Débarquements dans des pays tiers: l'UE ne veut pas d'"un Guantanamo pour migrants"


Bruxelles, Belgique | AFP | jeudi 21/06/2018 - L'UE envisage bien la création dans des pays tiers de "plateformes régionales de débarquement" de migrants secourus en mer, mais il ne s'agit pas de créer des "Guantanamo pour migrants", a assuré jeudi le commissaire européen aux migrations Dimitris Avramopoulos.

"La Commission est en discussions avec les Nations Unies et l'Organisation internationale des migrations (OIM) sur comment un dispositif de débarquement régional pourrait fonctionner", a confirmé M. Avramopoulos lors d'une conférence de presse à Bruxelles.
De tels centres, dont les modalités et la localisation restent floues, devraient respecter le droit international ainsi que "les valeurs européennes", a-t-il dit. 
"Je ne veux pas d'un Guantanamo pour migrants (...), ce n'est pas ce dont nous discutons ou ce que nous avons proposé", a-t-il insisté en référence à la prison américaine située à Cuba.
La création hors de l'UE de centres de débarquement de migrants secourus en mer enverrait le message "qu'embarquer dans un bateau ne signifie pas un voyage gratuit vers l'UE", a-t-il fait valoir, assurant que la Commission allait "explorer les possibilités et la volonté des Etats membres" de concrétiser de tels projets.
Il a indiqué que la Commission était en discussions avec le HCR (Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés) et l'OIM sur les contours de ces "plateformes de débarquement régionales", où pourraient être distingués avant leur arrivée en Europe les migrants économiques à renvoyer vers leurs pays et les migrants pouvant prétendre à l'asile au sein de l'Union.
Cette idée, qui suscite beaucoup de réticences et des doutes sur sa compatibilité avec le droit international, avait jusqu'ici toujours été abordée de manière isolée par certains Etats membres. Mais elle est inscrite dans un "projet de conclusions" du sommet européen programmé les 28-29 juin à Bruxelles, dans un contexte de fortes divisions face à la pression migratoire.
L'hypothèse d'en installer en Tunisie ou encore en Albanie est souvent évoquée à Bruxelles, mais M. Avramopoulos a admis qu'il n'y avait "pour l'instant aucun pays" tiers ayant manifesté la volonté d'y participer. C'est "parce qu'aucune proposition officielle n'a été faite", a-t-il dit.
A quelques jours d'un mini-sommet entre plusieurs pays européens à Bruxelles, et avant un sommet à 28 les 28-29 juin, la Commission a mis sur la table jeudi ses propositions pour dépasser les divisions européennes sur les migrations.
M. Avramopoulos a notamment appelé à accélérer les renvois de migrants irréguliers vers leurs pays d'origine et à intensifier la coopération avec les pays africains pour lutter contres les causes des migrations.
Il a aussi reproché aux Etats membres de ne pas honorer leurs engagements envers le fond mis en place pour l'Afrique. "Ils devraient s'engager à verser au moins 500 millions d'euros pour combler le déficit de financement le plus rapidement possible", a-t-il dit.
Il a également déploré leur manque de contribution en personnels et en équipements à l'Agence européenne de gardes-frontières, dont la Commission propose de faire une "véritable police des frontières de l'UE" avec 10.000 employés à terme.
Les dirigeants des pays européens devraient boucler la réforme du régime d'asile européen "avant la fin de l'année", a aussi dit M. Avramopoulos, abandonnant ainsi l'objectif d'un compromis sur ce dossier lors du sommet de fin juin, comme initialement visé.

le Jeudi 21 Juin 2018 à 05:36 | Lu 317 fois