d’oiseaux de mer, toutes en voie de disparition aux Marquises."
Commencer par Teuaua était indispensable pour acquérir l'expertise logistique nécessaire à la suite de ce projet. Jason Zito décrit les difficultés que les associations ont rencontrées en traitant l'îlot : "le transport des personnes, du matériel et de l’équipement a été un défi permanent. À chaque débarquement, il a fallu sauter d’un bateau en mouvement, grimper à une corde pour atteindre un rebord rocheux d’un mètre de largeur, et ensuite escalader une falaise verticale de 10 mètres de haut pour accéder au plateau de l’île. (...) Une fois sur le plateau, il n’y a eu aucun répit avec les bombardements de fientes et les crissements des milliers de Sternes fuligineuses qui nous empêchaient de nous entendre ou même de penser."
Maintenant que Teuaua est indemne des rats, une opération financée par BirdLife et Island Conservation, les associations préparent désormais la restauration de six autres îles inhabitées des Marquises. Pour ce faire, elles cherchent le montant estimatif de 3 millions USD (318 millions de francs), requis pour mettre en œuvre ce projet. Il nécessitera un navire de soutien et un hélicoptère... Comme lors de la précédente action d'envergure de ces associations : la dératisation de six atolls des Actéons-Gambier en 2015, déjà par la SOP Manu, BirdLife et Island Conservation. Ce projet avait alors coûté 100 millions de francs.
(Crédit photos : Island Conservation)
Maintenant que Teuaua est indemne des rats, une opération financée par BirdLife et Island Conservation, les associations préparent désormais la restauration de six autres îles inhabitées des Marquises. Pour ce faire, elles cherchent le montant estimatif de 3 millions USD (318 millions de francs), requis pour mettre en œuvre ce projet. Il nécessitera un navire de soutien et un hélicoptère... Comme lors de la précédente action d'envergure de ces associations : la dératisation de six atolls des Actéons-Gambier en 2015, déjà par la SOP Manu, BirdLife et Island Conservation. Ce projet avait alors coûté 100 millions de francs.
(Crédit photos : Island Conservation)
L'importance culturelle de Teuaua
La récolte des œufs de kaveka est une pratique ancestrale aux Marquises. Maintenant que la colonie d'oiseaux de mer est protégée du terrible prédateur qu'est le rat, la tradition pourra perdurer dans le temps.
Teuaua est un site culturel important pour la communauté de Ua Huka. Les œufs des sternes fuligineuses (kaveka en langue marquisienne) sont récoltés une à deux fois par an et, d’après les dires des habitants, c’est la présence de fruits sur les tumu 'uru (arbres à pain) de Ua Huka qui indique que les sternes vont pondre. Cette pratique perd de sa popularité puisque les nouvelles générations consomment de plus en plus d’aliments importés en provenance de Papeete. Cependant, il est tout de même important pour la population locale de disposer d’une ressource alimentaire en cas de pénurie d’approvisionnement. La récolte des œufs de kaveka est en outre une pratique culturelle marquisienne qui existe depuis des décennies et fait partie intégrante du patrimoine polynésien.
Qui sont les associations au cœur de cet ambitieux projet ?
La Société d’Ornithologie de Polynésie - Manu est une des deux plus grosses associations de protection de l'environnement Polynésie. Elle a pour objectif la protection des oiseaux de Tahiti et de ses îles ainsi que la préservation de leurs habitats. C'est un groupe d’ornithologues amateurs enthousiastes qui a fondé cette association non gouvernementale et sans but lucratif en juillet 1990.
BirdLife International est une ONG d'envergure mondiale. Elle est le fruit du partenariat entre des organisations de conservation qui s’efforcent de préserver les oiseaux, leurs habitats et la biodiversité mondiale en travaillant avec les communautés locales afin qu’il y ait une utilisation durable des ressources naturelles. "Ensemble, nous sommes 121 partenaires BirdLife dans le monde – un par pays ou territoire – et nous sommes en croissance. Nous sommes animés par notre conviction que les communautés locales, travaillant pour la nature dans leurs pays, mais connectées aux niveaux national et international par le biais de notre partenariat mondial, sont la clé du maintien de toute vie sur cette planète. Cette approche unique de locale à globale a un impact important et permet la mise en place de projets de conservation à long terme, pour le profit de la nature et des hommes" explique l'organisation. BirdLife est largement reconnu comme le leader mondial de la conservation des oiseaux.
Island Conservation est la seule organisation mondiale sans but lucratif de conservation dont l’objectif est d’empêcher les extinctions des espèces indigènes et ou endémiques en retirant les espèces envahissantes des îles. "Nous travaillons où la biodiversité et le risque d’extinction des espèces sont les plus importants – les îles. L’élimination d’une menace principale – les vertébrés envahissants – est l’une des interventions les plus critiques pour la sauvegarde des plantes et des animaux menacés et la restauration des écosystèmes insulaires. Une fois les espèces envahissantes éliminées, les espèces insulaires et les écosystèmes indigènes peuvent se rétablir, souvent avec peu d’interventions supplémentaires. Depuis 1994, IC et ses partenaires ont réussi à restaurer 63 îles dans le monde, bénéficiant à 1173 populations de 468 espèces et sous-espèces."
Vaiku’a i te manu o Ua Huka est une association créée en 2014 par les habitants de Ua Huka pour préserver la biodiversité de leur île et des îlots dépendants. Elle gère en particulier un ambitieux programme de biosécurité, à l'aide du chien chasseur de rats nommé Dora.
BirdLife International est une ONG d'envergure mondiale. Elle est le fruit du partenariat entre des organisations de conservation qui s’efforcent de préserver les oiseaux, leurs habitats et la biodiversité mondiale en travaillant avec les communautés locales afin qu’il y ait une utilisation durable des ressources naturelles. "Ensemble, nous sommes 121 partenaires BirdLife dans le monde – un par pays ou territoire – et nous sommes en croissance. Nous sommes animés par notre conviction que les communautés locales, travaillant pour la nature dans leurs pays, mais connectées aux niveaux national et international par le biais de notre partenariat mondial, sont la clé du maintien de toute vie sur cette planète. Cette approche unique de locale à globale a un impact important et permet la mise en place de projets de conservation à long terme, pour le profit de la nature et des hommes" explique l'organisation. BirdLife est largement reconnu comme le leader mondial de la conservation des oiseaux.
Island Conservation est la seule organisation mondiale sans but lucratif de conservation dont l’objectif est d’empêcher les extinctions des espèces indigènes et ou endémiques en retirant les espèces envahissantes des îles. "Nous travaillons où la biodiversité et le risque d’extinction des espèces sont les plus importants – les îles. L’élimination d’une menace principale – les vertébrés envahissants – est l’une des interventions les plus critiques pour la sauvegarde des plantes et des animaux menacés et la restauration des écosystèmes insulaires. Une fois les espèces envahissantes éliminées, les espèces insulaires et les écosystèmes indigènes peuvent se rétablir, souvent avec peu d’interventions supplémentaires. Depuis 1994, IC et ses partenaires ont réussi à restaurer 63 îles dans le monde, bénéficiant à 1173 populations de 468 espèces et sous-espèces."
Vaiku’a i te manu o Ua Huka est une association créée en 2014 par les habitants de Ua Huka pour préserver la biodiversité de leur île et des îlots dépendants. Elle gère en particulier un ambitieux programme de biosécurité, à l'aide du chien chasseur de rats nommé Dora.