De fortes précipitations prévues après l’épisode de chaleur


Victoire Laurent, chef de la division étude et climatologie à Météo-France.
FAAA, 11 avril 2016 - Les fortes chaleurs ressenties sur les îles de la Société et aux Marquises ces derniers jours sont la conséquence de températures maximales légèrement au-dessus des moyennes saisonnières conjuguées à un vent faible et à une température océanique particulièrement élevée.

Les îles de la Société traversent ces derniers jours un épisode particulièrement chaud. Dimanche, la station de Faa’a a enregistré un maximum de 33,1°Celsius (C) et une hydrométrie de 85% à peine atténuée par une brise de 1,7 mètre par seconde. Sur Bora Bora, la température était de 32,5°C samedi, avec un vent de 4,6 m/s. Et si l’on en croit l’historique de la station météorologique de Faa’a, il est assez probable que cet épisode de chaleur ait été particulièrement ressenti sur les côtes nord et est de Tahiti. Mais nous n’en sommes pas encore aux records historiques de 34,5°C en 1994 à Faa’a ou de 39°C à Tiarei (Hitia’a o te Ra) en 1998.

Pour l’instant depuis début avril le thermomètre se maintient globalement autour de 1,5 degré au-dessus de la normale saisonnière avec des pics de température à 2°C. "Il n’y a aucun caractère exceptionnel dans températures mesurée", relativise d’ailleurs Victoire Laurent, chef de la division étude et climatologie à Météo-France. "Ce qui est caractéristique aujourd’hui, c’est la température de la mer, en surface. La mer restitue durant la nuit la chaleur emmagasinée de jour. Cela réchauffe l’atmosphère. Et les températures ne diminuent pas suffisamment durant la nuit. Cela génère des températures minimum élevées. Et le soir, on n’a pas cette sensation de fraîcheur. Il ne faut pas isoler le caractère température. Je dirais que ce que nous vivons ces jours-ci est un inconfort bioclimatique : la mer est chaude ; nous avons traversé des phases, notamment ce week-end où le vent est tombé, ce qui a conduit à une plus forte sensation de chaleur ; et à cela il faut ajouter une forte humidité, entre 75 et 78%. C’est cet ensemble de facteurs cumulés qui donnent la sensation d’inconfort que nous vivons actuellement".

Et cela risque de durer encore quelques jours visiblement. La température en surface de l’océan proche de 29,5°C autour de Tahiti. Elle atteignait les 30°C aux îles Sous-le-vent et aux Marquises, lundi, avec un maximum observé de 30,4°C au Nord de Bora Bora. "C’est quand-même assez élevé", reconnait Victoire Laurent. "Je pense qu’aujourd’hui encore (lundi), les gens ont eu de fort ressentis de chaleur sur ces zones-là".

Cette chaleur anormale de l’océan provoque de l’évaporation et laisse craindre des épisodes pluvieux et du mauvais temps dans les jours à venir. Jusqu’au 24 avril le centre de prévision météorologique analyse une forte probabilité de précipitations abondantes et largement supérieures à la normale, sur les îles de la Société jusqu’au Australes.

El Niño décline mais reste fort

Le phénomène El Niño poursuit une phase de déclin observée depuis fin janvier dernier mais demeure sous surveillance étroite. Il reste mesuré fort en mars avec des températures océaniques voisines des 2°C au-dessus de la normale saisonnière, autour de l’équateur. Ce courant chaud qui traverse la zone tropicale est générateur de phénomènes cycloniques. S’il s’atténue avec la baisse de l’intensité de El Niño, le risque cyclonique reste encore probable jusqu’en mai prochain. En 1983, le cyclone Veena avait dévasté la Polynésie le 12 avril.
Le phénomène El Niño continue de s'atténuer mais devrait rester fort jusqu'en mai (graphique : variation de la température de l'océan autour de la normale saisonnière).

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 11 Avril 2016 à 16:20 | Lu 4170 fois