Des «archéo-Robinson» en mission de 100 jours à Eiao


Michel Charleux à Eiao, lors d'une précédente mission archéologique (Crédit photo : Fred Jacq).
PAPEETE, mercredi 6 février 2013. Sur l’île déserte d’Eiao aux Marquises, sont menées depuis 1987, des missions de recherches archéologiques sur un site de production d’herminettes. Une équipe de quatre personnes est en partance pour une mission qui durera trois mois. Des cartons, du matériel prêt à partir depuis les locaux du service du patrimoine du Pays. Pour l’instant, la prochaine mission de Michel Charleux, la 7e à Eiao depuis 1987, se calibre en poids et en volume : 4 tonnes au total de matériel que la marine nationale prendra en charge la semaine prochaine.

Destination : Eiao, une île déserte des îles Marquises où Michel Charleux va poursuivre ses recherches archéologiques sur un site important de production d’herminettes en basalte. «Là-haut c’était une véritable industrie» précise Michel Charleux, ancien enseignant à la retraite et archéologue passionné. A 500 mètres d’altitude, le gisement de basalte, fut le site de multiples ateliers de fabrication d’outils qui auraient été installés il y a 800 à 900 ans. Jusqu’à l’arrivée des Européens, au moins, Eiao aurait ainsi produit une quantité impressionnante d’herminettes. L’archéologue en a pour preuves des amas d’éclats de pierre de plusieurs mètres de haut. Autour des tailleurs de pierre, des familles entières vivaient-là, puisqu’un site d’habitation de près de 1000m2 a été repéré. Mais à la «découverte» d’Eiao par les Européens, en 1791, l’île était déjà déserte. Elle l’est encore aujourd’hui, car cet ancien volcan ne dispose que de très peu d’eau douce et ses pentes abruptes sont redoutables, sa végétation épineuse, un véritable rempart contre les intrusions. Depuis la rive, il faut plusieurs heures de marche pour arriver sur le site archéologique. Les quatre tonnes de matériel seront déposées par un hélicoptère de la marine.

C’est dans ce milieu hostile que Michel Charleux s’embarque pour une centaine de jours
. Avec lui, 7 autres personnes sont de l’aventure, trois bénévoles qui ne resteront qu’une dizaine de jours, le temps d’installer le bivouac ; et trois Marquisiens qui l’assisteront, eux, durant tous les travaux de relevés. Le but de cette expédition: tenter de retrouver les gestes effectués par ces tailleurs d’herminettes. Michel Charleux a repéré un atelier resté presque en l’état. «Ce ne sont que quelques mètres carrés avec des rangées d’éclats de pierre disposés en cercle». L’entreprise folle consistera à tenter de reconstituer le puzzle. Durant 100 jours, pour ces quatre hommes, la vie de Robinson, avec un peu de confort moderne : des tentes, un abri refuge pour le matériel, une pharmacie complète, de la nourriture et de l’eau minérale en pagaille (dont quelques douceurs pour le moral), et pour l’énergie, un kit de panneaux solaires, capables d’alimenter les batteries des ordinateurs, téléphone satellite, GPS et l’éclairage du campement. Ils devraient être installés dès le 21 février, le retour est prévu début juin. Entre temps, Michel Charleux aura peut-être mis à jour, les gestes ancestraux des tailleurs de pierre.


4 tonnes de matériel prêt à être expédié. Cette mission archéologique est soutenue par : la Marine nationale, le Criobe, le service du patrimoine du Pays, la mairie de Nuku Hiva, la communauté de communes des Marquises, les laboratoires Biogaran, Polymat (Moorea), Copa, supermarché Are, Tiki tea, Gaz de Tahiti, Vaimato, Eico. Elle reste en attente de subventions des ministères de la culture du Pays et de l’Etat.

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 6 Février 2013 à 17:16 | Lu 1603 fois