Dernière ligne droite pour les producteurs


Cette reconnaissance officielle viendrait soutenir le développement de la filière. Crédit : Tamure Rhum.
Tahiti, le 8 décembre 2024 – Les planteurs de canne à sucre se sont réunis vendredi, à Taha’a. Au terme de cinq années de travail, le syndicat des producteurs de rhum agricole de Polynésie française remettra le dossier d’Indication géographique protégée (IGP) au ministère de l’Agriculture, avant la fin de l’année. Une reconnaissance qui devrait permettre, si elle aboutit, de développer la filière à l’export.

 
Vendredi, l’association des planteurs de canne à sucre s’est réunie en assemblée générale, à Taha’a. L’île totalise à elle seule plus d’une vingtaine d’hectares de canne à sucre pour une quarantaine de producteurs, sur les 70 hectares recensés au Fenua.
 
Le syndicat des producteurs de rhum agricole de Polynésie française, qui regroupe cinq distilleries primées, était présent pour continuer à fédérer un maximum d’acteurs du secteur. Depuis sa création, il y a cinq ans, ses membres se mobilisent en faveur du développement de la filière, en mettant plus particulièrement l’accent depuis deux ans sur la procédure d’obtention de l’Indication géographique protégée (IGP).
 

Un atout pour l’export


“D’ici la fin de l’année, on va déposer notre dossier d’IG à la direction de l’Agriculture, qui a délégation de compétence pour pouvoir la reconnaître localement, avec une validation en conseil des ministres”, annonce le président du syndicat, Marotea Vitrac, qui espère que la demande pourra “aboutir début 2025”. Un cahier des charges commun a été élaboré pour garantir des normes de production et de transformation (variétés ancestrales de canne à sucre, première presse, distillation simple, etc.). Il est associé à un plan de contrôle d’un organisme de certification.
 
Ces critères sont un gage de qualité, mais aussi de plus-value. “La démarche est très simple : nos confrères antillais, quand ils ont créé leur Appellation d’origine contrôlée il y a une vingtaine d’années, ils ont doublé leur volume à l’export. Notre objectif, d’ici cinq à dix ans, c’est de monter à 150 ou 200 hectares et, à plus long terme, d’atteindre 1.000 hectares et 3.000 emplois en Polynésie, avec une vraie filière et une garantie de qualité pour les consommateurs”, ambitionne le président du syndicat.
 
Marotea Vitrac voit loin, prêt à aborder l’étape suivante : “Avec l’IG, on pourra solliciter l’INAO, c’est-à-dire l’Institut national de l’origine et de la qualité, pour faire modifier le code des boissons spiritueuses de la communauté européenne. On pourra alors appeler nos produits ‘Rhum de Polynésie française’ pour les valoriser en tant que tels à l’export.”
 

Planteurs de canne à sucre et producteurs de rhum se mobilisent pour l’obtention de l’Indication géographique protégée. Crédit : DR.

Un film à l’appui

Pour retracer son parcours et présenter les enjeux de sa démarche, le syndicat des producteurs de rhum agricole a commandé la réalisation d’un film-documentaire de 52 minutes, avec le soutien de financements publics. Il sera présenté en avant-première au Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec), ainsi qu’au Mondial du rhum, à Paris, en février prochain. Il sera également diffusé auprès des compagnies Air Tahiti Nui et Aranui, et sur les deux chaînes de télévision locales et France Télévisions

Qu’est-ce que l’IGP ?

Selon l’INAO et le ministère national de l’Économie, l’indication géographique protégée (IGP) identifie un produit agricole, brut ou transformé, dont la qualité, la réputation ou d’autres caractéristiques sont liées à son origine géographique. L’IGP s’applique aux secteurs agricoles, agroalimentaires et viticoles. C’est un signe européen qui protège le nom du produit dans toute l’Union européenne. Pour prétendre à l’obtention de ce signe, une étape au moins de la production, de la transformation ou de l’élaboration de ce produit doit avoir lieu dans l’aire géographique délimitée. L’IGP repose par ailleurs sur la notion de savoir-faire. Elle consacre une production existante et lui confère une protection à l’échelle nationale, mais aussi internationale. C’est le cas du jambon de Bayonne, du foie gras de canard du Sud-Ouest ou encore des moules de Bouchot.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Dimanche 8 Décembre 2024 à 19:09 | Lu 1495 fois