Délinquance 2012 : moins de faits, plus de violences


Colonel Valentini (gendarmerie), Séphane Jarlégand, directeur de cabinet Haut commissariat; Jean-Pierre Laflaquière, Haut commissaire; José Thorel, procureur de la République.
PAPEETE, lundi 4 février 2013. Il y a eu en Polynésie française en 2012, 13 376 crimes et délits. Derrière ce chiffre brut, des réalités très différentes. En effet, si ces faits constatés sont en baisse dans la zone gendarmerie (-4,47%), la zone police urbaine (de Papeete à Pirae) enregistre une forte hausse : + 20,7%. La zone police, la plus urbanisée, est le site de 45% des faits de délinquance. «Cette zone urbaine concentre à elle seule pendant la journée l’essentiel de la population et les établissements de nuit de l’île de Tahiti» précise Séraphin Parra, directeur de la sécurité publique (DSP).

Ce que retiennent avant tout les autorités (Haut-commissariat, services de police et de gendarmerie, Parquet) de la présentation de ce bilan de la délinquance 2012, c’est qu’en dépit de certains points noirs récurrents (violences intra familiales, insécurité routière, consommation d’alcool et de stupéfiants), la tendance générale est à la stabilisation depuis 2010. «Depuis 2003, on constatait une progression inéluctable de la délinquance en Polynésie française. L’année 2010 est un palier, qui se confirme en 2012 avec une baisse générale de la délinquance de -1,2%» développe Stéphane Jarlégand, directeur de cabinet du Haut commissariat. Aussi, Jean-Pierre Laflaquière, le Haut commissaire parle de «délinquance de globalement maîtrisée».

Une stabilisation que l’on doit à la baisse des cambriolages, des escroqueries par exemple. En revanche, de sérieux points noirs demeurent, d’autant plus graves, que l’augmentation des faits de violences volontaires, est un phénomène inquiétant. Une violence qui se traduit particulièrement dans l’augmentation, sensible, du nombre de meurtres : de 9 à 19 entre 2011 et 2012. «La violence comme mode de règlement normal des conflits est à combattre or, il y a une acceptation de la société en Polynésie française à ce sujet : ici, on aime le combat» développait le colonel Patrick Valentini, commandant de la gendarmerie pour la Polynésie française. Dans le même sens, en matière d’insécurité routière, «il y a une tolérance sociale vis-à-vis des comportements à risque sur laquelle on doit travailler» expliquait Stéphane Jarlégand.

Tendance lourde encore, les violences conjugales sont importantes
«il y a eu en 2012, 900 procédures judiciaires engagées pour des violences conjugales en Polynésie pour 270 000 habitants, 100 de plus qu’en 2011. Par comparaison, dans mon précédent poste, à Grenoble, j’avais 700 procédures pour 900 000 habitants» relève le procureur général Serge Samuel. Autre inquiétude, la consommation de drogue, notamment de paka, chez les jeunes. Sur ces points noirs, qui sont des phénomènes particuliers au territoire local, un travail de partenariat avec le Pays doit être mené. Depuis l’an dernier, la Polynésie française est éligible au fonds interministériel de prévention de la délinquance, aussi Jean-Pierre Laflaquière veut encourager les actions de prévention sur ces thèmes qui sont «des sujets de long terme, pour faire évoluer les mentalités». Une prévention qui s’engagerait avec le Pays et avec les communes, par le biais d’actions de proximité.


Dossier presse delinquance - bilan 2012.pdf  (225.21 Ko)


EN CHIFFRES

Atteintes aux biens : 6071 faits contre 6177 (-1,72%)
soit un taux de criminalité de 23,38 pour 1000 habitants (le taux national est de 34,38). Ces infractions sont en augmentation de + 6,94% en zone police (2280 faits contre 2132) et en baisse de - 6,28% en zone gendarmerie (3791 contre 4045).

Atteintes volontaires à l’intégrité physique (2331 faits contre 2281) (+2,19%)
soit un taux de criminalité de 8,98 pour 1000 habitants (le taux national est de 7,69). Ces infractions sont en augmentation aussi bien en zone police + 4,55% (621 faits), qu’en zone gendarmerie + 1,36% (1710 faits)

Escroqueries et infractions économiques et financières : 826 faits contre 972 (- 15,02%)
soit un taux de criminalité de 3,18 pour 1000 habitants (le taux national est de 4,90).

Violences physiques crapuleuses : 163 faits contre 133 (+ 22,56%
) soit un taux de criminalité de 0,63 pour 1000 habitants (taux national de 1,97). Ces infractions sont en augmentation de + 35,23% en zone police et en baisse de 2,22% en zone gendarmerie.

Vols par effractions chez les particuliers : 692 faits contre 763 (-9,31%) soit un taux de criminalité de 2,66 pour 1000 habitants (taux national de 3,72)

Vols par effraction des locaux commerciaux ou industriels : 199 faits contre 241 (- 17,43%) soit un taux de criminalité de 0,77 (taux national de 0,95)

Infractions à la législation sur les stupéfiants : 2443 faits contre 2341 (+ 4,35%). 1739 personnes mises en cause pour usage ou trafic de stupéfiants, dont 246 mineurs. Au total, 65 413 pieds de pakalolo ont été détruits en 2012.

Activité des services de police et de gendarmerie 7918 personnes mises en cause en 2011 à 7976 en 2012 (+ 0,73%). 228 personnes écrouées en 2012 contre 174 en 2011 (+31,03%). Le taux d’élucidation des affaires progresse également : 65,80% d’affaires élucidées en 2011 à 66,36% en 2012.

Dépistage de stupéfiants, fourrière automobile : ce sera fait en 2013

Le dépistage de stupéfiants lors de contrôles routiers pourra se mettre en place rapidement en Polynésie française. Le décret ministériel a été publié le 3 janvier dernier, il ne manque plus qu’un arrêté sur le mode opératoire. Mais les kits de prélèvements salivaires sont déjà disponibles a assuré Stéphane Jarlégand, directeur de cabinet du Haut commissariat. Selon lui, l’application de ce dépistage n’est plus «qu’une question de semaines».
Autre dossier qui avance rapidement, après plus d’un an de discussion, celui de la création d’une fourrière automobile. Un travail concret a démarré avec le Pays à ce sujet, depuis un mois.

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 4 Février 2013 à 11:49 | Lu 3250 fois