Déchets nucléaires: une manif contre le projet Cigéo à Bure tourne à l'affrontement avec les gendarmes


Strasbourg, France | AFP | mardi 15/08/2017 - Des incidents ont éclaté mardi à Bure (Meuse) en marge d'une manifestation contre le projet Cigéo d'enfouissement de déchets nucléaires, la gendarmerie ayant fait usage d'un canon à eau, de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogène contre une partie des 300 à 1.000 protestataires, a-t-on appris de sources concordantes.
Dans les rangs des manifestants, on compte "six blessés graves", touchés par des grenades, ainsi qu'une "trentaine de blessés légers" atteints par du gaz lacrymogène ou des flashballs, a indiqué à l'AFP le collectif des opposants au projet Cigéo.
Parmi les blessés graves, l'un "a un pied très abîmé, et un autre une grave brûlure à la joue", a précisé un des militants s'exprimant au nom du collectif, et qui se fait appeler "Michel". Selon lui, un millier de personnes au total avaient pris part à la manifestation.
La préfecture de la Meuse, de son côté, a précisé que deux gendarmes mobiles avaient été blessés par un "engin artisanal lancé par les opposants". Un peu plus tôt, elle avait indiqué que l'un des gendarmes blessés souffrait d'un "trauma sonore".
Quant aux manifestants, ils compteraient au moins trois blessés dans leurs rangs (l'un à la cheville, un autre au menton, un troisième aux côtes), selon le compte-rendu de leurs appels aux pompiers transmis par la préfecture.
Les autorités ont dénombré 300 manifestants, dont la majorité était "casquée, cagoulée, vêtue de noir et armée de pierres, bâtons, boucliers...". Toujours selon la préfecture, les opposants ont jeté des pierres sur des gendarmes "pré-positionnés à titre préventif", puis un peu plus loin leur ont jeté des cocktails Molotov.
"On ne souhaitait pas l'affrontement, mais il y a eu effectivement des affrontements avec la gendarmerie, parce qu'elle nous a empêché de manifester où on le souhaitait", a souligné "Michel".
  - une vielle photo de Nicolas Hulot -  
"C'est une répression très violente, mais on continuera le combat, c'est pas ça qui va nous démobiliser", a-t-il ajouté. Un autre porte-parole, qui se fait appeler "John", a précisé qu'une partie des manifestants portait effectivement des masques par "sécurité", car selon lui ils sont "régulièrement convoqués au commissariat" pour répondre de leur activité militante à Bure.
"Est-ce à coups de canons à eau que l'Andra compte noyer les risques d'incendie et d'explosion souterrains?", ont ironisé les opposants dans un communiqué diffusé après les échauffourées.
Le projet Cigéo, objet d'une guérilla juridique entre l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) et ses opposants, vise à enfouir à 500 mètres sous terre les déchets nucléaires les plus radioactifs ou à vie longue du parc français.
Les opposants ont marqué un point début août, lorsque l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a émis des "réserves" face à ce projet, notamment des "incertitudes" concernant le comportement de déchets hautement inflammables en cas d'élévation de température.
En juillet, l'Andra avait annoncé que la construction de Cigéo ne débuterait pas avant 2022. Son directeur général, Pierre-Marie Abadie, s'était inquiété de "la contestation sur le terrain" qui selon lui s'est renforcée depuis l'été 2016 et qui est source de "tension" avec les habitants.
Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, n'a pas pris position sur Cigéo depuis son entrée au gouvernement, se bornant à indiquer qu'il souhaitait "étudier davantage" ce projet. Mais les opposants ont récemment exhumé une photo, qui remonterait à octobre 2016, et sur laquelle on voit M. Hulot - qui n'était pas encore ministre - tenir une pancarte proclamant "Cigéo Bure, je dis non!".
"Ce n'est pas à nous d'envoyer un message à @N_Hulot  mais à lui de se souvenir de ses positions passées", ont twitté les opposants au projet.

le Mardi 15 Aout 2017 à 11:53 | Lu 586 fois