Dans la Marine, des entraînements pour être toujours prêts


Un exercice de tir à munitions réelles avec les canons et mitraillettes du Prairial. Un autre a été réalisé de nuit.
PAPEETE, le 1er décembre 2018 - A bord du Prairial, si aucune opération n'est en cours, ce n'est pas repos pour autant. Plusieurs exercices ou formations sont organisées. Un équipage se doit d'être toujours prêt à réagir à une urgence, ou à combattre... Même dans les eaux calmes de l'océan Pacifique !

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Premier maître Thomas, capitaine d'armes

"Le capitaine d'armes est une fonction qui est un peu le policier du bord. En gros, c'est moi qui fait la discipline et l'ambiance du bateaux. Si l'équipage est bien tenu, tout se passe bien. Sinon on leur rappelle ce qu'est la discipline dans l'armée. Le matin je passe dans les postes, c'est à moi de leur montrer comment on fait les lits, de les lever s'ils ne se réveillent pas même s'ils ont fait des quarts la nuit… Il y a tout ce qui est propreté, le respect...
Sinon j'ai aussi pour mission de protéger le bateau. C'est pour ça que l'on forme les gens à faire du tir, on est marins mais on est aussi militaires et combattants. Pour ça on fait du tir Famas et du pistolet automatique, avec des formations pour ça. On leur apprend à faire du TIOR, Techniques d'Interventions Opérationnelles Rapprochées, c'est du self-défense. Il y a aussi comment s'adapter à un milieu difficile, donc nous avons des entraînements spécifique pour la brigade de protection, qui devient l'équipe de visite quand on va sur un bateau, donc tout ce qui est police des pêches, et surtout pour la narco.
Ensuite il y a tout ce qui est courant, le capitaine d'armes s'occupe de la feuille de service, pour organiser les activités du jour en suivant ce que propose le commandant adjoint opérations. On se met en relation avec les gens qui peuvent nous apporter leur savoir, comme le docteur pour la formation de secourisme, ou les formations d'anglais avec l'aspirante Marguerite, c'est intéressant parce que ce sont des qualifications supplémentaires.
Là j'ai trois personnes sous mes ordres, dont deux tahitiens qui sont volontaires pour s'engager et devenir fusiliers marins."

En pleine frénésie d'un exercice incendie, un pompier a simulé une fracture de la jambe pour tester le temps de réaction des brancardiers et du médecin.

Les pilotes du Dauphin obtiennent leur qualification d'appontage

Comme expliqué par François, pilote d'hélicoptère sur le Prairial : "Samedi 17 novembre nous avons vu le Dauphin apponter sur le Prairial, de jours puis de nuit. C'était de l’entraînement pour ces pilotes, qui ont pu obtenir leur qualification à l'appontage. C'était la première fois que le Dauphin appontait sur le Prairial ! L'utilité sera qu'en cas de cyclone, ils pourront venir se ravitailler sur le bateau. Donc le Dauphin est basé à Faa'a, c'est un hélicoptère interministériel mis en œuvre par des marins, et leur mission ce n'est que du sauvetage en mer et de l'évasan. Par contre s'ils doivent aller loin ils doivent faire des sauts de puce entre les atolls pour se ravitailler. L'avantage maintenant qu'ils peuvent apponter sur le Prairial, c'est que le bateau pourra les ravitailler directement sur la zone."

Une formation de soins d'urgence, avec le docteur et l'infirmière du bord.

Tout le monde aux postes de combat !

Nous avons interviewé le commandant en second après une annonce de "postes de combat de vérification". Elle nous explique en quoi cela consiste : "ici nous sommes à la cellule Maintien des capacités opérationnelles, MacOps, que l'on arme au poste de combat. Elle va s'assurer du maintient en conditions opérationnelles du bateau en fonction de la priorité du commandant. Elle va faire un point initiale ressources humaines, donc elle a un contact à chaque point du bateau et elle va faire l'appel pour vérifier que tout le monde a bien rejoint sa zone. Chacun sait où il doit aller. Ils vont ensuite demander à chacune des zones de vérifier le bon fonctionnement de leur matériel. Tout remonte ici, on centralise l'information, et le chef de la cellule MacOps, qui est actuellement le commandant adjoint du navire, appelle le commandant pour faire le point. Il lui dira soit que tout fonctionne bien, soit qu'il y a tel élément qui est dégradé, tel autre qui est HS (hors service). Là nous sommes à l'état 0, en poste de combat de vérification comme on le fait à chaque fois que l'on appareille. Nous vérifions que tout fonctionne bien.

Dans le cas où nous sommes dans une situation dangereuse, en situation de crise, se sera le poste de combat. Nous commençons aussi par un état 0, puis en fonction de l'évolution tactique ennemie, si par hasard il y a un impact, il y a des réactions dans les différentes zones du bateau. Déjà on se défend, et ensuite, si malheureusement il y a un impact, le Macops va demander de nouveau à avoir l'ensemble des informations sur les éventuels matériels en avarie, les éventuels blessés, et il réfléchit à comment nous pouvons nous réorganiser. Dans cette cellule il y a un spécialiste RH qui connaît toutes les capacités du bord et si à un moment on lui dit "il manque un tireur", il va regarder tout son listing, il va voir "A oui, lui il est là, il a un poste important, mais vu la priorité du commandant, on peut le transférer au poste de tir pour le remplacer". On essaye toujours d'optimiser au maximum notre organisation en fonction des aléas qui pourraient nous arriver. A la mer, nous ferons aussi des exercices au poste de combat. Pendant une heure, nous simulerons que nous avons pris un missile quelque part.

En tant que commandant en second, je suis la seule à être "électron libre". Je peux vérifier que les choses se passent bien dans les différentes zones. Je suis aussi amenée à remplacer le commandant, donc en poste de combat je ne dois pas être au même endroit que lui. Le commandant sera généralement en passerelle, et généralement j'essaierai d'être à un endroit où il y a peu de chance d'avoir un impact. Je devrai avoir une vision globale du bâtiment, savoir où il peut y avoir d'éventuelles avaries, mais aussi avoir une bonne vision tactique de la situation pour pouvoir remplacer le commandant si besoin."

Les marins sont également des militaires, ils ont donc également des exercices de tir au HK (une arme de poing) et au Famas (un fusil d'assaut), dirigés par le maître d'armes (à gauche)

Le maître d'arme a aussi réalisé des formations de combat au corps à corps

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Samedi 1 Décembre 2018 à 21:00 | Lu 2162 fois