Paris, France | AFP | jeudi 28/11/2024 - "Quelle bonne idée!": mère d'une adolescente de 15 ans qui a connu "une descente aux enfers", Gaëlle salue l'adoption par l'Australie d'une loi interdisant les réseaux sociaux aux moins de 16 ans, une mesure envisagée par d'autres pays après des alertes lancées par des familles et des associations.
Si d'autres parents français plaident davantage pour l'avènement de réseaux sociaux plus "éthiques", Gaëlle semble convaincue par l'exemple australien. Sa fille, sortie de l'hôpital il y a quelques mois, a tenté de mettre fin à ses jours et a souffert d'anorexie.
La législation pionnière promue par le Premier ministre australien Anthony Albanese obligera les plateformes telles que X, TikTok, Facebook et Instagram à prendre des mesures pour empêcher les moins de 16 ans d'y accéder, sans préciser comment mettre cette interdiction en place.
Alors qu'environ 84% des filles et 82% des garçons de 11 ans en Europe, Asie centrale et au Canada sont des utilisateurs de réseaux sociaux, selon des chiffres récoltés entre 2021 et 2022 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la Norvège a par exemple fixé un âge minimal de 13 ans pour s'y connecter.
L'Espagne a, elle, présenté en juin un projet de loi avec un seuil fixé à 16 ans, sans toutefois avoir trouvé de moyen de contrôle efficace,. En France, une loi votée en juin 2023 a instauré une "majorité numérique" à 15 ans mais cette dernière n'est pas entrée en vigueur, faute de décret d'application dans l'attente d'une réponse de la Commission européenne.
Fin septembre, l'OMS a tiré la sonnette d'alarme au sujet d'une utilisation de plus en plus "problématique" des réseaux chez les jeunes Européens, avec des symptômes semblables à ceux d'une addiction.
- Assignation -
Morgane, une autre mère de famille française de 50 ans, a découvert les contenus macabres qui proliféraient sur le fil TikTok de sa fille plusieurs mois après que celle-ci a commencé à enchaîner les séjours à l'hôpital pour des risques suicidaires.
Cette dernière, aujourd'hui âgée de 17 ans, se souvient avoir vu défiler sur son écran de smartphone "des conseils sur comment faire des scarifications profondes, quel médicament utiliser pour en finir, quel aliment était sain pour perdre du poids rapidement".
"Je ne me rendais pas compte que quand je +likais+ (ces publications), j'alimentais l'algorithme", regrette-t-elle.
Accompagnées par l'avocate Laure Boutron-Marmion, Gaëlle et Morgane ont pris part à l'assignation en justice en France de TikTok, qu'elles accusent d'avoir mis en avant des contenus pouvant pousser leurs filles au suicide.
Au total, sept familles réunies au sein du collectif Algos Victima veulent faire reconnaître la responsabilité du réseau social et de son algorithme.
L'application indique, de son côté, supprimer les contenus qui évoquent un acte ou une tentative de suicide, interdits.
- Addiction -
Les appels au 3018, un numéro français dédié aux victimes de harcèlement, cyber-harcèlement et violences numériques, témoignent aussi des dégâts des réseaux sociaux lorsque ceux-ci deviennent le vecteur de pressions sur des adolescents.
Selon le rapport 2023 de l'association E-enfance, qui gère ce numéro, 72% des appels pour des cyberviolences concernaient cette année-là du chantage à la vidéo ou à la photo intime, des pratiques souvent facilitées par des prises de contact en ligne.
Et les effets néfastes des réseaux sociaux peuvent aussi découler d'une utilisation intensive, signale la psychologue et thérapeute familiale Sabine Duflo.
A l'hôpital Daumezon de Fleury-les-Aubrais (Loiret), elle accueille depuis septembre des adolescents en proie à une addiction aux écrans.
"Quand vous avez des taux de consultation (des réseaux sociaux) qui sont supérieurs à 15 heures par jour, cela impacte le sommeil, vous dormez moins et moins bien (...) les effets sur la santé sont multiples : sur la concentration, l'humeur, l'apprentissage", explique-t-elle.
Si ces comportements peuvent aussi se répandre chez les adultes, l'âge des adolescents constitue un facteur de fragilité, souligne-t-elle.
"Je veux voir les enfants loin de leurs écrans et (plutôt) sur les terrains de foot, dans les piscines et sur les courts de tennis", avait insisté le Premier ministre australien pour défendre son projet de loi.
Si d'autres parents français plaident davantage pour l'avènement de réseaux sociaux plus "éthiques", Gaëlle semble convaincue par l'exemple australien. Sa fille, sortie de l'hôpital il y a quelques mois, a tenté de mettre fin à ses jours et a souffert d'anorexie.
La législation pionnière promue par le Premier ministre australien Anthony Albanese obligera les plateformes telles que X, TikTok, Facebook et Instagram à prendre des mesures pour empêcher les moins de 16 ans d'y accéder, sans préciser comment mettre cette interdiction en place.
Alors qu'environ 84% des filles et 82% des garçons de 11 ans en Europe, Asie centrale et au Canada sont des utilisateurs de réseaux sociaux, selon des chiffres récoltés entre 2021 et 2022 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la Norvège a par exemple fixé un âge minimal de 13 ans pour s'y connecter.
L'Espagne a, elle, présenté en juin un projet de loi avec un seuil fixé à 16 ans, sans toutefois avoir trouvé de moyen de contrôle efficace,. En France, une loi votée en juin 2023 a instauré une "majorité numérique" à 15 ans mais cette dernière n'est pas entrée en vigueur, faute de décret d'application dans l'attente d'une réponse de la Commission européenne.
Fin septembre, l'OMS a tiré la sonnette d'alarme au sujet d'une utilisation de plus en plus "problématique" des réseaux chez les jeunes Européens, avec des symptômes semblables à ceux d'une addiction.
- Assignation -
Morgane, une autre mère de famille française de 50 ans, a découvert les contenus macabres qui proliféraient sur le fil TikTok de sa fille plusieurs mois après que celle-ci a commencé à enchaîner les séjours à l'hôpital pour des risques suicidaires.
Cette dernière, aujourd'hui âgée de 17 ans, se souvient avoir vu défiler sur son écran de smartphone "des conseils sur comment faire des scarifications profondes, quel médicament utiliser pour en finir, quel aliment était sain pour perdre du poids rapidement".
"Je ne me rendais pas compte que quand je +likais+ (ces publications), j'alimentais l'algorithme", regrette-t-elle.
Accompagnées par l'avocate Laure Boutron-Marmion, Gaëlle et Morgane ont pris part à l'assignation en justice en France de TikTok, qu'elles accusent d'avoir mis en avant des contenus pouvant pousser leurs filles au suicide.
Au total, sept familles réunies au sein du collectif Algos Victima veulent faire reconnaître la responsabilité du réseau social et de son algorithme.
L'application indique, de son côté, supprimer les contenus qui évoquent un acte ou une tentative de suicide, interdits.
- Addiction -
Les appels au 3018, un numéro français dédié aux victimes de harcèlement, cyber-harcèlement et violences numériques, témoignent aussi des dégâts des réseaux sociaux lorsque ceux-ci deviennent le vecteur de pressions sur des adolescents.
Selon le rapport 2023 de l'association E-enfance, qui gère ce numéro, 72% des appels pour des cyberviolences concernaient cette année-là du chantage à la vidéo ou à la photo intime, des pratiques souvent facilitées par des prises de contact en ligne.
Et les effets néfastes des réseaux sociaux peuvent aussi découler d'une utilisation intensive, signale la psychologue et thérapeute familiale Sabine Duflo.
A l'hôpital Daumezon de Fleury-les-Aubrais (Loiret), elle accueille depuis septembre des adolescents en proie à une addiction aux écrans.
"Quand vous avez des taux de consultation (des réseaux sociaux) qui sont supérieurs à 15 heures par jour, cela impacte le sommeil, vous dormez moins et moins bien (...) les effets sur la santé sont multiples : sur la concentration, l'humeur, l'apprentissage", explique-t-elle.
Si ces comportements peuvent aussi se répandre chez les adultes, l'âge des adolescents constitue un facteur de fragilité, souligne-t-elle.
"Je veux voir les enfants loin de leurs écrans et (plutôt) sur les terrains de foot, dans les piscines et sur les courts de tennis", avait insisté le Premier ministre australien pour défendre son projet de loi.