Tlaxiaco, Mexique | AFP | jeudi 20/02/2019 - Il y a encore peu Yalitza Aparicio était institutrice dans une maternelle d'une ville montagneuse et poussiéreuse du Mexique.
Désormais, cette jeune femme de 25 ans est dans la course à l'Oscar de la meilleure actrice au terme d'un parcours aussi miraculeux qu'aigre-doux.
Aparicio, aux origines indigènes à la fois mixtèque et triqui, a grandi à Tlaxiaco, une ville d'environ 40.000 habitants située dans l'État d'Oaxaca (sud), l'un des plus pauvres du Mexique.
Elle n'avait jamais vu un film sur grand écran avant d'effectuer une sortie scolaire, à l'âge de 15 ans, dans la ville de Puebla, située à environ 350 kilomètres de sa ville natale.
Concurrencé notamment par les DVD pirates, l'unique cinéma de Tlaxiaco a fermé "il y a de nombreuses années", explique à l'AFP Miguel Angel Martinez, responsable de la Maison de la culture de cette ville.
Sur un marché situé à côté de l'église, on trouve à 20 pesos (un dollar) une copie de "Roma", le film autobiographique du réalisateur mexicain Alfonso Cuaron dans lequel Aparecio incarne sa nourrice bien-aimée, qui a marqué son enfance dans le quartier de Roma à Mexico.
Dans la vraie vie, la jeune femme a grandi dans une maison très modeste, recouverte de tôles, au milieu des fleurs, des poulets et des vaches.
La performance de la jeune femme a été saluée en Europe et aux Etats-Unis, et son visage est apparu sur les couvertures de prestigieux magazines internationaux.
Elle est la première indigène nommée pour l'Oscar de meilleure actrice. Mais cette nouvelle célébrité a aussi déclenché de nombreux commentaires racistes sur les réseaux sociaux, mais aussi de la part de ses confrères.
L'acteur mexicain de telenovela Sergio Goyri, 60 ans, a ainsi déploré, lors d'une conversation privée diffusée sur internet, "qu'ils nomment une sale indienne qui dit +oui madame, non madame+ dans la liste à l'Oscar de meilleure actrice".
"Yalitza fait partie des meilleurs acteurs avec lesquels j'ai travaillé. C'est une erreur et une attitude raciste de penser qu'elle ne faisait que s'interpréter elle-même. C'est très réducteur, et c'est uniquement à cause de son bagage indigène" a réagi M. Cuaron.
Même dans sa propre ville, certains expriment des critiques.
"Je n'ai pas aimé le film et encore moins sa performance, c'est très basique", commente à l'AFP Rogelio Lopez, un vendeur de bijoux fantaisie.
Pour les fêtes de fin d'année, l'actrice est venue dans sa ville natale. "Je l'ai vue marcher avec sa mère, elles sont allées faire des courses" raconte Gladys Morales, 24 ans, qui a fréquenté l'école primaire avec elle. Elle admire qu'elle reste "toujours aussi simple" malgré son destin vertigineux.
"J'espère vraiment qu'elle va gagner l'Oscar" s'enthousiasme Catalina Chavez, une artisane de 39 ans.
Yalitza a dû se défendre contre les "commentaires offensants" et dit espérer que "tout cela est derrière nous".
"J'ai toujours pensé que je ne pouvais pas en faire partie" du monde du cinéma, a-t-elle déclaré à la presse. "Cela ressemble à un conte de fées, car j'ai grandi en regardant des femmes différentes à l'écran".
Comment l'humble Yalitza a-t-elle pu atteindre le sommet du septième art? Par le biais d'un casting improbable.
En avril 2016, un appel a été lancé à Tlaxiaco - et dans d'autres régions du pays - pour trouver la protagoniste de "Roma".
Martinez, le responsable de la Maison de la culture de la ville, a d'abord pensé à la soeur aînée de Yalitza, Edith Aparicio, et l'a contactée pour venir passer ce casting. Elle "a une voix magnifique" de chanteuse et elle "très talentueuse, très sociable, avec plein de charme et de charisme" précise-t-il.
Edith est arrivée accompagnée de sa sœur et a participé au casting, qui consistait en une séance de photo et cinq questions sur sa vie personnelle, mais l'organisateur a insisté pour que Yalitza passe également le test.
"Je ne viens pas passer le casting, je viens juste accompagner Edith", a répliqué Yalitza. Mais Edith l'a prise "par la main" pour qu'elle le passe elle aussi.
Elle a finalement été retenue par Cuaron, un réalisateur qu'elle ne connaissait même pas, se souvient Martinez.
"Elle est arrivée 'immaculée', et cela lui a permis de jouer si naturellement", dit-il.
Désormais, cette jeune femme de 25 ans est dans la course à l'Oscar de la meilleure actrice au terme d'un parcours aussi miraculeux qu'aigre-doux.
Aparicio, aux origines indigènes à la fois mixtèque et triqui, a grandi à Tlaxiaco, une ville d'environ 40.000 habitants située dans l'État d'Oaxaca (sud), l'un des plus pauvres du Mexique.
Elle n'avait jamais vu un film sur grand écran avant d'effectuer une sortie scolaire, à l'âge de 15 ans, dans la ville de Puebla, située à environ 350 kilomètres de sa ville natale.
Concurrencé notamment par les DVD pirates, l'unique cinéma de Tlaxiaco a fermé "il y a de nombreuses années", explique à l'AFP Miguel Angel Martinez, responsable de la Maison de la culture de cette ville.
Sur un marché situé à côté de l'église, on trouve à 20 pesos (un dollar) une copie de "Roma", le film autobiographique du réalisateur mexicain Alfonso Cuaron dans lequel Aparecio incarne sa nourrice bien-aimée, qui a marqué son enfance dans le quartier de Roma à Mexico.
Dans la vraie vie, la jeune femme a grandi dans une maison très modeste, recouverte de tôles, au milieu des fleurs, des poulets et des vaches.
- "Sale indienne" -
La performance de la jeune femme a été saluée en Europe et aux Etats-Unis, et son visage est apparu sur les couvertures de prestigieux magazines internationaux.
Elle est la première indigène nommée pour l'Oscar de meilleure actrice. Mais cette nouvelle célébrité a aussi déclenché de nombreux commentaires racistes sur les réseaux sociaux, mais aussi de la part de ses confrères.
L'acteur mexicain de telenovela Sergio Goyri, 60 ans, a ainsi déploré, lors d'une conversation privée diffusée sur internet, "qu'ils nomment une sale indienne qui dit +oui madame, non madame+ dans la liste à l'Oscar de meilleure actrice".
"Yalitza fait partie des meilleurs acteurs avec lesquels j'ai travaillé. C'est une erreur et une attitude raciste de penser qu'elle ne faisait que s'interpréter elle-même. C'est très réducteur, et c'est uniquement à cause de son bagage indigène" a réagi M. Cuaron.
Même dans sa propre ville, certains expriment des critiques.
"Je n'ai pas aimé le film et encore moins sa performance, c'est très basique", commente à l'AFP Rogelio Lopez, un vendeur de bijoux fantaisie.
Pour les fêtes de fin d'année, l'actrice est venue dans sa ville natale. "Je l'ai vue marcher avec sa mère, elles sont allées faire des courses" raconte Gladys Morales, 24 ans, qui a fréquenté l'école primaire avec elle. Elle admire qu'elle reste "toujours aussi simple" malgré son destin vertigineux.
"J'espère vraiment qu'elle va gagner l'Oscar" s'enthousiasme Catalina Chavez, une artisane de 39 ans.
Yalitza a dû se défendre contre les "commentaires offensants" et dit espérer que "tout cela est derrière nous".
"J'ai toujours pensé que je ne pouvais pas en faire partie" du monde du cinéma, a-t-elle déclaré à la presse. "Cela ressemble à un conte de fées, car j'ai grandi en regardant des femmes différentes à l'écran".
- "Je ne viens pas au casting" -
Comment l'humble Yalitza a-t-elle pu atteindre le sommet du septième art? Par le biais d'un casting improbable.
En avril 2016, un appel a été lancé à Tlaxiaco - et dans d'autres régions du pays - pour trouver la protagoniste de "Roma".
Martinez, le responsable de la Maison de la culture de la ville, a d'abord pensé à la soeur aînée de Yalitza, Edith Aparicio, et l'a contactée pour venir passer ce casting. Elle "a une voix magnifique" de chanteuse et elle "très talentueuse, très sociable, avec plein de charme et de charisme" précise-t-il.
Edith est arrivée accompagnée de sa sœur et a participé au casting, qui consistait en une séance de photo et cinq questions sur sa vie personnelle, mais l'organisateur a insisté pour que Yalitza passe également le test.
"Je ne viens pas passer le casting, je viens juste accompagner Edith", a répliqué Yalitza. Mais Edith l'a prise "par la main" pour qu'elle le passe elle aussi.
Elle a finalement été retenue par Cuaron, un réalisateur qu'elle ne connaissait même pas, se souvient Martinez.
"Elle est arrivée 'immaculée', et cela lui a permis de jouer si naturellement", dit-il.