Paris, France | AFP | mardi 14/03/2017 - Symbole controversé de la politique sécuritaire de Lionel Jospin, elle avait été enterrée par Nicolas Sarkozy. Mais à l'approche de la présidentielle, la "police de proximité" fait son retour dans le débat politique chez plusieurs candidats, de Jean-Luc Mélenchon à Emmanuel Macron.
Le 3 février 2003 à Toulouse, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, torpille cette invention de la gauche devant les caméras et des policiers médusés: "vous n'êtes pas des travailleurs sociaux. Organiser un match de rugby pour les jeunes du quartier, c'est bien mais ce n'est pas la mission première de la police".
En quelques phrases, il ne signe pas seulement l'arrêt de mort technique de cette mesure-phare des années Jospin (1997-2002) censée rapprocher police et population, il la disqualifie aussi pour de nombreuses années.
"En 2007 ou en 2012, la gauche était restée relativement prudente sur cette question", observe Jacques de Maillard, qui a piloté un rapport du think tank Terra Nova, classé à gauche, sur les liens police-population publié en novembre.
Pour ce chercheur, "on peut considérer que Sarkozy a réussi un vrai coup symbolique et politique en associant la police de proximité à une police faible et en valorisant la police d'interpellation comme la seule vraie police". "Même quand la gauche a critiqué la culture du chiffre, cela ne l'a pas conduite à proposer une alternative."
"Un manque de courage", estime Jean-Pierre Havrin, considéré comme l'un des pères de la police de proximité. Selon cet ancien directeur départemental de la sécurité publique passé par le cabinet de Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin, la "pol prox" est pourtant un "vrai marqueur" entre droite et gauche.
- Pas une 'sous-police' -
Alors que la question sensible des relations entre la jeunesse et la police dans les quartiers difficiles revient en force depuis l'"affaire Théo", du nom de ce jeune homme victime d'un viol présumé lors de son interpellation, il n'est donc pas étonnant de retrouver cette proposition du côté de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon ou chez le candidat socialiste Benoît Hamon. Tous deux plaident pour un "retour de la police de proximité" qu'ils ne veulent pas réduire à un "slogan", comme le précise Elisa Martin, secrétaire nationale chargée de la "sûreté" au Parti de gauche et première adjointe au maire de Grenoble.
"On demande l'arrêt de la +bâtonnite+, de la politique du chiffre. La police de proximité c'est poser la question de +comment on évalue le travail de la police+. Mais il faut aussi avoir l'adhésion des policiers pour qu'ils n'aient pas l'impression que cela soit de la sous-police", détaille-t-elle.
Promettant comme ses deux challengers des milliers de créations de postes dans la police, Emmanuel Macron veut également "créer une police de sécurité quotidienne" qui "construise avec les élus de terrain, avec la population et l'ensemble des acteurs, les solutions de sécurité", a-t-il souligné lundi lors d'une visite dans un commissariat parisien.
La "police de sécurité quotidienne" de M. Macron est-elle la police de proximité de 2017? "Quel que soit le nom qu'on lui donnera, il faudra absolument remettre à l'ordre du jour une organisation policière au plus près de nos concitoyens", déclarait en février le candidat du mouvement En marche au Figaro.
La précaution lexicale n'est pas superflue tant la "pol prox" est l'objet de sentiments contrastés au sein de la police, en raison de sa mise en place à marche forcée au carrefour des années 2000 couplée à l'instauration des 35 heures, qui ont fait tanguer l'organisation quotidienne de la maison police.
"Le retour de la police de proximité? Qu'est-ce que ça veut dire?", interroge Jean-Claude Delage, le patron d'Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix. "Si c'est le retour au concept mis en place dans les années 1990 qui a consisté à déshabiller Pierre pour habiller Paul, pour avoir du bleu dans la rue qui récoltait des infos et du contact sans suivi judiciaire derrière, alors il n'y a aucun intérêt à revenir à ces vieilles recettes."
Le 3 février 2003 à Toulouse, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, torpille cette invention de la gauche devant les caméras et des policiers médusés: "vous n'êtes pas des travailleurs sociaux. Organiser un match de rugby pour les jeunes du quartier, c'est bien mais ce n'est pas la mission première de la police".
En quelques phrases, il ne signe pas seulement l'arrêt de mort technique de cette mesure-phare des années Jospin (1997-2002) censée rapprocher police et population, il la disqualifie aussi pour de nombreuses années.
"En 2007 ou en 2012, la gauche était restée relativement prudente sur cette question", observe Jacques de Maillard, qui a piloté un rapport du think tank Terra Nova, classé à gauche, sur les liens police-population publié en novembre.
Pour ce chercheur, "on peut considérer que Sarkozy a réussi un vrai coup symbolique et politique en associant la police de proximité à une police faible et en valorisant la police d'interpellation comme la seule vraie police". "Même quand la gauche a critiqué la culture du chiffre, cela ne l'a pas conduite à proposer une alternative."
"Un manque de courage", estime Jean-Pierre Havrin, considéré comme l'un des pères de la police de proximité. Selon cet ancien directeur départemental de la sécurité publique passé par le cabinet de Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin, la "pol prox" est pourtant un "vrai marqueur" entre droite et gauche.
- Pas une 'sous-police' -
Alors que la question sensible des relations entre la jeunesse et la police dans les quartiers difficiles revient en force depuis l'"affaire Théo", du nom de ce jeune homme victime d'un viol présumé lors de son interpellation, il n'est donc pas étonnant de retrouver cette proposition du côté de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon ou chez le candidat socialiste Benoît Hamon. Tous deux plaident pour un "retour de la police de proximité" qu'ils ne veulent pas réduire à un "slogan", comme le précise Elisa Martin, secrétaire nationale chargée de la "sûreté" au Parti de gauche et première adjointe au maire de Grenoble.
"On demande l'arrêt de la +bâtonnite+, de la politique du chiffre. La police de proximité c'est poser la question de +comment on évalue le travail de la police+. Mais il faut aussi avoir l'adhésion des policiers pour qu'ils n'aient pas l'impression que cela soit de la sous-police", détaille-t-elle.
Promettant comme ses deux challengers des milliers de créations de postes dans la police, Emmanuel Macron veut également "créer une police de sécurité quotidienne" qui "construise avec les élus de terrain, avec la population et l'ensemble des acteurs, les solutions de sécurité", a-t-il souligné lundi lors d'une visite dans un commissariat parisien.
La "police de sécurité quotidienne" de M. Macron est-elle la police de proximité de 2017? "Quel que soit le nom qu'on lui donnera, il faudra absolument remettre à l'ordre du jour une organisation policière au plus près de nos concitoyens", déclarait en février le candidat du mouvement En marche au Figaro.
La précaution lexicale n'est pas superflue tant la "pol prox" est l'objet de sentiments contrastés au sein de la police, en raison de sa mise en place à marche forcée au carrefour des années 2000 couplée à l'instauration des 35 heures, qui ont fait tanguer l'organisation quotidienne de la maison police.
"Le retour de la police de proximité? Qu'est-ce que ça veut dire?", interroge Jean-Claude Delage, le patron d'Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix. "Si c'est le retour au concept mis en place dans les années 1990 qui a consisté à déshabiller Pierre pour habiller Paul, pour avoir du bleu dans la rue qui récoltait des infos et du contact sans suivi judiciaire derrière, alors il n'y a aucun intérêt à revenir à ces vieilles recettes."