Le tribunal de police, ou la chronique des petites violences du quotidien.
PAPEETE, le 21 août 2016 - Le tribunal de police. C'est ici que sont jugées les petites infractions, tapages, violences légères et autres incivilités contraventionnelles. Pas de peines d'emprisonnement encourues, que des amendes de 5e classe. Et parfois quelques dizaines de milliers de francs pour indemniser les victimes, quand il y en a.
Dernière marche avant le tribunal correctionnel, qui juge les délits, le tribunal de police a tenu audience vendredi dernier avec son lot de petites mesquineries et autres règlements de comptes familiaux ou entre voisins. Le plus souvent à coups de poing. Du menu fretin, certes, mais qui n'en reflètent pas moins une certaine image de la société. Et avec 23 affaires de violences volontaires sur les 30 à l'ordre du jour de l'audience, "le mythe de la Polynésie française calme et tranquille en prend un coup" a lâché en préambule le juge qui présidait l'audience avant de lancer les hostilités. "Alors, nous avons des étudiants qui se tapent entre eux, des frères et sœurs, des maris qui tapent leur femme, d'autres complètement alcoolisés à ne plus se rappeler ce qu'ils ont fait et qui tapent sur n'importe qui…".
"C'est pas une raison pour lui taper dessus !"
C'est un maçon de 39 ans originaire de Moorea qui ouvre le bal. Le courant passe mal depuis des lustres avec son voisin, qu'il accuse de semer la zizanie et la peur dans tout le quartier avec ses trois fils. Déjà condamné pour violences, l'homme a pris la mouche lorsque sa femme l'a appelé au téléphone car elle se sentait en danger.
"Il a voulu me frapper dans les parties génitales, j'ai mis les mains pour me protéger et j'ai reçu des coups dans le visage" explique le voisin. "J'ai pas réfléchi", reconnait le maçon, amer : "Moi aussi j'ai été victime de lui et de ses fils, mais aucune suite n'a jamais été donnée à mes plaintes". "Quand les gendarmes sont arrivés, ils vous ont demandé d'arrêter de le frapper mais vous avez continué, sous leurs yeux…" recadre le président du tribunal qui s'en tient aux éléments du dossier. Ce sera 40 000 francs d'amende, affaire suivante.
Vingt personnes qui vivent sous le même toit, ça fait beaucoup. "C'est sûr qu'un tel niveau de surpopulation à la maison, ça doit favoriser les tensions…" observe le magistrat avant de prononcer une peine de 50 000 francs d'amende contre un frère qui a perdu ses nerfs. La victime, sœur du prévenu et malade du cœur, avait convulsé après avoir encaissé plusieurs coups de tête en plein visage. Elle l'avait traité de petit gamin, violeur et mauvais père après qu'il eut le malheur de toucher à un pot de fleur. Pour la petite histoire, le fils de la malheureuse était venu défendre sa mère... armé d'un couteau. "Quelle magnifique famille…", ne peut s'empêcher de contenir le magistrat.
Le client suivant est une cliente. Une sans domicile fixe bien connue pour ses frasques et ses coups de sang sur la voie publique. Dérangée psychologiquement, à la rue, c'est à un couple qui descendait de voiture pour faire tranquillement ses courses qu'elle s'en était pris, en mai dernier à Punaauia. Madame avait été copieusement insultée et violemment bousculée, la SDF avait fini sa crise en explosant la vitre de la voiture de monsieur avec une pierre. "Que voulez-vous que je fasse avec cette femme bien connue de nos services, et qui de toute façon n'est pas solvable…". Un peu dépité, le procureur de la République requiert 30 000 francs d'amende. La marginale de 27 ans est aussi condamnée à indemniser la victime pour son préjudice moral, 150 000 francs, et à rembourser les dégâts, 107 000 francs. Sans compter les frais de procédure. 80 000 francs. "Je ne saurais trop vous conseiller de vous retourner vers le SARVI..." conseille le président du tribunal. Le service d'aide au recouvrement des victimes avance les fonds, et se débrouille après pour les récupérer auprès de la personne condamnée.
30 000 francs d'amende, multiplié par deux victimes. C'est la somme que devra acquitter un agent d'entretien de 29 ans, originaire de Moorea, et qui n'aime visiblement pas qu'on le dérange quand il n'est pas d'humeur. Il s'était immiscé dans une obscure bagarre familiale le matin, déboîtant la mâchoire d'un vieil homme d'un coup de poing, avant de récidiver le soir même sur une pauvre femme qui écoutait de la musique un peu trop fort alors que monsieur cherchait le sommeil : "Je dormais et elle voulait pas rentrer chez elle faire sa musique, en plus elle avait tellement bu qu'elle s'était pissé dessus...". "C'est pas une raison pour lui taper dessus !" grondera une fois encore le président après cet ultime moment de poésie.
Dernière marche avant le tribunal correctionnel, qui juge les délits, le tribunal de police a tenu audience vendredi dernier avec son lot de petites mesquineries et autres règlements de comptes familiaux ou entre voisins. Le plus souvent à coups de poing. Du menu fretin, certes, mais qui n'en reflètent pas moins une certaine image de la société. Et avec 23 affaires de violences volontaires sur les 30 à l'ordre du jour de l'audience, "le mythe de la Polynésie française calme et tranquille en prend un coup" a lâché en préambule le juge qui présidait l'audience avant de lancer les hostilités. "Alors, nous avons des étudiants qui se tapent entre eux, des frères et sœurs, des maris qui tapent leur femme, d'autres complètement alcoolisés à ne plus se rappeler ce qu'ils ont fait et qui tapent sur n'importe qui…".
"C'est pas une raison pour lui taper dessus !"
C'est un maçon de 39 ans originaire de Moorea qui ouvre le bal. Le courant passe mal depuis des lustres avec son voisin, qu'il accuse de semer la zizanie et la peur dans tout le quartier avec ses trois fils. Déjà condamné pour violences, l'homme a pris la mouche lorsque sa femme l'a appelé au téléphone car elle se sentait en danger.
"Il a voulu me frapper dans les parties génitales, j'ai mis les mains pour me protéger et j'ai reçu des coups dans le visage" explique le voisin. "J'ai pas réfléchi", reconnait le maçon, amer : "Moi aussi j'ai été victime de lui et de ses fils, mais aucune suite n'a jamais été donnée à mes plaintes". "Quand les gendarmes sont arrivés, ils vous ont demandé d'arrêter de le frapper mais vous avez continué, sous leurs yeux…" recadre le président du tribunal qui s'en tient aux éléments du dossier. Ce sera 40 000 francs d'amende, affaire suivante.
Vingt personnes qui vivent sous le même toit, ça fait beaucoup. "C'est sûr qu'un tel niveau de surpopulation à la maison, ça doit favoriser les tensions…" observe le magistrat avant de prononcer une peine de 50 000 francs d'amende contre un frère qui a perdu ses nerfs. La victime, sœur du prévenu et malade du cœur, avait convulsé après avoir encaissé plusieurs coups de tête en plein visage. Elle l'avait traité de petit gamin, violeur et mauvais père après qu'il eut le malheur de toucher à un pot de fleur. Pour la petite histoire, le fils de la malheureuse était venu défendre sa mère... armé d'un couteau. "Quelle magnifique famille…", ne peut s'empêcher de contenir le magistrat.
Le client suivant est une cliente. Une sans domicile fixe bien connue pour ses frasques et ses coups de sang sur la voie publique. Dérangée psychologiquement, à la rue, c'est à un couple qui descendait de voiture pour faire tranquillement ses courses qu'elle s'en était pris, en mai dernier à Punaauia. Madame avait été copieusement insultée et violemment bousculée, la SDF avait fini sa crise en explosant la vitre de la voiture de monsieur avec une pierre. "Que voulez-vous que je fasse avec cette femme bien connue de nos services, et qui de toute façon n'est pas solvable…". Un peu dépité, le procureur de la République requiert 30 000 francs d'amende. La marginale de 27 ans est aussi condamnée à indemniser la victime pour son préjudice moral, 150 000 francs, et à rembourser les dégâts, 107 000 francs. Sans compter les frais de procédure. 80 000 francs. "Je ne saurais trop vous conseiller de vous retourner vers le SARVI..." conseille le président du tribunal. Le service d'aide au recouvrement des victimes avance les fonds, et se débrouille après pour les récupérer auprès de la personne condamnée.
30 000 francs d'amende, multiplié par deux victimes. C'est la somme que devra acquitter un agent d'entretien de 29 ans, originaire de Moorea, et qui n'aime visiblement pas qu'on le dérange quand il n'est pas d'humeur. Il s'était immiscé dans une obscure bagarre familiale le matin, déboîtant la mâchoire d'un vieil homme d'un coup de poing, avant de récidiver le soir même sur une pauvre femme qui écoutait de la musique un peu trop fort alors que monsieur cherchait le sommeil : "Je dormais et elle voulait pas rentrer chez elle faire sa musique, en plus elle avait tellement bu qu'elle s'était pissé dessus...". "C'est pas une raison pour lui taper dessus !" grondera une fois encore le président après cet ultime moment de poésie.
Le tribunal de police est la juridiction pénale qui juge les contraventions les plus graves ou complexes commises par des personnes majeures classées dans les contraventions de 5ème classe, à l'exclusion des infractions punies d’une peine d’emprisonnement et des peines d’amendes supérieures à 360 000 Fcfp.