Défisc’ modifiée : Inter Invest “s'adapte”


Benoît Petit, directeur général du groupe Inter Invest accompagné de la directrice de l'antenne du groupe en Polynésie, Camille Andrieux. crédit photo SD
Tahiti, le 3 octobre 2024 – Depuis la réforme de la défiscalisation locale actée sous la précédente mandature, les Appels à manifestation d'intérêt général (AMI) sont un préalable indispensable à l'instruction de l'agrément fiscal. Un changement de méthode qui donne plus de transparence tout en pouvant aussi être un frein, mais qui pourrait évoluer, comme nous l'a expliqué Benoît Petit, directeur général du groupe Inter Invest, qui était en Polynésie une dizaine de jours.
 
 
 
Implanté en Polynésie depuis 19 ans maintenant, le groupe Inter Invest est un acteur historique de la défiscalisation locale et métropolitaine. À titre d'exemple, l'agence Inter Invest en Polynésie a accompagné des projets comme l'Apetahi Express inauguré en juillet 2023 (dont 30% de défiscalisation locale et le reste en défiscalisation Girardin), ou encore l'hôtel Maitai à Prince Hinoi qui doit être inauguré ce mois-ci mais qui a déjà ouvert ses portes.
 
C'est un peu la courroie de transmission entre le gouvernement et l'Agence de développement économique qui analyse les dossiers de candidature de réponse aux Appels à manifestation d'intérêt général (AMI). Ces fameux AMI mis en place par le gouvernement Fritch à la fin de sa dernière mandature. Un changement de méthode en termes de défiscalisation.
 
D'abord parce que c'est un préalable obligatoire à l'instruction de l'agrément fiscal, ce qui peut constituer un frein. “Si vous n'avez pas d'AMI, vous ne pouvez pas déposer de demande. C'est un premier filtre. C'est un impératif qui s'impose à nous donc d'une certaine façon, c'est une contrainte”, explique Benoît Petit, directeur général du groupe Inter Invest. Ensuite, parce qu'il y a “le filtre de la temporalité”. Autrement dit, le rythme des entreprises n'est pas forcément celui des AMI. En effet, il se peut qu'un porteur de projet ait quelque chose à faire à un instant T, mais s'il n'y a pas d'AMI, il sera obligé d'attendre. À l'inverse, l'AMI étant public bien évidemment, certains porteurs de projet vont y répondre alors qu'ils ne seront pas prêts.
 
Pas de visibilité sur les projets 2024
 
Cette notion d'AMI est une “spécificité unique en Polynésie” qui a le mérite, selon Benoît Petit, de “montrer quelle direction le gouvernement veut prendre” et d'apporter de “la clarté dans les projets qui seront supportés”. Pour 2024, “un projet assez significatif devrait sortir et bénéficier d'une partie de la défisc’ locale. Il s'agit du renouvellement du bateau Dory. Même si à l'heure où on se parle, ça n'a pas été confirmé, tous les indicateurs sont au vert”, nous a confié Benoît Petit. Lauréat d'une AMI en 2022, le Dory va donc ainsi venir grossir la flotte polynésienne après la mise en service du Hava'i et donc de l'Apetahi Express, l'année dernière.
 
Mais c'est, somme toute, la seule réalisation pour cette année. “On a déposé des AMI (charter nautique, transport maritime, écloserie dans la perliculture, exploitation avicole, et l'AMI dans le tourisme qui se clôture le 15 octobre) et pour l'instant, on n'a pas de retour de l'administration sur qui est lauréat ou pas. Donc pour l'instant, on n'a pas de visibilité sur les projets 2024”, nous a expliqué Camille Andrieux, directrice du groupe Inter Invest en Polynésie, qui “espère quand même que des petits AMI voient le jour cette année, notamment sur des bateaux de pêche”. Si l'enveloppe allouée à la défiscalisation locale était de 6 milliards pour 2024, on ne connaît pas encore son montant pour 2025, le projet de budget étant encore en cours de finalisation au ministère de Warren Dexter. Et surtout, Inter Invest attend de savoir “si les AMI seront maintenues” car selon Benoît Petit, “les ministres réfléchissent à une façon de faire évoluer et améliorer” ce dispositif.
 
Les friches hôtelières désormais éligibles à la défisc’ métropolitaine
 
“On a des projets dans les tuyaux”, ajoute Camille Andrieux qui explique qu'une “nouvelle règle en défiscalisation métropolitaine veut que les friches hôtelières [des hôtels l'abandon, NDLR] sont désormais éligibles”, et qu'elle est applicable en Polynésie. “C'est une bonne chose”, souligne Benoît Petit car cela va encourager certains porteurs de projet à envisager de reprendre une friche avec des coûts de construction qui seront davantage aidés. “Ce serait dommage de ne pas faire renaître des établissements qui sont déjà présents”, ajoute Camille Andrieux.
 
Quant au coup de rabot sur le taux de défiscalisation qui a été ramené de 60 à 20 ou 30% pour les projets hôteliers, Moetai Brotherson préférant privilégier l'aide aux plus petits projets, Benoît Petit reste prudent : “Il y a toujours des plus et des moins, et si vous prenez une politique plus orientée sur les petites unités, vous faites du mal à d'autres secteurs comme le BTP et l'emploi. À l'inverse si vous ne favorisez que les gros hôtels, l'aide fiscale bénéficie généralement à des grandes entreprises locales. Ce sont des choix politiques sur lesquels on n'intervient pas. On s'adapte à la volonté politique.”

Rédigé par Stéphanie Delorme le Jeudi 3 Octobre 2024 à 16:56 | Lu 1934 fois