Décharge de Faa'a : chacun campe sur ses positions


Une passe d'armes a eu lieu ce mardi matin lors du conseil municipal entre Oscar Temaru, Gérard Mai et Laurent Tarahu.
PAPEETE, le 8 décembre 2015. La décharge et les revendications de certains ayants-droit ont animé les débats ce mardi au conseil municipal de Faa'a. Mais le dossier est loin d'avancer. Chacun campe sur ses positions. Le tavana met en avant "la parole donnée des ancêtres" tandis que des propriétaires demandent "un achat du terrain" ou un "échange de terres".

La décharge de Faa'a s'est invitée ce mardi matin au conseil municipal de Faa'a lors des questions diverses. C'est Laurent Tarahu, élu sur la liste d'Oscar Temaru lors des dernières élections municipales et membre du Comité des propriétaires de la terre de Mumuvai, qui a été le premier à prendre la parole. "Nous demandons soit l'achat du terrain, soit un échange de terres si l'achat est trop lourd pour la mairie. Nous estimons le prix du terrain à 2 milliards de Fcfp", explique Laurent Tarahu, après le conseil municipal, sous le chapiteau installé pour barrer une des entrées de la décharge de Faa'a. "Nous demandons, enfin, qu'un comité de travail entre la mairie et les familles soient mis en place."
Gérard Mai, lui aussi ayant-droit, s'est lui époumoné après les déclarations de Laurent Tarahu. Il connaît bien le sujet de la décharge, puisqu'il est neuvième adjoint en charge de l’eau, de l'assainissement et des déchets. Mais lui ne voit rien à redire sur la mise à disposition de ce terrain. "C'est la parole des ancêtres", commente-t-il simplement à la sortie du conseil municipal.

Oscar Temaru prend lui, ensuite, la parole devant les élus municipaux et rappelle historique de ce dossier. Pour le tavana, "lorsque le district de Faa'a est devenu une commune en 1965, la famille Mai a donné son aval à Francis Sanford (alors maire) d'utiliser ce talweg".
Le problème de la décharge est "une longue histoire" reconnaît Oscar Temaru. La chambre territoriale des comptes (CTC) a relevé, lors de son rapport sur la gestion de la commune de Faa'a de 2004 à 2009, que "le site de la décharge n'appartient pas à la commune qui profite d'une situation foncière confuse pour continuer l'enfouissement. La question de l'emprise foncière du site d'enfouissement des déchets s'est posée à de multiples reprises et n'a toujours pas été résolue."


En 2004, la commune a demandé la déclaration d'utilité publique de la terre. Mais depuis rien n'a avancé. Pour la CTC, "la commune ne peut se satisfaire de l'état actuel en justifiant son absence d'action par le seul fait que la terre concernée est dans une situation d'indivision confuse et compliquée." "Les actions juridiques et administratives doivent être menées au plus vite pour résoudre ce problème", alerte la chambre.

Mais pour Oscar Temaru, ce qui compte, c'est "la parole donnée". "Vous voyez l'église catholique, tout cet espace, et l'église protestante ? Tout ça ce sont nos ancêtres, nos anciens, qui ont donné ça aux églises. Il faut respecter la parole donnée. Ce sont ceux qui étaient avant nous qui ont donné l'espace où il y a actuellement le dépotoir. Nous devons les respecter."
Des ayants-droit étaient toujours ce mardi après-midi devant une des entrées de la décharge. Une réunion entre les différentes familles devraient permettre de définir s'ils vont poursuivre ou non leur mouvement.
En attendant, les camions de la mairie continuent à amener les déchets à la décharge.

"Depuis plus de 30 ans, la commune de Faa'a 'traite' ses déchets ménagers et assimilés par enfouissement dans une décharge publique sis à Sainte-Hilaire, sur la terre dite Mumuvai, appartenant aux consorts Mai-Salmon", indique la chambre territoriale des comptes dans son rapport sur la gestion de la commune de Faa'a de 2004 à 2009.

Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 8 Décembre 2015 à 15:48 | Lu 2028 fois