De nouveaux emprunts donc de nouvelles dettes


PAPEETE, vendredi 12 avril 2013. En 2012, la Polynésie française a emprunté 13,7 milliards de Fcfp. En 2013, le budget prévisionnel prévoit une enveloppe générale d’emprunt fixée à 9,8 milliards. En février dernier Pierre Frébault a signé pour un emprunt de 2,4 milliards de Fcfp avec la Sfil (Société de financement local), une banque publique. Il prévoit enfin de s’engager avec la banque HSBC via un emprunt obligataire pour un montant de 6 milliards de Fcfp en 2013, mais avec un total disponible de 21,6 milliards de Fcp en trois ans. Une sorte de ligne de crédit ouverte selon les besoins qui s’exprimeront entre 2013 et 2015. De quoi assurer des investissements nouveaux, certes. Mais ces nouveaux emprunts alourdissent l’endettement du Pays.

Que ces nouveaux emprunts de 2013 ne soient plus toxiques, qu’ils aient des taux beaucoup plus raisonnables qu’avant la crise bancaire et financière mondiale, ne change rien à l’essentiel : il faudra bien rembourser tout cet argent et avec les intérêts. Depuis plusieurs années le Pays vit à crédit. Le poids de la dette s’aggrave. Il était de 88 milliards de Fcfp au 31 décembre 2012, il sera de 94,6 milliards à la fin de l’année. C’est plus que l’ensemble des recettes fiscales évaluées à 88 milliards de Fcfp en 2013. Chaque nouveau crédit a son corollaire : des annuités d’emprunts de plus en plus lourdes. Les annuités des différents emprunts pèsent pour 14,3 milliards de Fcfp sur le budget général de 2013. C’est-à-dire que les remboursements des emprunts en 2013 rognent déjà 10,5% des capacités du budget global.



Les 500 milliards de Fcfp d’aide chinoise : quelle réalité ?

La campagne électorale des prochaines territoriales est propice aux effets d’annonce vertigineux. Le chiffre avancé dans divers camps d’un possible soutien financier de la Chine à la Polynésie à hauteur de 500 milliards de Fcfp a de quoi donner le tournis. Même si ce prêt était consenti pour 10 ou 15 ans, est-il seulement réaliste ? Il est vrai que la Chine est devenue un pourvoyeur de fonds, un partenaire essentiel dans tout le Pacifique sud. En 2011 (selon la revue Hermès N°65, une publication du CNRS), la Chine a octroyé entre 150 à 300 millions d’euros de prêt au développement aux petits pays du Pacifique sud. Soit entre 17 et 35 milliards de Fcfp pour une année, répartis entre Kiribati, les îles Marshall, Nauru, Palau, les îles Salomon et Tuvalu. En comparaison les 500 milliards de Fcfp concentrés sur la seule Polynésie française, même sur 15 ans, feraient une enveloppe de 33 milliards de Fcfp par an. Ce qui parait encore fortement démesuré.

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 12 Avril 2013 à 15:44 | Lu 1323 fois