Délinquance routière : un nouveau programme pour lutter contre la récidive


PAPEETE, le 20 décembre 2016 - Ce mardi, le service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) de Polynésie française a mis en œuvre une action inédite sur le fenua : un programme de prévention de la récidive en matière de délinquance routière. 13 personnes ont participé à cette journée basée sur les échanges et le débat.

"Cette journée m'a vraiment aidé à prendre conscience de ce que j'avais fait de mal. J'ai conduit après avoir bu et j'ai eu un accident. J'ai été arrêtée une première fois mais j'ai recommencé et la deuxième fois, il y avait ma fille dans la voiture. J'ai foncé dans un poteau, cela aurait pu être vraiment très grave", confie une quadragénaire.

Cette dernière participe à une toute nouvelle opération menée par le service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP). Afin de lutter durablement et efficacement contre la récidive le SPIP a construit un programme, en lien avec les services de prévention du territoire et les services de l'état, sur plusieurs mois. La première journée a été animée par les conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation qui ont conçu le projet et le service de prévention de la gendarmerie.

Au cours de cette première journée de stage, les 13 participants du programme ont pu prendre conscience de leurs actes et réfléchir à leur comportement. "J'ai eu un grave problème avec l'alcool, explique un autre. Je buvais tout le temps et du coup, je conduisais. J'ai eu plusieurs problèmes et j'ai pris conscience du problème. Je suis très content de participer à une telle journée car nous avons pu échanger, donner notre point de vue et aussi parler des solutions que nous pouvons apporter au problème."

"JE N'AI PAS PU REGARDER LES IMAGES"

Les personnes en état de récidive ont assisté à la présentation des services du SPIP puis ont eu droit à la visite des gendarmes. Après un dépistage inopiné d'alcool et de stupéfiants, les forces de l'ordre ont fait passer un message très fort auprès de ces usagers de la route. Ils ont diffusé des photos d'accidents prises au fenua. "Les images étaient tellement violentes, c'était comme ce qu'on voit dans les films, sauf que là, nous reconnaissions les lieux car c'était juste à côté de chez nous. Je n'ai pas pu regarder toutes les images, j'ai tourné la tête", reprend la maman.

Éveiller les consciences, débattre et tenter d'apporter des solutions ne sont qu'une partie des objectifs du SPIP. Les conseillers souhaitent aussi que, par le biais de ce groupe, les messages de prévention soient diffusés plus largement. Il semblerait que les participants soient prêts à porter la bonne parole. "Boire ou conduire, il faut choisir. Je vais en parler autour de moi de cette journée, des choses dont nous avons discuté car, dans mon entourage, nombreux sont ceux qui prennent le volant après avoir bu."

Cette journée n'était que le commencement d'un grand programme de lutte contre la récidive au volant. Une deuxième journée de stage et de prévention devrait avoir lieu au trimestre prochain. "J'ai hâte de vous revoir, lance un homme, condamnés plusieurs fois pour alcool au volant. J'ai encore plein de questions à vous poser sur la récidive et les comportements au volant!"

InterviInterview de Philippe Lambrigot, directeur de l'antenne milieu ouvert du SPIP et Sandrine Hofmann, conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation à l'origine du projet.

"Ceci n'est qu'une première marche"

Les participants à cette journée ont-ils été obligés de venir?

Durant la préparation de ce programme, il y a eu un long travail de sélection des personnes en fonction de leur problématique et de leur personnalité. Nous avons essayé d'équilibrer les groupes. Le point commun de toutes ces personnes c'est qu'elles ont des mises à l'épreuve, des obligations à respecter et autres… Ce qui veut dire que nous, sans les forcer, en fonction de ce qu'elles ont fait, nous leur demandons de venir et nous les incitons à participer.

Comment faisiez-vous avant pour prévenir la récidive?

Nous travaillions beaucoup sur du suivi individuel. Par exemple, le conseiller orientait la personne sur des soins, nous travaillions avec des partenaires et tout ceci marchait bien. Mais nous avons pensé qu'il fallait mettre quelque chose de plus en place. C''est pour cette raison que Sandrine et quatre autres conseillers, Ludovic, Laëtitia, Moeava et Ina ont conçu ce programme.

Êtes-vous satisfait de cette première journée?

Nous n'avons pas vu le même groupe ce matin et cet après-midi, où les gens étaient plus en confiance. Bien sûr, nous ne sommes pas dupes non plus. Nous savons que ceci n'est qu'une première marche, il y encore beaucoup de chemin à faire…

Qu'est-ce que le SPIP?

Ce service est en charge de l'exécution des décisions judiciaires à caractère pénal, il est chargé du suivi et du contrôle de 2400 personnes sur la Polynésie française dont 400 personnes détenues.

Parmi ces 2400 personnes condamnées, près de 500 sont suivies pour des infractions routières, la plupart en récidive.

Rédigé par Amelie David le Mardi 20 Décembre 2016 à 17:17 | Lu 1513 fois