D’jal veut "mettre le feu"


TAHITI, le 24 mars 2022 - Humoriste et acteur, D’jal va présenter son dernier spectacle intitulé À cœur ouvert dans lequel il se livre. Il aborde avec humour des sujets qui le touchent personnellement. Avant de monter sur scène, il revient pour Tahiti infos sur la genèse de ce spectacle et promet de "mettre le feu" au Grand théâtre le 8 avril prochain.

Comment vous est venu l'idée de votre nouveau spectacle ?

"De nombreuses personnes autour de moi, qui me connaissaient, m’ont dit : 'C’est dommage que tu ne parles pas assez de toi !' Ils me considèrent comme quelqu’un d’humain, d’entier. Je prenais conscience du sens de la vie. Quand ça arrive, on voit partir des gens qu’on aime, qu’on a aimé. Alors je me suis demandé comment faire rire avec ces sujets difficiles, comment faire rire avec des choses qui me touchent, être positif. Cela a été un véritable challenge."

D’où vous viennent tous les accents que l’on vous connaît ?

"De mon quartier, celui où j’ai grandi, c’était les Nations-Unis (rire). Il y avait beaucoup d’étrangers. J’ai grandi en mangeant du mafé, des nems, du bacalhau. Pour moi, cela a été une période en or. Il n’y avait pas d’a priori sur les religions ou sur la couleur de peau. Je ne dis pas qu’il n’y avait jamais aucun souci, mais on vivait ensemble et cela se perd. Cette question, d’ailleurs, me tient à cœur. On vit une étrange période avec les réseaux sociaux. Avant, pour se faire entendre quand on était mécontent ou que l’on souhaitait défendre une cause, tout le monde se levait, on manifestait, on criait dans la rue. Maintenant il n’y a plus que des micro-communautés qui réagissent sur les réseaux, ce qui nous divise. On est tous apparemment connectés, mais finalement tous déconnectés de la réalité et de la sociabilisassions. Je ne veux pas dire que c’était mieux avant, mais des valeurs se perdent et cela rend triste."

Comment en êtes-vous arrivé là ?

"Les rencontres avec les gens qui me poussent à monter sur scène, car cela ne vient pas de moi, et une rencontre avec un mec qui s’appelle Jamel Debbouze, qui croit en moi et qui m’invite à faire la première partie de l’un de ses spectacles. La vie est faite de rencontres. Il y a aussi beaucoup de travail, des échecs, mais j’aime à dire que c’est grâce aux gens et au public que je suis là."

Vous êtes quelqu’un de très engagé, pouvez-vous nous en dire plus ?

"Je suis en effet engagé dans diverses fondations en France et à l’étranger. Je suis des enfants malades dans les hôpitaux, des personnes atteintes de myopathies qui ont changé ma vie ! Cela a toujours été comme ça. Pour moi, c’est naturel de venir en aide aux personnes démunies, en situation difficile... C’est un hommage à mes parents, des amis de la famille me disaient quand j’étais petit : 'C’est formidable. Chez toi, il y a toujours une chambre pour les autres !' Je ne comprenais pas tout, mais il y a en effet toujours eu des étrangers : antillais, Kabyle, Portugais. Ma mère me faisait croire qu’ils étaient de la famille. Ils ont toujours eu la main sur le cœur, très accueillant, c’est le plus bel héritage qu’ils me laissent."

Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été humoriste ?

"J’aurais certainement été très malheureux, car j’aime faire rire. Je fais ce métier-là d’abord pour moi, parce que j’aime rire. Je suis un grand enfant. J’aurais peut-être été baroudeur, j’aurais travaillé à l’étranger, loin de la France et pourquoi pas à Tahiti ?"

Êtes-vous déjà venu en Polynésie ?


"Non, cela sera mon premier voyage en Océanie. J’ai eu plusieurs occasions que je n’ai pas pu saisir. Je dois venir avec mon spectacle depuis longtemps, mais nous n’avons pu trouver de créneaux avant, j’ai vraiment beaucoup de dates. Je suis vraiment excité à l’idée de venir, c’est un nouveau challenge."

Vous vous adaptez toujours au lieu où vous jouez, qu’avez-vous prévu ?

"J’ai commencé à écrire deux ou trois petites choses, mais je suis encore trop occupé pour m’y consacrer complètement. Cela viendra dans les dix derniers jours avant de venir. Je me renseigne auprès d’amis qui sont déjà allés à Tahiti pour savoir comment on vit là-bas, quelles sont les habitudes. C’est vrai que je m’adapte à chaque fois, j’ajuste, car tous les thèmes ne parlent pas partout. J’aime aller jouer ailleurs, rencontrer de nouvelles personnes. Je suis déjà allé en Afrique, au Moyen-Orient, aux États-Unis, à chaque fois, le public n’a aucun a priori. Il est joueur, il n’a qu’une envie : rire, communier. C’est magique. Encore une fois, je m’adapterai une fois arrivé, je sais que je vais mettre le feu. Je vais essayer de m’amuser. Je suis impatient, j’ai envie de bien faire. Quand je sens que je suis bien accueilli, je fais le maximum pour que les gens me réclament ensuite..."

Au cœur du show

Le spectacle de D’jal permet au spectateur de découvrir l’humain qui se cache derrière l’artiste. L’humoriste se livre. Il aborde notamment des moments difficiles comme le cancer de sa mère ou encore des tranches de vie comme son travail auprès des myopathes. De nature timide, l’artiste revendique son besoin de parler sans tabou de ce qui fait de lui l’homme qu’il est aujourd’hui. La mixité de la France qui était son thème de prédilection sur le premier spectacle est toujours un fil conducteur. Il revient sur les notions de vivre-ensemble, de solidarité qui lui tiennent tant à cœur, il dépeint le patchwork culturel français avec ironie et bienveillance.

Pratique

Le 8 avril au grand théâtre de la Maison de la culture.
Taif : à partir de 4 500 Fcfp.
En vente dans les magasins Carrefour, à Radio 1/Tiare FM et en ligne.

Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 24 Mars 2022 à 10:02 | Lu 744 fois