Crédit Chantal Briand / AFP
Le Gosier, France | AFP | jeudi 04/12/2024 - "On est sur une page blanche": maire de Miquelon-Langlade, une des deux communes de Saint-Pierre-et-Miquelon dans l'Atlantique nord, Franck Detcheverry doit gérer le déménagement inédit de son village confronté tout à la fois à l'augmentation des phénomènes climatiques extrêmes, à la montée des eaux et à un affaissement du sol.
Dans les années à venir, la quasi-totalité du village sera déplacée pour éviter une inévitable submersion. Alors que nombre de communes sont menacées par l'érosion côtière, "on est un laboratoire pour les autres territoires", estime l'édile, rencontré en marge du congrès de l'Association nationale des élus des littoraux (Anel), en Guadeloupe.
QUESTION: Pourquoi le déménagement du village de Miquelon est-il devenu nécessaire ?
REPONSE: "Le village subit les affres du dérèglement climatique en le soumettant au risque submersion. Quand j'étais enfant, on voyait des icebergs, qui formaient des falaises de plusieurs mètres de haut protégeant le littoral de la houle. Désormais, cette glace n'est plus là et la protection qu'elle offrait non plus. De plus, la lithosphère (la croûte externe de la Terre, ndlr) s'enfonce dans l'eau à raison d'un centimètre par an. Et on subit désormais des tempêtes post-tropicales."
Q: A quel moment avez-vous pris conscience de la situation ?
R: "En 2014, le président François Hollande s'est déplacé sur l'archipel: il a annoncé la mise en place d'un plan de prévention des risques littoraux (PPRL) par l'Etat. Et en voyant les cartes qui étaient présentées, on a appris que Miquelon, à plus ou moins long terme, était condamné. Aucune solution n'avait été proposée, à tel point que personne ne voulait se présenter à la mairie, quitte à ce que le village disparaisse et fusionne avec Saint-Pierre, qui est à 40 km au sud."
Q: Où en est le projet de déplacement du village ?
R: "On est à la phase opérationnelle. En attendant de construire une nouvelle centrale électrique, une nouvelle station de traitement des eaux, les réseaux du village actuel ont été étendus sur une nouvelle zone à 1,5 km. Les travaux se poursuivront l'an prochain. On développe un plan de lutte contre les inondations. En parallèle, les premières parcelles sont en cours d'attribution. La prochaine étape, c'est l'annonce aux habitants du calcul réalisé par l'Etat sur la valeur de leur bien."
Q: Comment se déroule ce déménagement ?
R: "Par le biais du fonds Barnier, qui permet d'indemniser les gens en risque grave et imminent, et sur la base du volontariat. Une quarantaine de ménages se sont manifestés: les gens savent, pour la plupart, qu'ils n'auront rien à léguer à leurs enfants (s'ils ne déménagent pas, ndlr), donc ils souhaitent mettre leurs biens en sécurité. On estime qu'il faudra de 50 à 70 ans pour déplacer le village (...) On sait aussi qu'on doit s'y prendre à l'avance car on n'aura pas les moyens de faire cela dans l'urgence. Selon moi, le coût de l'opération devrait approcher du demi-milliard d'euros."
Q: Miquelon est un cas d'école pour les autres territoires ?
R: "Complètement. On a 600 habitants mais comme le territoire est insulaire et isolé, on a quand même les infrastructures d'une ville de quelques milliers d'habitants: un port, un aérodrome, un gymnase, un service d'incendie et de secours, beaucoup d'infrastructures qui permettent de tester des choses. On est un laboratoire pour les autres territoires insulaires. C'est aussi l'occasion pour nous de donner un nouveau souffle à la commune (qui perd des habitants depuis 30 ans, ndlr), tenter de relancer une forme d'activité. On est sur une page blanche: il y a tout à écrire."
Dans les années à venir, la quasi-totalité du village sera déplacée pour éviter une inévitable submersion. Alors que nombre de communes sont menacées par l'érosion côtière, "on est un laboratoire pour les autres territoires", estime l'édile, rencontré en marge du congrès de l'Association nationale des élus des littoraux (Anel), en Guadeloupe.
QUESTION: Pourquoi le déménagement du village de Miquelon est-il devenu nécessaire ?
REPONSE: "Le village subit les affres du dérèglement climatique en le soumettant au risque submersion. Quand j'étais enfant, on voyait des icebergs, qui formaient des falaises de plusieurs mètres de haut protégeant le littoral de la houle. Désormais, cette glace n'est plus là et la protection qu'elle offrait non plus. De plus, la lithosphère (la croûte externe de la Terre, ndlr) s'enfonce dans l'eau à raison d'un centimètre par an. Et on subit désormais des tempêtes post-tropicales."
Q: A quel moment avez-vous pris conscience de la situation ?
R: "En 2014, le président François Hollande s'est déplacé sur l'archipel: il a annoncé la mise en place d'un plan de prévention des risques littoraux (PPRL) par l'Etat. Et en voyant les cartes qui étaient présentées, on a appris que Miquelon, à plus ou moins long terme, était condamné. Aucune solution n'avait été proposée, à tel point que personne ne voulait se présenter à la mairie, quitte à ce que le village disparaisse et fusionne avec Saint-Pierre, qui est à 40 km au sud."
Q: Où en est le projet de déplacement du village ?
R: "On est à la phase opérationnelle. En attendant de construire une nouvelle centrale électrique, une nouvelle station de traitement des eaux, les réseaux du village actuel ont été étendus sur une nouvelle zone à 1,5 km. Les travaux se poursuivront l'an prochain. On développe un plan de lutte contre les inondations. En parallèle, les premières parcelles sont en cours d'attribution. La prochaine étape, c'est l'annonce aux habitants du calcul réalisé par l'Etat sur la valeur de leur bien."
Q: Comment se déroule ce déménagement ?
R: "Par le biais du fonds Barnier, qui permet d'indemniser les gens en risque grave et imminent, et sur la base du volontariat. Une quarantaine de ménages se sont manifestés: les gens savent, pour la plupart, qu'ils n'auront rien à léguer à leurs enfants (s'ils ne déménagent pas, ndlr), donc ils souhaitent mettre leurs biens en sécurité. On estime qu'il faudra de 50 à 70 ans pour déplacer le village (...) On sait aussi qu'on doit s'y prendre à l'avance car on n'aura pas les moyens de faire cela dans l'urgence. Selon moi, le coût de l'opération devrait approcher du demi-milliard d'euros."
Q: Miquelon est un cas d'école pour les autres territoires ?
R: "Complètement. On a 600 habitants mais comme le territoire est insulaire et isolé, on a quand même les infrastructures d'une ville de quelques milliers d'habitants: un port, un aérodrome, un gymnase, un service d'incendie et de secours, beaucoup d'infrastructures qui permettent de tester des choses. On est un laboratoire pour les autres territoires insulaires. C'est aussi l'occasion pour nous de donner un nouveau souffle à la commune (qui perd des habitants depuis 30 ans, ndlr), tenter de relancer une forme d'activité. On est sur une page blanche: il y a tout à écrire."