Notre pays, la Polynésie française, subit depuis septembre 2008 la pire crise économique de son histoire. Celle de 1929 que l’on appelait la grande dépression avait un moindre impact, car la société polynésienne demeurait à l’écart des aléas d’une société basée sur la consommation, de même le tissu des entreprises commerciales ou industrielles était rudimentaire voire inexistant.
Lorsque nous nous sommes présentés aux élections de février 2008, peu d’entre nous étaient conscients des mouvements « tectoniques » qui commençaient à secouer les marchés, les structures financières et boursières. En réalité, la crise que l’on connait trouve son origine, non pas en 2008 mais en début d’année 2007. Certains spécialistes en matière de veille économique, notamment le LEAP (Laboratoire Européen d’Anticipation Politique), décrivaient déjà à cette époque-là les prémices d’un véritable « tsunami » financier et économique qui allait engloutir le monde entier. Ils prédisaient même la rupture de valeurs sociétales au travers d’une dislocation géopolitique de portée internationale.
La prise de conscience réelle que le pays, comme tous les pays de cette planète, était entré dans cette spirale infernale n’est venue que tardivement. Je me rappelle de certaines discussions avec des dirigeants de banques ou des leaders politiques locaux qui démontraient clairement que les premières secousses de la crise n’avaient pas été prises en considération ou n’étaient tout bonnement pas considérées. Des assertions du type « ça ira mieux demain » ou « on n’en parlera plus dans six mois » résonnent encore à nos oreilles comme si c’était hier…
Et pourtant. A bien y regarder finalement, la crise polynésienne relève en réalité de trois facteurs aggravants sévissant depuis les années 2000-2001. D’abord le manque de vigilance ou de clairvoyance de la classe politique et des gouvernants successifs sur le tarissement des effets du modèle économique découlant de la mise en œuvre du pacte de progrès. La deuxième phase d’application de ce pacte aurait dû faire l’objet d’une analyse des premiers résultats et d’une réorientation de notre politique de développement. Malheureusement cela n’a pas été fait. Puis les effets désastreux de l’instabilité politique sur l’économie polynésienne depuis 2004 et enfin l’incapacité depuis 2005 à redéfinir un véritable projet de société capable de mettre en œuvre un nouveau schéma d’aménagement et de développement basé sur nos potentialités.
L’amoindrissement de la capacité du pays à autofinancer ses opérations d’investissement ne date pas du début de la crise actuelle, n’est-ce pas ? Les chiffres issus de nos comptes financiers démontrent clairement que la rupture de la séquence du développement vertueux est intervenue dès l’exercice 2001. Les évènements du 11 septembre à NY USA constituent certainement un tournant à prendre en considération.
Un autre indicateur objectif est le PIB. Ce qui constitue l’indicateur de la richesse du pays est passé de 5,11% en 2000 en valeur PIB volume (nette) à 3,45% en 2003 pour s’établir pour la première fois en négatif à -0,43% en 2006. Depuis 2008, ses valeurs successives auront été de -2,7% puis -2,3% en 2009. La prévision du gouvernement pour 2010, telle qu’elle ressort du DOB, affiche -1,2%. La projection médiane pour 2011 s’établissant quant à elle à -0,5%, selon les estimations du prochain budget que le gouvernement compte nous présenter avant la fin de cette année.
Les quelques chiffres que je viens de citer sont significatifs de l’ampleur de la crise que traverse la société polynésienne. Ses effets sur l’appauvrissement des ménages, sur les pertes d’emplois ou sur le niveau des prestations sociales soutenables pour le pays constituent aujourd’hui des sujets de préoccupation quotidienne pour la population. En effet, l’impact de la crise économique est manifestement plus fort en Polynésie qu’il ne l’est en France métropolitaine ou ailleurs dans le monde occidental.
C’est dans ce contexte, Monsieur le Président Tong Sang, que vous prenez la décision de reprendre le pouvoir au mois de novembre 2009, en ignorant très certainement l’ampleur de la situation de crise et en pensant que la politique de l’immobilisme vous permettrait de traverser cette période sans encombre. Et là, vous commettez une grave erreur qui aura conduit nos partenaires financiers comme l’agence française du développement à se méfier de notre capacité de réaction face à l’adversité et poussé l’agence de notation S&P à nous infliger une nouvelle note abaissée démoralisant tout nouvel investisseur à avoir confiance dans le pays.
Les mesures courageuses de redressement des finances publiques auraient dues être prises dès la fin de l’année dernière. Non pas qu’une révision de la fiscalité à la hausse constituait en soi un objectif louable, mais elle était nécessaire, voire même primordiale au maintien d’une bonne qualité de nos services publics. Elle répondait également au souci de ne pas entraîner de pertes d’emplois massives dans la fonction publique comme cela est aujourd’hui envisagé par le rapport Bolliet tout en mettant en œuvre un plan de restructuration des finances du pays issu de l’expertise commandée auprès des services de l’Etat et de l’IGF.
Bref, la « motion de trop » est venue plomber encore plus la confiance de nos partenaires économiques et financiers, de même que l’Etat, dans notre capacité à redresser la barre.
Douze mois se sont depuis écoulés…
LE DEBAT SUR LE DOB
Aujourd’hui, vous vous présentez devant nous dans le cadre d’un nouveau débat portant sur les orientations budgétaires de votre gouvernement pour l’année 2011. Cet exercice difficile mais nécessaire doit vous permettre d’analyser les effets de la conjoncture internationale puis locale au travers de ses mécanismes et effets macro et microéconomiques. Il vous oblige également à procéder à une véritable introspection de votre vision politique, économique et sociale afin d’en tirer la substantifique moelle nécessaire à la redéfinition des actions à entreprendre.
Je voudrais vous dire que votre document ne laisse transparaître aucune vision et ne m’a pas convaincu sur votre capacité à redresser la situation économique et sociale de la Polynésie française.
D’abord parce que la situation alarmante que nous connaissons aurait dû vous inciter à réfléchir sur un plan pluriannuel de redressement et de relance, et non pas sur la seule année 2011. A cet égard, le rapport Bolliet que vous avez commandé fait bien état de préconisations à suivre sur plusieurs exercices, la modification du cap dans le redressement des finances publiques nécessitant une succession de mesures à programmer entre 2010 et 2014.
Mon deuxième point de regret porte sur la forme de votre document d’orientation budgétaire. Il nous apparaît clairement que son élaboration repose pour l’essentiel sur un « assemblage » de réflexions et de propositions émanant de vos ministres ou de leurs services sans cohérence entre elles. Il manque à ce document un fil d’Ariane qui aurait dû être votre vision de l’avenir au travers de projets d’envergure capables de régénérer la confiance tant nécessaire au redémarrage économique. Après une première partie portant sur l’analyse du contexte international, local puis budgétaire, vous vous lancez dans l’énumération de propositions couvrant des sujets aussi vastes que la fiscalité, la protection sociale généralisée, le soutien à l’économie polynésienne, votre politique de travaux pour le BTP, l’emploi, la politique foncière, la solidarité, la santé, l’éducation, la culture, l’environnement et enfin la politique énergétique.
Votre document d’orientation budgétaire ressemble un catalogue de mesures, à une profession de foi inconsistante ou à un programme électoral retraçant des intentions sans en définir les moyens. Il ne décrit aucunement vos priorités en fonction des interrogations légitimes de notre population. Par exemple, et je cite en vrac, on ne sait toujours pas si l’on réalise à Taravao une « ville nouvelle » basée sur les perspectives de développement du port de Faratea. Un tel projet permettrait pourtant de rééquilibrer le développement de l’île de Tahiti entre la zone urbaine de Papeete et la presqu’île. On ne sait toujours pas si la route expresse Punaauia/Taravao constitue pour votre gouvernement une priorité et quelles sont les décisions que vous seriez amenés à prendre pour permettre sa réalisation. Quelles sont vos priorités en matière de déconcentration administrative aux fins de permettre une plus grande proximité des services publics au regard de votre politique d’aménagement du territoire ? Quels moyens emploierez-vous pour permettre aux élèves ou aux étudiants souhaitant être scolarisés sur Tahiti de pouvoir le faire dans des conditions optimales ? Qu’en est-il du fameux projet de construction d’un palais des congrès, fortement utile au développement du secteur touristique et culturel ? Est-ce toujours l’arlésienne ? Quels sont concrètement les nouveaux produits que vous comptez développer aux fins de répondre aux marchés cibles touristiques ? Bref, je m’arrête là tellement la liste de questionnements est longue et toucherait l’ensemble des sujets de préoccupation de notre population.
De même, en matière d’hypothèse de croissance du PIB laquelle conditionne le niveau de l’effort que consent votre gouvernement dans le redressement rapide de notre économie, vous optez pour un scénario central laissant augurer une poursuite de la récession (-0,5%) ! Il n’y a donc aucun espoir de voir dès 2011 une reprise économique permettant d’assurer les créations d’emplois nécessaires aux milliers de foyers polynésiens dans l’attente ? Nous savons tous que le retour vers la croissance s’opère en ce moment dans la plupart des pays du monde, y compris dans notre région du pacifique. N’avez-vous pas envisagé de surfer sur cette croissance afin de tirer profit d’une reprise de nos activités économiques ?
Mais pourquoi diable avez-vous donc souhaité récupérer le pouvoir ? Les polynésiens sont-ils donc condamnés à désespérer tout au long de la prochaine année ? Le message que vous leur adressez serait-il de se reconvertir dans le développement de ces économies parallèles qui tuent les valeurs fondamentales de notre société ?
Nous craignons fort que votre document budgétaire qui sera présenté à la sanction de notre assemblée ne se résume qu’à un cadrage chiffré sans réelles ambitions de relance de notre développement économique. Nous devinons même que vous poursuivrez le saupoudrage de nos moyens d’investissement comme cela a été le cas ces dernières années, dans des opérations à vocation politique sensées vous permettre de préserver le reste de vos soutiens politiques, particulièrement dans les archipels.
Mais, vous vous trompez. La population est lasse de voir ses dirigeants dilapider les fonds publics dans des opérations aussi dispendieuses qu’inutiles. Elle souhaite aujourd’hui, plus qu’hier, que l’on réponde à ses besoins primaires en matière d’emploi, de logement, de règlement du problème foncier, de conditions de scolarité dignes pour ses enfants, d’une protection sociale fiable, d’un accès plus libre à la consommation ou du droit à se mouvoir sur des routes libérées des sempiternelles bouchons.
La population polynésienne est malade. Il faut être aveugle pour ne pas le remarquer. L’obésité gagne du terrain. Il nous faut un véritable plan Marshall pour lutter contre ce fléau en développant une politique de prévention multidisciplinaire. Rien ne transparait de vos intentions dans ce domaine sinon le démantèlement de l’EPAP et la mise à mort de la maison du diabétique. De même, les jeunes livrés au Paka ou à l’alcool nous lancent un véritable cri à l’aide. Des structures adaptées doivent voir le jour afin de permettre une prise en charge de leurs conditions. Là encore, rien ne transparaît dans vos plans.
En conclusion, Monsieur le Président, nous attendrons votre projet de budget 2011 sans espoir. Puisque de toute manière ce terme est banni de vos priorités.
Salutations.
Jean-Christophe Bouissou
Lorsque nous nous sommes présentés aux élections de février 2008, peu d’entre nous étaient conscients des mouvements « tectoniques » qui commençaient à secouer les marchés, les structures financières et boursières. En réalité, la crise que l’on connait trouve son origine, non pas en 2008 mais en début d’année 2007. Certains spécialistes en matière de veille économique, notamment le LEAP (Laboratoire Européen d’Anticipation Politique), décrivaient déjà à cette époque-là les prémices d’un véritable « tsunami » financier et économique qui allait engloutir le monde entier. Ils prédisaient même la rupture de valeurs sociétales au travers d’une dislocation géopolitique de portée internationale.
La prise de conscience réelle que le pays, comme tous les pays de cette planète, était entré dans cette spirale infernale n’est venue que tardivement. Je me rappelle de certaines discussions avec des dirigeants de banques ou des leaders politiques locaux qui démontraient clairement que les premières secousses de la crise n’avaient pas été prises en considération ou n’étaient tout bonnement pas considérées. Des assertions du type « ça ira mieux demain » ou « on n’en parlera plus dans six mois » résonnent encore à nos oreilles comme si c’était hier…
Et pourtant. A bien y regarder finalement, la crise polynésienne relève en réalité de trois facteurs aggravants sévissant depuis les années 2000-2001. D’abord le manque de vigilance ou de clairvoyance de la classe politique et des gouvernants successifs sur le tarissement des effets du modèle économique découlant de la mise en œuvre du pacte de progrès. La deuxième phase d’application de ce pacte aurait dû faire l’objet d’une analyse des premiers résultats et d’une réorientation de notre politique de développement. Malheureusement cela n’a pas été fait. Puis les effets désastreux de l’instabilité politique sur l’économie polynésienne depuis 2004 et enfin l’incapacité depuis 2005 à redéfinir un véritable projet de société capable de mettre en œuvre un nouveau schéma d’aménagement et de développement basé sur nos potentialités.
L’amoindrissement de la capacité du pays à autofinancer ses opérations d’investissement ne date pas du début de la crise actuelle, n’est-ce pas ? Les chiffres issus de nos comptes financiers démontrent clairement que la rupture de la séquence du développement vertueux est intervenue dès l’exercice 2001. Les évènements du 11 septembre à NY USA constituent certainement un tournant à prendre en considération.
Un autre indicateur objectif est le PIB. Ce qui constitue l’indicateur de la richesse du pays est passé de 5,11% en 2000 en valeur PIB volume (nette) à 3,45% en 2003 pour s’établir pour la première fois en négatif à -0,43% en 2006. Depuis 2008, ses valeurs successives auront été de -2,7% puis -2,3% en 2009. La prévision du gouvernement pour 2010, telle qu’elle ressort du DOB, affiche -1,2%. La projection médiane pour 2011 s’établissant quant à elle à -0,5%, selon les estimations du prochain budget que le gouvernement compte nous présenter avant la fin de cette année.
Les quelques chiffres que je viens de citer sont significatifs de l’ampleur de la crise que traverse la société polynésienne. Ses effets sur l’appauvrissement des ménages, sur les pertes d’emplois ou sur le niveau des prestations sociales soutenables pour le pays constituent aujourd’hui des sujets de préoccupation quotidienne pour la population. En effet, l’impact de la crise économique est manifestement plus fort en Polynésie qu’il ne l’est en France métropolitaine ou ailleurs dans le monde occidental.
C’est dans ce contexte, Monsieur le Président Tong Sang, que vous prenez la décision de reprendre le pouvoir au mois de novembre 2009, en ignorant très certainement l’ampleur de la situation de crise et en pensant que la politique de l’immobilisme vous permettrait de traverser cette période sans encombre. Et là, vous commettez une grave erreur qui aura conduit nos partenaires financiers comme l’agence française du développement à se méfier de notre capacité de réaction face à l’adversité et poussé l’agence de notation S&P à nous infliger une nouvelle note abaissée démoralisant tout nouvel investisseur à avoir confiance dans le pays.
Les mesures courageuses de redressement des finances publiques auraient dues être prises dès la fin de l’année dernière. Non pas qu’une révision de la fiscalité à la hausse constituait en soi un objectif louable, mais elle était nécessaire, voire même primordiale au maintien d’une bonne qualité de nos services publics. Elle répondait également au souci de ne pas entraîner de pertes d’emplois massives dans la fonction publique comme cela est aujourd’hui envisagé par le rapport Bolliet tout en mettant en œuvre un plan de restructuration des finances du pays issu de l’expertise commandée auprès des services de l’Etat et de l’IGF.
Bref, la « motion de trop » est venue plomber encore plus la confiance de nos partenaires économiques et financiers, de même que l’Etat, dans notre capacité à redresser la barre.
Douze mois se sont depuis écoulés…
LE DEBAT SUR LE DOB
Aujourd’hui, vous vous présentez devant nous dans le cadre d’un nouveau débat portant sur les orientations budgétaires de votre gouvernement pour l’année 2011. Cet exercice difficile mais nécessaire doit vous permettre d’analyser les effets de la conjoncture internationale puis locale au travers de ses mécanismes et effets macro et microéconomiques. Il vous oblige également à procéder à une véritable introspection de votre vision politique, économique et sociale afin d’en tirer la substantifique moelle nécessaire à la redéfinition des actions à entreprendre.
Je voudrais vous dire que votre document ne laisse transparaître aucune vision et ne m’a pas convaincu sur votre capacité à redresser la situation économique et sociale de la Polynésie française.
D’abord parce que la situation alarmante que nous connaissons aurait dû vous inciter à réfléchir sur un plan pluriannuel de redressement et de relance, et non pas sur la seule année 2011. A cet égard, le rapport Bolliet que vous avez commandé fait bien état de préconisations à suivre sur plusieurs exercices, la modification du cap dans le redressement des finances publiques nécessitant une succession de mesures à programmer entre 2010 et 2014.
Mon deuxième point de regret porte sur la forme de votre document d’orientation budgétaire. Il nous apparaît clairement que son élaboration repose pour l’essentiel sur un « assemblage » de réflexions et de propositions émanant de vos ministres ou de leurs services sans cohérence entre elles. Il manque à ce document un fil d’Ariane qui aurait dû être votre vision de l’avenir au travers de projets d’envergure capables de régénérer la confiance tant nécessaire au redémarrage économique. Après une première partie portant sur l’analyse du contexte international, local puis budgétaire, vous vous lancez dans l’énumération de propositions couvrant des sujets aussi vastes que la fiscalité, la protection sociale généralisée, le soutien à l’économie polynésienne, votre politique de travaux pour le BTP, l’emploi, la politique foncière, la solidarité, la santé, l’éducation, la culture, l’environnement et enfin la politique énergétique.
Votre document d’orientation budgétaire ressemble un catalogue de mesures, à une profession de foi inconsistante ou à un programme électoral retraçant des intentions sans en définir les moyens. Il ne décrit aucunement vos priorités en fonction des interrogations légitimes de notre population. Par exemple, et je cite en vrac, on ne sait toujours pas si l’on réalise à Taravao une « ville nouvelle » basée sur les perspectives de développement du port de Faratea. Un tel projet permettrait pourtant de rééquilibrer le développement de l’île de Tahiti entre la zone urbaine de Papeete et la presqu’île. On ne sait toujours pas si la route expresse Punaauia/Taravao constitue pour votre gouvernement une priorité et quelles sont les décisions que vous seriez amenés à prendre pour permettre sa réalisation. Quelles sont vos priorités en matière de déconcentration administrative aux fins de permettre une plus grande proximité des services publics au regard de votre politique d’aménagement du territoire ? Quels moyens emploierez-vous pour permettre aux élèves ou aux étudiants souhaitant être scolarisés sur Tahiti de pouvoir le faire dans des conditions optimales ? Qu’en est-il du fameux projet de construction d’un palais des congrès, fortement utile au développement du secteur touristique et culturel ? Est-ce toujours l’arlésienne ? Quels sont concrètement les nouveaux produits que vous comptez développer aux fins de répondre aux marchés cibles touristiques ? Bref, je m’arrête là tellement la liste de questionnements est longue et toucherait l’ensemble des sujets de préoccupation de notre population.
De même, en matière d’hypothèse de croissance du PIB laquelle conditionne le niveau de l’effort que consent votre gouvernement dans le redressement rapide de notre économie, vous optez pour un scénario central laissant augurer une poursuite de la récession (-0,5%) ! Il n’y a donc aucun espoir de voir dès 2011 une reprise économique permettant d’assurer les créations d’emplois nécessaires aux milliers de foyers polynésiens dans l’attente ? Nous savons tous que le retour vers la croissance s’opère en ce moment dans la plupart des pays du monde, y compris dans notre région du pacifique. N’avez-vous pas envisagé de surfer sur cette croissance afin de tirer profit d’une reprise de nos activités économiques ?
Mais pourquoi diable avez-vous donc souhaité récupérer le pouvoir ? Les polynésiens sont-ils donc condamnés à désespérer tout au long de la prochaine année ? Le message que vous leur adressez serait-il de se reconvertir dans le développement de ces économies parallèles qui tuent les valeurs fondamentales de notre société ?
Nous craignons fort que votre document budgétaire qui sera présenté à la sanction de notre assemblée ne se résume qu’à un cadrage chiffré sans réelles ambitions de relance de notre développement économique. Nous devinons même que vous poursuivrez le saupoudrage de nos moyens d’investissement comme cela a été le cas ces dernières années, dans des opérations à vocation politique sensées vous permettre de préserver le reste de vos soutiens politiques, particulièrement dans les archipels.
Mais, vous vous trompez. La population est lasse de voir ses dirigeants dilapider les fonds publics dans des opérations aussi dispendieuses qu’inutiles. Elle souhaite aujourd’hui, plus qu’hier, que l’on réponde à ses besoins primaires en matière d’emploi, de logement, de règlement du problème foncier, de conditions de scolarité dignes pour ses enfants, d’une protection sociale fiable, d’un accès plus libre à la consommation ou du droit à se mouvoir sur des routes libérées des sempiternelles bouchons.
La population polynésienne est malade. Il faut être aveugle pour ne pas le remarquer. L’obésité gagne du terrain. Il nous faut un véritable plan Marshall pour lutter contre ce fléau en développant une politique de prévention multidisciplinaire. Rien ne transparait de vos intentions dans ce domaine sinon le démantèlement de l’EPAP et la mise à mort de la maison du diabétique. De même, les jeunes livrés au Paka ou à l’alcool nous lancent un véritable cri à l’aide. Des structures adaptées doivent voir le jour afin de permettre une prise en charge de leurs conditions. Là encore, rien ne transparaît dans vos plans.
En conclusion, Monsieur le Président, nous attendrons votre projet de budget 2011 sans espoir. Puisque de toute manière ce terme est banni de vos priorités.
Salutations.
Jean-Christophe Bouissou