Dangerosité des malades mentaux : l'exception


PARIS, 7 juillet 2011 (AFP) - Les malades mentaux, schizophrènes ou bipolaires, ne sont qu'exceptionnellement auteurs de crime et bien plus souvent victimes de violences contrairement à certaines idées erronées, soulignent les experts à l'occasion de la publication, jeudi, d'un rapport de la Haute autorité de santé (HAS).

En France, 1 % de la population souffre de troubles schizophréniques et 1 % de troubles bipolaires, selon l'HAS. Ce qui représente plus d'un million de patients.

Or "contrairement à de idées erronées, les crimes commis par les malades mentaux sont l'exception.

Entre 2 et 5% des homicides sont "commis par des malades mentaux", souligne le Pr Jean-Louis Senon, psychiatre du CHU de Poitiers, qui a présidé la commission d'audition (experts, patients...) réunie par l'HAS.

"Pour les agressions sexuelles, les malades mentaux sont très peu représentés (moins de 5%)", ajoute ce spécialiste.

"Les passages à l'acte violent des malades mentaux sont l'exception et on sait très bien qu'ils sont en revanche beaucoup plus souvent victimes : ils sont 7 à 17 fois plus fréquemment victimes de violences que la population générale", assène-t-il.

Mais cette violence existe et il est de notre devoir de mieux la dépister, a ajouté le Pr Senon.

Le rapport de l'HAS sur la dangerosité psychiatrique qui dresse un état des connaissances "rigoureux", vise à aider les professionnels de santé à mieux connaître et repérer les signes d'alerte afin d'anticiper et prévenir la survenue d'actes violents par une prise en charge adaptée.

Les antécédents de violence commise ou subie, notamment dans l'enfance, la précarisation, les difficultés d'insertion sociale, l'isolement ainsi que l'abus ou la dépendance à l'alcool ou à d'autres substances psycho-actives, l'âge (moins de 40 ans), une rupture des soins font partie des facteurs de risque.

Etre attentif et à l'écoute des proches permet souvent de désamorcer un possible passage à l'acte violent, en tenant compte de signes d'alertes (reprise de délire de persécution, etc.), selon l'HAS.

La prise en charge attentive sans rupture de soins, en particulier dans les six premiers mois après la sortie de l'hôpital, est une des clés pour prévenir ce risque, selon les experts.

BC/jca/nal

Rédigé par AFP le Jeudi 7 Juillet 2011 à 05:43 | Lu 424 fois