Dans le labyrinthe d’Angkor


Tahiti, le 19 mars 2021 - Principale attraction touristique du Cambodge, le site archéologique d’Angkor attirait plus de deux millions de visiteurs en 2019, avant que cet ensemble unique ne retombe brutalement en sommeil, Covid oblige. En 2020, seule une poignée de visiteurs a pu se rendre sur place et même les missions archéologiques de restauration ont sensiblement ralenti. A défaut de pouvoir y aller dans les mois qui viennent, et profitant du silence qui s’est abattu sur ce site d’ordinaire bondé de visiteurs, Tahiti Infos vous convie à une petite balade dans quelques-uns des principaux monuments de l’ancienne capitale khmère.
 
Les Cambodgiens anciens disaient venir de Java, appellation imprécise qui ne désignait pas forcément l’actuelle île de Java, comme les Pascuans disent venir de Hiva sans savoir réellement d’où ils sont arrivés. Ce serait au roi Yashovarman 1er (889-910) que l’on devrait la fondation première d’Angkor, son père et son grand-père Indravarman 1er et Jayavarman II ayant visiblement bâti à proximité plusieurs capitales éphémères. 


Le somptueux temple du Bayon se mirant dans les eaux de ses douves. Son nom est dérivé d’une appellation signifiant palais du dieu Indra. Dû à Jayavarman VII, pour un culte bouddhique shivaite, il est daté de la toute fin du XIIe siècle et du début du XIIIe. On écrit Bayon, mais on prononce Bayonne, comme la ville française du Pays basque. Il est situé au centre géographique de l’immense enceinte d’Angkor Thom. Le temple est entouré d’une muraille dont les tours affichent quatre visages apparemment sereins, sinon mystérieusement indifférents. Des “Mona Lisa” asiatiques de pierre en quelque sorte....
De l’eau et une roche tendre
 
Le premier nom d’Angkor est Yashodarapura. La cité demeura la capitale de l’empire khmer jusqu’au milieu du XVe siècle (sauf pendant une vingtaine d’années où elle sera déplacée à une centaine de kilomètres au nord-est, à Koh Ker). Les rois cambodgiens avaient trouvé sur place deux éléments fondamentaux leur permettant d’exprimer leur puissance : de l’eau en abondance (il faut produire pour nourrir une ville) et une roche tendre, du grès, solide certes, mais facile à travailler, à extraire et à sculpter. 

Les Khmers n’étaient pas apparus dans cette région par l’opération d’un quelconque Saint-Esprit asiatique. Les premières traces de cité remontent dans ce pays à 1 800 av J.C. et les données scientifiques recueillies lors des fouilles ont fait apparaître une adaptation morphologique étonnante ; ce peuple vivant dans une zone tropicale très humide résistait naturellement à la malaria, autrement dit au paludisme transmis par les moustiques. 

Pendant de nombreux siècles, l’unification de l’actuel Cambodge s’était avérée irréalisable et ce n’est qu’à partir de cette réunification qu’Angkor put prendre toute son importance.

Le grès, facile à travailler, a incité chaque monarque à faire bâtir son temple-montagne, une religiosité exacerbée multipliant les autres temples, au point que l’on en a recensé deux cents sur ce site. Le plus célèbre d’entre eux est bien entendu le temple d’Angkor Vat, bâti par Suryavarman II (1113-1152), devenu l’emblème même du site et même du pays tout entier, puisque sa silhouette figure sur le drapeau du Cambodge actuel.

Cette statue représente le dieu Vishnu transformé en Lokesvara dans le temple d’Angkor Vat. Le Lokesvara est une forme non encore accomplie du Bouddha appelé Boddhisatva compatissant. Cette transformation montre combien les deux religions dominantes, bouddhisme et hindouisme, ont pu se mêler sur ce site.
Tantôt hindouistes, tantôt bouddhistes
 
Quand on parcourt Angkor pendant une bonne semaine, et nous avons eu la chance de le faire avec un spécialiste cambodgien, Hy Sanh, auteur d’un précieux guide paru aux Editions Milan, on comprend vite que les rois successifs ont parfois joué au ping-pong sur le plan religieux, étant tantôt hindouistes, tantôt bouddhistes. Ainsi Jayavarman VII (1181-1218) fut-il un bouddhiste du Grand Véhicule (auteur du fantastique et mystérieux temple du Bayon) tandis que son successeur, Jayavarman VIII (1243-1295) redevint hindouiste. D’où, sur place, des différences notables dans la statuaire, certes, mais également une forme de syncrétisme qui n’échappe pas aux visiteurs. Ainsi certains temples ont-ils été consacrés tantôt à Shiva ou Vishnu, tantôt à Bouddha, tantôt à l’un ou à l’autre... 
L’intolérance religieuse se manifesta parfois, mais globalement les croyances de chacun furent à peu près respectées au fil du temps, sauf peut-être justement sous le règne de Jayavarman VIII dont les grands prêtres s’ingénièrent à effacer les représentations de Bouddha et de Bodhisattva dans nombre de niches et de frontons de temples.

Angkor Vat est un nom moderne signifiant “capitale monastère”. Ce temple d’Etat a été bâti au XIIe siècle par le roi Suryavarman II. Il était dédié au dieu Vishnu. C’est le monument le mieux conservé de tous les temples khmers, car il est toujours un monastère et un lieu de culte (bouddhiste) depuis sa redécouverte au XVIe siècle (par le roi Ang Chan).
Mise à sac vers 1431
 
On connaît assez précisément l’histoire du site grâce aux fouilles entamées dès la fin du XIXe siècle, mais également grâce aux écrits très anciens d’un “touriste”, le Chinois Tcheou Ta Kouan, qui passa une année sur place en 1296. La puissance khmère était alors déjà déclinante, le chroniqueur venu de Chine notant que les voisins Siamois (actuelle Thaïlande) multipliaient les invasions, attirés par la richesse des Khmers. Ils grignotèrent petit à petit le royaume, jusqu’à la mise à sac et au pillage d’Angkor vers 1431 par les Thaïs du royaume d’Ayutthaya. La ville fut alors abandonnée, même si le roi Ang Chan 1er (1526-1556) réoccupa provisoirement la cité endormie et acheva les sculptures de la galerie extérieure d’Angkor Vat, après une victoire sur les Siamois. C’est d’ailleurs cette victoire qui donna le nom de la ville proche d’Angkor, Siem Reap qui signifie “Siamois vaincus”. 

Aujourd’hui, c’est à Siem Reap que la plupart des visiteurs logent lorsqu’ils décident de visiter Angkor, un site, vous l’avez compris, qui ne peut se découvrir et s’appréhender qu’au terme de plusieurs jours d’exploration. 

La ville, à son apogée, mesurait un millier de km2 (quasiment la surface de Tahiti) et abritait environ 750 000 personnes. 
On notera que la population vivait dans des maisons de bois, les monuments de pierre d’Angkor étant tous ou presque religieux ou cérémoniels.

1923 : Malraux pilleur d’Angkor

Pas trop regardante sur le passé plus que douteux d’André Malraux, la poste française lui a consacré un timbre en 1996, à l’occasion du vingtième anniversaire de sa mort. Il avait tenté de piller le temple de Banteay Srei pour de l’argent, mais quand l’Histoire veut fermer les yeux, elle sait gommer certaines aspérités...
Enfant relativement gâté, n’ayant pas fait d’études (il ne passa jamais son bac), André Malraux était en 1923 un jeune homme insouciant décidé à profiter de la vie en évitant soigneusement de travailler. Pour ce faire, il se donna du mal : il épousa d’abord Clara, riche héritière dont il dilapida la fortune en effectuant des placements en actions au Mexique, placements qui s’avérèrent être de très mauvaises affaires (lors de leur divorce, plus tard, Malraux se fendit d’une muflerie qui en dit long sur le personnage : “je ne vous avais épousé que pour votre argent”) ; à cours de “monnaie”, le garçon, bien introduit dans les milieux culturels parisiens de l’époque (artistes mais aussi antiquaires) décida de monter une expédition de pillage de monuments historiques, en l’occurrence ceux de la région d’Angkor au Cambodge. 

A l’époque, la très sérieuse Ecole française d’Extrême - Orient (EFEO) était déjà au travail sur place, mais Malraux, bonimenteur et surtout menteur, fit croire à Siem Reap qu’il était envoyé de Paris pour effectuer des moulages d’un temple à l’écart d’Angkor, le temple de Banteay Srei. Ces moulages, affirma-t-il avec audace, étaient destinés au musée Guimet. 

3 ans de prison ferme pour Malraux !
 
En septembre 1923, il avait d’ailleurs obtenu le feu vert du ministère des Colonies après avoir prétendu qu’il suivait des cours à l’École des langues orientales et qu’en échange de la responsabilité d’une mission archéologique, il ferait un don financier important à l’EFEO.
Une accumulation de mensonges permit ainsi à Malraux de débarquer au Cambodge fin 1923. A Siem Reap, ville proche d’Angkor, il prépara son expédition avec son épouse, Clara, et un complice, Louis Chevasson. Deux jours de cheval plus tard, les voilà à pied d’œuvre devant les ruines de Banteay Srei. Aussitôt les scies furent mises en œuvre (le grès des monuments est relativement tendre) et les deux hommes découpèrent ainsi une tonne de sculptures et quatre grands bas-reliefs. 

Le fruit de ce pillage scandaleux devait être livré à un riche collectionneur, ce qui aurait permis à Malraux de vivre quelques années sans travailler, droit qu’il revendiquait avec quelque arrogance. Mais Georges Groslier, conservateur du musée du Cambodge et ethnologue averti, n’était pas tombé de la dernière pluie. Il n’avait pas mordu à l’histoire de Malraux. Le voleur était attendu à Phnom Penh où il fut confondu et arrêté le 23 décembre 1923. Assignés à résidence dans un hôtel de la place, le Manolis, les deux pilleurs furent condamnés le 21 juillet 1924 à trois ans de prison ferme pour Malraux, un an et demi pour Chevasson. 
 
En cassation pour récupérer les sculptures volées
 
A l’époque, les femmes mariées étaient jugées non responsables des actes de leurs époux et Clara put ainsi rentrer librement à Paris où elle remua ciel et terre pour que les autorités interviennent en faveur de son mari. Elle fit circuler une pétition que nombre de grands esprits de l’époque signèrent pour venir en aide à leur ami : parmi ces signataires, Gide, Mauriac, Breton, Aragon, l'éditeur Gaston Gallimard... Excusez du peu ! Démarche, apparemment, qui porta ses fruits puisque jugé en appel, André Malraux n’écopa que d’un an de prison avec sursis. 

Gonflé à bloc, le pilleur entendait ne pas en rester là. A son retour à Paris, battage médiatique aidant, il se pourvoyait en cassation espérant que sa condamnation serait effacée et surtout, comble du culot, dans le but de récupérer les œuvres qu’il avait pillées. Il n’obtiendra pas satisfaction, ce qui ne l’empêcha pas, bien plus tard, de devenir ministre de la Culture... 

Si le général de Gaulle effectua un voyage au Cambodge en 1966, Malraux jugea toutefois bon de ne pas faire partie du voyage...
Seul avantage retiré de cette lamentable affaire, la découverte par les médias du temple complètement abandonné de Banteay Srei ; il aurait sans aucun doute été détruit. Joyau de l’art khmer, cette médiatisation non seulement le sauva, mais permit sa restauration !
 

La France exemplaire avec l’EFEO

En 1931, Angkor Vat était déjà restauré par les soins de l’EFEO, l’École française d’Extrême-Orient.
Le site d’Angkor fait en permanence l’objet de restaurations de la part de nombreux pays. Mais indubitablement, c’est à la France que ce site cambodgien doit le plus, grâce à l’excellence des travaux qui mène depuis des décennies l’EFEO, l’École française d’Extrême-Orient. 
L’institution ne date pas d’hier, puisqu’elle a été fondée fin 1898 par Paul Doumer. A l’époque, elle reçut le nom de baptême de Mission archéologique permanente en Indochine, puis elle fut rebaptisée EFEO en 1900 ; elle est rattachée au ministère de la Recherche et s’est évidemment spécialisée dans les travaux et recherches en Asie du Sud-Est et en Asie orientale (Japon et Chine).

L’EFEO dispose de dix-huit implantations dans douze pays, d’Inde au Japon, son siège étant bien entendu à Paris. Au Cambodge, elle est basée à Angkor et dans la ville toute proche de Siem Reap.

Le site d’Angkor est placé sous la responsabilité de l’EFEO dès 1907, les six premiers mois pour un travail de surveillance et de gardiennage, mais très vite pour des programmes de restauration des monuments. Priorité fut donnée au dégagement d’Angkor Vat et du Bayon (le premier conservateur fut assassiné par des bandits en 1916). 

Après ces deux monuments, ce fut au tour de Banteay Srei (la cible de Malraux). Le site en entier fut classé en 1992 à l’inventaire du patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco.

Aujourd’hui aux côtés de l’EFEO, trente pays participent aux restaurations d’Angkor, à des degrés divers bien entendu, le vaste site ayant été retiré de la liste du patrimoine mondial en péril en 2004. Les restaurations récentes de la France portent sur le temple du Baphuon, la Terrasse des Eléphants et celle du Roi Lépreux.

Des découvreurs anciens

Le premier Français à avoir découvert et exploré Angkor est le missionnaire Charles-Émile Bouillevaux, à partir de 1850 ; il publia le fruit de ses travaux qui n’intéressèrent personne, sauf un dénommé Mouhot...
On attribue volontiers au Français Henri Mouhot la découverte des ruines d’Angkor, au cœur d’une jungle impénétrable. Et c’est vrai qu’en 1858, ce naturaliste explorateur dans l’âme partit pour explorer le Laos, le Cambodge et le Siam. Devenu ami du roi du Cambodge, Ang Duong (mort en 1860), puis de son successeur, Norodom, il eut les coudées franches pour visiter l’intérieur du pays et c’est ainsi que fin 1859 début 1860, il “découvrit” ce que toutes les populations locales connaissaient fort bien, les ruines d’Angkor, dont le temple d’Angkor Vat toujours fréquenté par les bouddhistes. Mouhot décéda très jeune, à 35 ans seulement, victime de la fièvre jaune au Laos, en novembre 1861. De fait, la parution de ses découvertes dans la revue “Le tour du monde” se fit à titre posthume, en 1863 et déclencha une vague d’intérêts (on peut même parler d’une véritable ruée), dont le déplacement de deux photographes, un Britannique, John Thomson, et un Français, Emile Gsell qui ramèneront de nombreux clichés pris en 1866.

Mais Mouhot a-t-il été le premier Européen à Angkor ? Non en réalité, puisque les premiers furent des Portugais, dont Antonio de Madalena en 1586. Avant Mouhot, le missionnaire Charles-Émile Bouillevaux explora avec minutie Angkor à partir de 1850 ; il publia le fruit de ses travaux qui n’intéressèrent personne, sinon Henri Mouhot... Mais répétons-le, le site avait toujours été fréquenté par les populations cambodgiennes et les bouddhistes n’avaient jamais abandonné certains temples, dont le principal, Angkor Vat.
Enfin, à prendre comme un clin d’œil à Tahiti, rappelons qu’en 1901, un certain Pierre Loti explora lui aussi ces ruines, fasciné par leur exotisme !

Mouhot raconte...

Henri Mouhot n’est pas le découvreur du site cambodgien, mais ce sont ses travaux qui suscitèrent un immense intérêt pour ces ruines.
Voici quelques lignes d’un des textes de Mouhot écrit après sa découverte d’Angkor :
Vers le 14e degré de latitude et le 102e de longitude à l’orient de Paris, se trouvent des ruines si imposantes, fruit d’un travail tellement prodigieux, qu’à leur aspect, on est saisi de la plus profonde admiration, et que l’on se demande ce qu’est devenu le peuple puissant, civilisé et éclairé, auquel on pourrait attribuer ces œuvres gigantesques… L’un de ces temples figurerait avec honneur à côté de nos plus belles basiliques : il l’emporte pour le grandiose sur tout ce que l’art des Grecs et des Romains a jamais édifié… Un travail de géants ! Travaux prodigieux dont la vue seule peut donner une juste idée, et dans lesquels la patience, la force et le génie de l’homme semblent s’être surpassés afin de confondre l’imagination… Mais quel Michel-Ange de l’Orient a pu concevoir une pareille œuvre ?” 
On peut trouver la description complète d'Angkor par Mouhot en cliquant sur le lien suivant :
http://vorasith.online.fr/cambodge/livres/mouhot.htm

Pillages à répétition

Les sculptures de Banteay Srei atteignent un degré de finesse inégalé à Angkor. Ce sont ces pièces que Malraux entendait revendre illégalement à des collectionneurs avant qu’il ne se fasse arrêter à son retour à Phnom Penh.
Si Angkor est l’un des plus vastes sites archéologiques de la planète, il est aussi, sûrement, celui qui a fait l’objet du plus de pillages depuis sa redécouverte au XIXe siècle. Dès 1873, Louis Delaporte est missionné par le gouvernement français pour constituer une collection d’art khmer ; autant dire qu’il est muni d’une autorisation officielle pour piller les sites cambodgiens, ce dont il ne se privera pas. Hormis le Bayon et Angkor Vat, il fait son “shopping” en se servant abondamment, tout en affirmant qu’il avait les autorisations du roi Norodom et du gouverneur général de l’Indochine, deux “gros-gros-gros” mensonges d’État...

Passons sur André Malraux en 1923 pour signaler qu’en réalité, compte tenu de la surface d’Angkor, impossible à surveiller, les pillages n’ont jamais cessé tout au long du XXe siècle, malgré une protection très théorique. Il suffit de visiter les musées du monde entier pour s’en convaincre, sans parler des riches collections privées. 

L’une des pages les plus sombres d’Angkor a été la période de prise du pouvoir par les Khmers rouges de Pol Pot. Le pays, rebaptisé Kampuchea, fit d’Angkor un symbole national figurant sur le drapeau communiste d’alors. Les Khmers rouges décidèrent que comme au temps d’Angkor, le peuple devait travailler dans les champs et faire trois récoltes de riz par an. Le site était bien entendu interdit d’accès, ce qui permit à un trafic clandestin d’œuvres volées de se développer. Finalement, à la fin de leur régime, les Khmers rouges minèrent les temples par ailleurs laissés à l’abandon. Outre les pillages, la jungle avait repris ses droits et les monuments en avaient énormément souffert. Dès 1993, l’Unesco relança un programme de protection d’Angkor (le déminage fut long et délicat), mais pour autant, les pillages, nocturnes essentiellement, ne cessèrent pas, bien au contraire et c’est aujourd’hui un travail de tous les instants que de protéger ce qui a échappé à un siècle et demi de malversations.

Rédigé par Daniel Pardon le Jeudi 18 Mars 2021 à 14:15 | Lu 1958 fois