Décès d'Esther Tefana, grande dame de la chanson polynésienne


Tahiti, le 14 mai 2021 - C'est une grande dame de la chanson polynésienne qui s'est éteinte vendredi matin. Esther Tefana est décédée à l'âge de 72 ans des suites d'une longue maladie. Mordue très tôt par la musique, elle a signé au cours de sa carrière plusieurs dizaines d'albums, évoquant le Tahiti de la "belle époque". Elle laisse derrière elle un fils, un petit-fils et une légion d'admirateurs. 

La fenua pleure un "monstre sacré". C’est avec ses mots que le président Fritch et son gouvernement saluent la mémoire de Esther Vaea Tefana. Décédée vendredi matin à l’âge de 72 ans, des suites d’une longue maladie, à l’hôpital du Ta’aone, elle laisse derrière elle son fils Heimata, son mootua Keanu, de nombreux proches et une légion d’admirateurs.

Née le 27 octobre 1948 à Papeete, elle est mordue très tôt par la musique, notamment aux côtés de son père, Ladis Tefana, dit "Papillon". Lui-même grand accordéoniste en son temps, il jouait avec Bimbo et d’autres musiciens célèbres du fenua. "Il a transmis à sa fille, Esther, son talent de musicien et l’exigence de la note juste, comme elle aimait à le rappeler" note le gouvernement dans son message de condoléance.

Elle n’a que 16 ans, lorsqu’elle sort son premier album Anuanu, dont le morceau Motu one, qu’elle a écrit, composé et interprété. "Ce qui lui vaudra d’être propulsée parmi les plus grands talents et les plus belles voix de Polynésie française, poursuit le communiqué. Depuis, elle n’a cessé de nous enchanter." Comme lorsqu’elle forme un duo avec Patrick Noble, dans les années 70, pour la chanson Tabu, en hommage à Reri et Matahi, personnages du célèbre film de Murnau.

A l’instar d’autres divas polynésiennes comme Mila et Loma, elle a signé plusieurs coopérations avec Eddie Lund dans les années 60-70, apportant ainsi une grande contribution à ce que l’on appelle aujourd’hui la musique du Tahiti d’Antan, "un patrimoine culturel et artistique d’une grande richesse".

En parallèle de la musique, elle intègre le secteur du tourisme, travaillant notamment à l’Office pour la promotion du tourisme, dirigé par Alec Ata, avant de rejoindre la délégation de la Polynésie française à Paris. C’est là que pendant dix ans, elle s’engage dans la promotion du fenua en Europe, avec la troupe de Gilles Hollande, avant de rentrer au fenua au service du tourisme.

Le député polynésien Moetai Brotherson lui rend également un fervent hommage. "Tout Ma'ohi nui pleure sa diva aujourd'hui. J'ai une pensée pour mon grand-frère Moana pour qui elle était une seconde maman et qui a été choriste sur un de ses mémorables albums" écrit le député sur sa page Facebook, saluant une "voix magique", un "sourire enchanteur" et "toujours cette exigence de la note juste, même en bringue, même après plusieurs flûtes de champagne".

"Esther a accompagné chaque moment important de nos vies par sa voix inimitable, douce, joyeuse ou bien mélancolique. Esther était notre chanteuse, à toutes et à tous. Dans nos coeurs, elle demeure" écrit à son tour le conservatoire, annonçant un hommage "en chant et en musique" à son attention.

Enfin, le haut-commissaire a également tenu à exprimer ses "sincères condoléances" à sa famille, à ses proches, à ses collaborateurs et à son public.
 

Rédigé par Esther Cunéo le Vendredi 14 Mai 2021 à 10:35 | Lu 7291 fois