Mareva Lechat lundi lors de son intervention à la tribune de l'ONU
Tahiti, le 12 juin 2023 - Le cas de la Polynésie française a été étudié cette nuit par le comité des 24 des Nations Unies à New York. Son rapport sera la base de la prochaine résolution de l'ONU en fin d'année.
Depuis le lundi 12 juin et jusqu'au 23 juin, le comité des 24, comité spécial concernant la mise en œuvre de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux se réunit à New York. Cette nouvelle session qui étudiera les dossiers sur le fond se tient pendant deux semaines afin d'examiner la situation dans les territoires non autonomes relevant de sa compétence et adopte des recommandations sous forme de projets de résolution soumis à l'Assemblée générale des Nations Unies.
Lors de cette session, le Comité des 24 examine les questions de 17 territoires non autonomes et de Porto Rico, et adopte des résolutions ainsi que des conclusions et des recommandations du séminaire régional. Jusqu'au 23 juin, les états membres, les puissances administrantes et les représentants des territoires non autonomes sont invitées à se faire entendre. De plus, trois projets de résolution par consensus ont été adoptés, dont un concernant la Nouvelle-Calédonie, rappelant à la France “les démarches politiques entreprises par son gouvernement en vertu de l’Accord de Nouméa depuis les trois référendums sur l’indépendance du territoire”. Une résolution commentée par le pétitionnaire kanak, contestant “les résultats ‘illégitimes’ du troisième référendum, organisé en décembre 2021 en pleine pandémie et qui auraient ‘volé’ l’indépendance du peuple kanak”.
(capture d'écran)
Depuis le lundi 12 juin et jusqu'au 23 juin, le comité des 24, comité spécial concernant la mise en œuvre de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux se réunit à New York. Cette nouvelle session qui étudiera les dossiers sur le fond se tient pendant deux semaines afin d'examiner la situation dans les territoires non autonomes relevant de sa compétence et adopte des recommandations sous forme de projets de résolution soumis à l'Assemblée générale des Nations Unies.
Lors de cette session, le Comité des 24 examine les questions de 17 territoires non autonomes et de Porto Rico, et adopte des résolutions ainsi que des conclusions et des recommandations du séminaire régional. Jusqu'au 23 juin, les états membres, les puissances administrantes et les représentants des territoires non autonomes sont invitées à se faire entendre. De plus, trois projets de résolution par consensus ont été adoptés, dont un concernant la Nouvelle-Calédonie, rappelant à la France “les démarches politiques entreprises par son gouvernement en vertu de l’Accord de Nouméa depuis les trois référendums sur l’indépendance du territoire”. Une résolution commentée par le pétitionnaire kanak, contestant “les résultats ‘illégitimes’ du troisième référendum, organisé en décembre 2021 en pleine pandémie et qui auraient ‘volé’ l’indépendance du peuple kanak”.
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10 ans de réinscription et de silence
Lundi matin, la déléguée aux affaires internationales, européennes et du Pacifique par intérim, Mareva Lechat, est intervenue auprès du Comité des 24 pour défendre la volonté du gouvernement Tavini d'ouvrir le dialogue avec l'État aux Nations Unies autour de la décolonisation du fenua. “Cela fait 10 ans que la Polynésie française est réinscrite sur la liste des territoires non autonomes”, a-t-elle rappelé lors de sa prise de parole. “Et c'est aussi 10 ans de silence de la part de la France avec sa politique de la chaise vide à cette commission.”
Après un bref rappel des victoires électorales du parti indépendantiste, afin de bien préciser le nouveau contexte politique du fenua, Mareva Lechat a poursuivi : “Notre gouvernement regrette que la puissance administrante n'ait jamais répondu à notre demande de mise en place d'une mission d'information de l'ONU en Polynésie française. La demande d'intensifier le dialogue de la part des précédents rapports de la commission des 24 n'a jamais été appliquée. Notre gouvernement espère que la France viendra siéger un jour ici pour respecter la voix de notre population qui l’a démocratiquement élu”, a-t-elle poursuivi sans masquer que le gouvernement indépendantiste était élu, mais avec moins de la moitié des voix des électeurs polynésiens.
“Ce processus de décolonisation pourrait être un exemple pour le monde”, a-t-elle conclu en demandant que soit rajouté dans la prochaines résolutions du comité des 24, un paragraphe sur l'obligation par l'État français de reconnaître et de prendre en charge les conséquences, y compris environnementales, des essais nucléaires réalisés à Moruroa et Fangataufa.
Après un bref rappel des victoires électorales du parti indépendantiste, afin de bien préciser le nouveau contexte politique du fenua, Mareva Lechat a poursuivi : “Notre gouvernement regrette que la puissance administrante n'ait jamais répondu à notre demande de mise en place d'une mission d'information de l'ONU en Polynésie française. La demande d'intensifier le dialogue de la part des précédents rapports de la commission des 24 n'a jamais été appliquée. Notre gouvernement espère que la France viendra siéger un jour ici pour respecter la voix de notre population qui l’a démocratiquement élu”, a-t-elle poursuivi sans masquer que le gouvernement indépendantiste était élu, mais avec moins de la moitié des voix des électeurs polynésiens.
“Ce processus de décolonisation pourrait être un exemple pour le monde”, a-t-elle conclu en demandant que soit rajouté dans la prochaines résolutions du comité des 24, un paragraphe sur l'obligation par l'État français de reconnaître et de prendre en charge les conséquences, y compris environnementales, des essais nucléaires réalisés à Moruroa et Fangataufa.
Soutien de Carlyle G. Corbin
Le rapporteur indépendant du projet de résolution concernant la Polynésie française, le docteur Carlyle G. Corbin, des îles Vierges, a tenu à son tour à prendre la parole. Celui que beaucoup nomment “L'homme de la décolonisation” a rappelé que si “la délégation de pouvoirs au territoire contribue à la décolonisation”, il n'en reste pas moins que “ce n’est pas non plus un transfert de pouvoir tel que prévu par la Déclaration sur la décolonisation.” Le docteur Corbin venait ainsi de mettre le doigt sur la dichotomie qui alimente les débats politique en Polynésie française : Autonomie vs Indépendance.
Dans son allocution, il note aussi que “l’on a tendance à promouvoir un jeu à somme nulle où les territoires se voient offrir l’indépendance immédiate ou un statut modernisé, qui suppose un degré de permanence et de dépendance politique”. Il estime de fait que “l’ONU devrait jouer un rôle pour garantir le respect des normes minimales d’autonomie”, avant de souligner que “réforme coloniale n’équivaut pas à décolonisation”.
Pour lui, un statut d'autonomie, fusse-t-il très largement remanié, ne sera jamais un équivalent à l'autodétermination.
Dans son allocution, il note aussi que “l’on a tendance à promouvoir un jeu à somme nulle où les territoires se voient offrir l’indépendance immédiate ou un statut modernisé, qui suppose un degré de permanence et de dépendance politique”. Il estime de fait que “l’ONU devrait jouer un rôle pour garantir le respect des normes minimales d’autonomie”, avant de souligner que “réforme coloniale n’équivaut pas à décolonisation”.
Pour lui, un statut d'autonomie, fusse-t-il très largement remanié, ne sera jamais un équivalent à l'autodétermination.