Déficit de 6 lignes Air Tahiti : le Pays veut bien payer, mais « pas les yeux fermés »


Louis Frébault et Daniel Herlemme
« Chantage ». Le mot est lâché. Les îliens, ministres et chef de groupe réunis, ont réuni la presse vendredi matin pour s’offusquer de la « campagne médiatique » menée par Christian Vernaudon (voir notre article) pour faire « pression » sur le Pays afin d’obtenir le financement des 6 lignes déficitaires qu’Air Tahiti envisage de fermer. « Il est hors de question de fermer ne serait-ce qu’une seule ligne » a martelé le ministre de l’aménagement Louis Frébault, encadré par le ministre du développement des archipels Daniel Herlemme, et le président du groupe Te Mana O Te Mau Motu (îliens) à l’Assemblée, Teina Maraeura.

« On n’a jamais dit non à un soutien financier sur ces lignes. Le pays mettra les moyens qu’il faut » affirment les deux ministres. Si le gouvernement se dit donc prêt à subventionner Air Tahiti, il met en revanche en doute le montant du déficit annoncé par la compagnie sur ces 6 lignes desservies par Beechcraft ou Twin Otter ( Ua Pou Ua Huka aux Marquises, et Apataki, Takume, Fakahina et Puka Puka aux Tuamotu).


Teina Maraeura
« On n’est pas prêts à payer les yeux fermés 400 millions de francs de déficit prévisionnel » annoncent les deux "îliens" du gouvernement, qui affirment qu’en 2010, le déficit prévisionnel d’AT en début d’année dépassait le milliard de francs, mais que la compagnie a finalement terminé l’année avec un déficit de 50 millions (200 millions selon les chiffres fournis lundi à Tahiti Infos par le PDG Christian Vernaudon). « On veut les relevés de compte, qu’on nous prouve que c’est vraiment 400 millions ! » s’enflamme Teina Maraeura. « On n'est pas contre, mais on veut des chiffres précis » pondère Louis Frébault.

En réalité, les ministres sont contrariés. Avec cette offensive médiatique, qui a commencé par une salve d’interviews accordés par Christian Vernaudon à la presse lundi, puis s’est poursuivie avec l’annonce par communiqué mardi de la fermeture des réservations à compter du 24 janvier sur ces lignes, Air Tahiti a mis une forte pression sur le gouvernement. Confronté à l’ire des maires de ces communes qui risquent d’être désormais coupées du monde, le gouvernement va devoir céder aux conditions dictées par la compagnie aérienne.

Or elles sont moins avantageuses que celles souhaitées par le Pays. « On tentait de négocier une délégation de service public (DSP) globale » résume Louis Frébault. « Ce n’est pas ce qu’on voulait au départ, mais on va être obligé de signer une DSP sectorielle (sur les six lignes les plus déficitaires de la compagnie ndlr) », se résigne le ministre de l’aménagement. « La somme nécessaire sera inscrite au budget 2012 » s’est-il engagé vendredi matin, même s'il estime que « c’est trop facile pour Air Tahiti de refiler ses lignes déficitaires au Pays ».

Rédigé par F K le Vendredi 28 Octobre 2011 à 10:07 | Lu 1405 fois