Crédit Sebastien SALOM-GOMIS / AFP
Saint-Jean-de-Luz, France | AFP | mercredi 21/02/2024 - La météo défavorable a contrarié la reprise de la pêche dans le Golfe de Gascogne mercredi matin, après une interdiction inédite d'un mois pour préserver les dauphins concernant environ 450 navires français.
Pour la première fois depuis le 22 janvier et le début de cette fermeture aux effets encore difficiles à évaluer, une poignée de navires sont sortis peu après minuit du port de Saint-Jean-de-Luz/Ciboure (Pyrénées-Atlantiques), épargné par la dépression qui a laissé à quai de nombreux bateaux du Finistère à Capbreton (Landes).
Philippe Amparan est parti pêcher la sardine avec ses cinq salariés.
"C'est de la folie douce, on n'a rien pu faire sur le bateau et on a perdu le mois de février qui est essentiel, car la saison de la sardine s'arrête à la fin du mois", souffle le patron de "L'Aventurier", redoutant de faire quatre mois à blanc ensuite.
Février est aussi le plus gros mois de l'année pour Olivier Mercier, parti pour une semaine à bord de "L'Océane III" pêcher avant tout de la sole avec ses marins, essentiellement portugais.
Il redoute d'attendre "des mois" les indemnisations promises par le gouvernement et fustige les décomptes d'échouage de dauphins.
"Dimanche, il y aura du très mauvais temps et il ne faudra pas nous imputer les nouvelles carcasses que l'on pourrait retrouver", prévient-il.
Premiers paiements en mars
Saisi par des associations, le Conseil d'Etat a ordonné en mars 2023 au gouvernement de fermer certaines zones aux navires de huit mètres ou plus, équipés de certains filets, pour "limiter les décès accidentels de dauphins et marsouins".
Le Ciem, l'organisme scientifique international de référence, estime qu'environ 9.000 dauphins communs meurent chaque année par capture accidentelle sur la façade atlantique française, près du double du niveau soutenable.
Du 16 janvier au 15 février, davantage de petits cétacés se sont échoués (164 contre 130 l'an dernier) selon le dernier bulletin de suivi du secrétariat à la Mer, qui évoque cependant des chiffres à prendre avec précaution.
Olivier Van Canneyt, biologiste à l'observatoire Pelagis, qui coordonne le réseau national d'échouages, appelle également à "attendre d'avoir les calculs de mortalité totale sur l'hiver" et souligne que les années ne sont pas comparables.
L'an dernier, "les conditions pour qu'un échouage se produise étaient quasi nulles, donc il y a en eu assez peu, alors que là, on a eu des conditions de dérive (des cadavres) très favorables, mais pas de gros pic d'échouages", précise-t-il.
En outre, dans la zone entre Loire et Gironde, qui concentre habituellement les pics d'échouage hivernaux "avec 60 à 70% des animaux présentant des tracs de captures accidentelles", "quasiment aucun animal autopsié n'est mort par capture accidentelle. C'est un vrai résultat", ajoute-t-il.
Pour compenser les pertes de la filière, le gouvernement a promis des indemnités à hauteur de "80 à 85%" du chiffre d'affaires selon les types de pêche, avec des premiers paiements courant mars, et allant "jusqu'à 75% de leurs pertes" pour les mareyeurs.
Alternatives à l'étude
Mais le comité national des pêches a déploré mardi "la lenteur des pouvoirs publics à valider les modalités d'indemnisation".
"Les pêcheurs veulent travailler dignement, pas rester à la maison et toucher des enveloppes", tonne Raymond Millet, patron du "Jeannot" à La Rochelle. "N'importe quel pêcheur préfère aller gagner sa croûte et travailler en mer".
Cette "fermeture spatio-temporelle" doit être renouvelée les deux prochains hivers, mais le président du comité interdépartemental des pêches des Landes/Pyrénées-Atlantiques, Serge Larzabal, espère "pouvoir continuer à travailler l'année prochaine", grâce aux dispositifs dissuasifs installés sur les bateaux pour réduire les prises accidentelles.
Des dérogations étaient prévues pour les navires équipés de tels dispositifs ou de caméras, mais le Conseil d'Etat les a jugées fin décembre "trop importantes pour que la fermeture de la pêche ait un effet suffisant sur les captures accidentelles".
Clara Ulrich, coordinatrice des expertises halieutiques à l'Ifremer, souligne "que l'interdiction actuelle est une mesure d'urgence" dans une interview publiée sur le site de l'institut la semaine dernière.
"Des alternatives à de telles fermetures annuelles sont à l'étude", "qui allieraient des solutions technologiques, d'autres modes de fermetures spatio-temporelles ou des réductions d'effort de pêche", ajoute-t-elle, évoquant aussi "des mesures incitatives expérimentées dans d'autres régions du monde".
Pour la première fois depuis le 22 janvier et le début de cette fermeture aux effets encore difficiles à évaluer, une poignée de navires sont sortis peu après minuit du port de Saint-Jean-de-Luz/Ciboure (Pyrénées-Atlantiques), épargné par la dépression qui a laissé à quai de nombreux bateaux du Finistère à Capbreton (Landes).
Philippe Amparan est parti pêcher la sardine avec ses cinq salariés.
"C'est de la folie douce, on n'a rien pu faire sur le bateau et on a perdu le mois de février qui est essentiel, car la saison de la sardine s'arrête à la fin du mois", souffle le patron de "L'Aventurier", redoutant de faire quatre mois à blanc ensuite.
Février est aussi le plus gros mois de l'année pour Olivier Mercier, parti pour une semaine à bord de "L'Océane III" pêcher avant tout de la sole avec ses marins, essentiellement portugais.
Il redoute d'attendre "des mois" les indemnisations promises par le gouvernement et fustige les décomptes d'échouage de dauphins.
"Dimanche, il y aura du très mauvais temps et il ne faudra pas nous imputer les nouvelles carcasses que l'on pourrait retrouver", prévient-il.
Premiers paiements en mars
Saisi par des associations, le Conseil d'Etat a ordonné en mars 2023 au gouvernement de fermer certaines zones aux navires de huit mètres ou plus, équipés de certains filets, pour "limiter les décès accidentels de dauphins et marsouins".
Le Ciem, l'organisme scientifique international de référence, estime qu'environ 9.000 dauphins communs meurent chaque année par capture accidentelle sur la façade atlantique française, près du double du niveau soutenable.
Du 16 janvier au 15 février, davantage de petits cétacés se sont échoués (164 contre 130 l'an dernier) selon le dernier bulletin de suivi du secrétariat à la Mer, qui évoque cependant des chiffres à prendre avec précaution.
Olivier Van Canneyt, biologiste à l'observatoire Pelagis, qui coordonne le réseau national d'échouages, appelle également à "attendre d'avoir les calculs de mortalité totale sur l'hiver" et souligne que les années ne sont pas comparables.
L'an dernier, "les conditions pour qu'un échouage se produise étaient quasi nulles, donc il y a en eu assez peu, alors que là, on a eu des conditions de dérive (des cadavres) très favorables, mais pas de gros pic d'échouages", précise-t-il.
En outre, dans la zone entre Loire et Gironde, qui concentre habituellement les pics d'échouage hivernaux "avec 60 à 70% des animaux présentant des tracs de captures accidentelles", "quasiment aucun animal autopsié n'est mort par capture accidentelle. C'est un vrai résultat", ajoute-t-il.
Pour compenser les pertes de la filière, le gouvernement a promis des indemnités à hauteur de "80 à 85%" du chiffre d'affaires selon les types de pêche, avec des premiers paiements courant mars, et allant "jusqu'à 75% de leurs pertes" pour les mareyeurs.
Alternatives à l'étude
Mais le comité national des pêches a déploré mardi "la lenteur des pouvoirs publics à valider les modalités d'indemnisation".
"Les pêcheurs veulent travailler dignement, pas rester à la maison et toucher des enveloppes", tonne Raymond Millet, patron du "Jeannot" à La Rochelle. "N'importe quel pêcheur préfère aller gagner sa croûte et travailler en mer".
Cette "fermeture spatio-temporelle" doit être renouvelée les deux prochains hivers, mais le président du comité interdépartemental des pêches des Landes/Pyrénées-Atlantiques, Serge Larzabal, espère "pouvoir continuer à travailler l'année prochaine", grâce aux dispositifs dissuasifs installés sur les bateaux pour réduire les prises accidentelles.
Des dérogations étaient prévues pour les navires équipés de tels dispositifs ou de caméras, mais le Conseil d'Etat les a jugées fin décembre "trop importantes pour que la fermeture de la pêche ait un effet suffisant sur les captures accidentelles".
Clara Ulrich, coordinatrice des expertises halieutiques à l'Ifremer, souligne "que l'interdiction actuelle est une mesure d'urgence" dans une interview publiée sur le site de l'institut la semaine dernière.
"Des alternatives à de telles fermetures annuelles sont à l'étude", "qui allieraient des solutions technologiques, d'autres modes de fermetures spatio-temporelles ou des réductions d'effort de pêche", ajoute-t-elle, évoquant aussi "des mesures incitatives expérimentées dans d'autres régions du monde".