CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Pointe-à-Pitre, France | AFP | dimanche 28/11/2021 - Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu est arrivé dimanche aux Antilles, où il se rend d'abord en Guadeloupe puis en Martinique, après avoir salué "un retour notable au calme" dans la nuit de samedi à dimanche dans ces deux territoires.
Le ministre est arrivé à Point-à-Pitre en milieu d'après-midi, a constaté une journaliste de l'AFP.
Cette visite intervient après plus d'une semaine de violences et d'émeutes dans ces îles françaises des Caraïbes au fort taux de chômage, en proie à un mouvement né de la contestation contre la vaccination anti-Covid obligatoire pour soignants et pompiers qui s'est étendu à des revendications politiques et sociales notamment contre la vie chère.
M. Lecornu doit rencontrer lundi en Guadeloupe "des élus locaux, des acteurs économiques et des syndicats", comme le lendemain à la Martinique, a indiqué le ministère sans donner plus de précisions, ajoutant que le ministre serait de retour mercredi à Paris.
"Dans les deux territoires de Martinique et de Guadeloupe, un retour notable au calme a eu lieu dans la nuit du samedi au dimanche grâce au travail sans relâche des forces de l’ordre", s'est félicitée cette même source.
A la Guadeloupe, la préfecture a confirmé que la nuit "n’a pas vu d’incidents ou de heurts survenir". "Les forces de sécurité ont continué à sécuriser l’ensemble du territoire et de dégager les axes de circulation, notamment en Grande-Terre", a-t-elle ajouté, précisant qu'une interpellation avait eu lieu.
En Martinique, des sources policières ont signalé toutefois des barricades "avec des jets de projectiles dont des cocktails Molotov sur des gendarmes". Un individu a été arrêté après avoir incendié un véhicule et un autre "pour refus d’obtempérer et non-respect du couvre-feu".
"C'est inacceptable qu'on nous oblige à nous faire vacciner. Inacceptable ce chantage d'un vaccin contre notre salaire. Je me bats aussi pour ma fille. La vie ici est trois fois plus chère qu'en métropole. Le peuple dit qu'il en a assez", témoigne auprès de l'AFP Cédrick Louiset, sapeur-pompier depuis 27 ans. Sur un barrage depuis près d'une semaine, il déplore les violences et ceux qui tirent sur "nos frères policiers".
En Guadeloupe comme en Martinique, distante de 120 km, les forces de l'ordre avaient essuyé des tirs par arme à feu les nuits précédentes.
Des violences qui ralentissent l'activité économique des îles et dissuadent les nouveaux arrivants de rester. Comme Kim Dubois, photographe de 23 ans, installée depuis 4 mois en Guadeloupe. Regardant les poubelles qui s'amoncellent à l'entrée de la plage à Petit Havre au Gosier, elle lâche avec regret: "c'est trop galère on va repartir dans un mois".
Ouverture de discussions
Avant de s'envoler pour les Antilles, le ministre a salué un "accord de méthode, signé cette nuit (heure de Paris) entre l'Etat, les élus locaux de Martinique et l’intersyndicale, qui permettra l’ouverture de discussions sur les principales problématiques du territoire (santé, prix des carburants, jeunesse, transport…)", souligne l'entourage du ministre.
"Certaines de ces thématiques concernent l’Etat, d'autres davantage les collectivités territoriales: chacun y prendra sa part", explique cette source qui a pris "note de l’engagement de l’intersyndicale de lever provisoirement les barrages". "Le dialogue social pour les personnels hospitaliers et les pompiers non vaccinés se poursuivra", ajoute cette source.
Vendredi, dans une allocution télévisée aux Guadeloupéens, M. Lecornu a affirmé que le gouvernement était "prêt" à évoquer la question de davantage d'autonomie si cela pouvait permettre de "résoudre les vrais problèmes du quotidien des Guadeloupéens".
Depuis cette annonce, l'opposition a multiplié les attaques contre le gouvernement. "C'est l'exemple type de la fuite en avant. C'est une forme de démembrement de l'unité nationale", a fustigé dimanche le candidat à l'investiture LR Xavier Bertrand sur CNews, soulignant "qu'il était temps" que M. Lecornu se rende aux Antilles.
Le ministre des Outre-mer est "hors-sol", a renchéri Marine Le Pen sur LCI.
A gauche, la candidate PS et maire de Paris Anne Hidalgo a dénoncé "un manque de considération". La veille, Jean-Luc Mélenchon (LFI) avait jugé "stupéfiante" la "réponse de Macron" et appelé à ne parler statut que "le moment venu".
La question de l'autonomie est "hors sujet", a de son côté tranché Elie Domota, porte-parole du collectif syndical LKP.
Le ministre est arrivé à Point-à-Pitre en milieu d'après-midi, a constaté une journaliste de l'AFP.
Cette visite intervient après plus d'une semaine de violences et d'émeutes dans ces îles françaises des Caraïbes au fort taux de chômage, en proie à un mouvement né de la contestation contre la vaccination anti-Covid obligatoire pour soignants et pompiers qui s'est étendu à des revendications politiques et sociales notamment contre la vie chère.
M. Lecornu doit rencontrer lundi en Guadeloupe "des élus locaux, des acteurs économiques et des syndicats", comme le lendemain à la Martinique, a indiqué le ministère sans donner plus de précisions, ajoutant que le ministre serait de retour mercredi à Paris.
"Dans les deux territoires de Martinique et de Guadeloupe, un retour notable au calme a eu lieu dans la nuit du samedi au dimanche grâce au travail sans relâche des forces de l’ordre", s'est félicitée cette même source.
A la Guadeloupe, la préfecture a confirmé que la nuit "n’a pas vu d’incidents ou de heurts survenir". "Les forces de sécurité ont continué à sécuriser l’ensemble du territoire et de dégager les axes de circulation, notamment en Grande-Terre", a-t-elle ajouté, précisant qu'une interpellation avait eu lieu.
En Martinique, des sources policières ont signalé toutefois des barricades "avec des jets de projectiles dont des cocktails Molotov sur des gendarmes". Un individu a été arrêté après avoir incendié un véhicule et un autre "pour refus d’obtempérer et non-respect du couvre-feu".
"C'est inacceptable qu'on nous oblige à nous faire vacciner. Inacceptable ce chantage d'un vaccin contre notre salaire. Je me bats aussi pour ma fille. La vie ici est trois fois plus chère qu'en métropole. Le peuple dit qu'il en a assez", témoigne auprès de l'AFP Cédrick Louiset, sapeur-pompier depuis 27 ans. Sur un barrage depuis près d'une semaine, il déplore les violences et ceux qui tirent sur "nos frères policiers".
En Guadeloupe comme en Martinique, distante de 120 km, les forces de l'ordre avaient essuyé des tirs par arme à feu les nuits précédentes.
Des violences qui ralentissent l'activité économique des îles et dissuadent les nouveaux arrivants de rester. Comme Kim Dubois, photographe de 23 ans, installée depuis 4 mois en Guadeloupe. Regardant les poubelles qui s'amoncellent à l'entrée de la plage à Petit Havre au Gosier, elle lâche avec regret: "c'est trop galère on va repartir dans un mois".
Ouverture de discussions
Avant de s'envoler pour les Antilles, le ministre a salué un "accord de méthode, signé cette nuit (heure de Paris) entre l'Etat, les élus locaux de Martinique et l’intersyndicale, qui permettra l’ouverture de discussions sur les principales problématiques du territoire (santé, prix des carburants, jeunesse, transport…)", souligne l'entourage du ministre.
"Certaines de ces thématiques concernent l’Etat, d'autres davantage les collectivités territoriales: chacun y prendra sa part", explique cette source qui a pris "note de l’engagement de l’intersyndicale de lever provisoirement les barrages". "Le dialogue social pour les personnels hospitaliers et les pompiers non vaccinés se poursuivra", ajoute cette source.
Vendredi, dans une allocution télévisée aux Guadeloupéens, M. Lecornu a affirmé que le gouvernement était "prêt" à évoquer la question de davantage d'autonomie si cela pouvait permettre de "résoudre les vrais problèmes du quotidien des Guadeloupéens".
Depuis cette annonce, l'opposition a multiplié les attaques contre le gouvernement. "C'est l'exemple type de la fuite en avant. C'est une forme de démembrement de l'unité nationale", a fustigé dimanche le candidat à l'investiture LR Xavier Bertrand sur CNews, soulignant "qu'il était temps" que M. Lecornu se rende aux Antilles.
Le ministre des Outre-mer est "hors-sol", a renchéri Marine Le Pen sur LCI.
A gauche, la candidate PS et maire de Paris Anne Hidalgo a dénoncé "un manque de considération". La veille, Jean-Luc Mélenchon (LFI) avait jugé "stupéfiante" la "réponse de Macron" et appelé à ne parler statut que "le moment venu".
La question de l'autonomie est "hors sujet", a de son côté tranché Elie Domota, porte-parole du collectif syndical LKP.
l'autonomie, pas la préoccupation première des habitants
La question de l'autonomie, mise sur la table par le gouvernement, semble loin des préoccupations actuelles des habitants de Guadeloupe, en proie à une grave crise aux multiples facettes qui pose cependant la question de leur "rapport" avec l'Etat français.
"A mon avis, c'est pour noyer le poisson. Pourquoi parler d'autonomie, qui ne figure pas dans les revendications principales" du mouvement de contestation, lance Rosemonde Thrasibule, une habitante du Lamentin de 58 ans.
"Ce n'est pas ce qui nous intéresse là, dans un premier temps. Il faudra en parler certes, mais le moment venu", ajoute-t-elle, interrogée par l'AFP samedi.
La veille, dans une allocution télévisée aux Guadeloupéens, le ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu avait déclaré que le gouvernement était "prêt" à parler de "l'autonomie" de l'île, abordée en "creux" par les élus locaux au cours des dernières réunions.
"C'est du cinéma, du bluff, pour gagner du temps. Avant de parler (autonomie), il y a des priorités, beaucoup de choses à régler" abonde "G", qui réside lui aux Abymes.
Parmi les priorités, ce trentenaire liste le retrait de l'obligation vaccinale pour les soignants et pompiers, ainsi que du pass sanitaire, éléments déclencheurs de la crise.
Emaillé de violences, dégradations, pillages, incendies et blocages routiers, le mouvement a embrassé des revendications sociales, économiques et identitaires, révélant les attentes d'une population où beaucoup vivent sous le seuil de pauvreté et où le chômage des jeunes explose.
Détonateur "de problèmes bien plus profonds", le débat sur l'obligation vaccinale et le pass sanitaire pose cependant en creux la question de l'autonomie, dans la mesure où il "vient heurter nos réalités profondes et notre identité", selon Jean-Marie Gotin, 59 ans.
Ce conseiller principal d'éducation dans un collège des Abymes développe: "Si un département français refuse une loi votée par le parlement français, alors cela pose le problème de notre rapport à la France. On ne peut pas à la fois être dedans et dehors. A partir du moment où nous acceptons le droit commun, les contraintes pèsent sur notre réalité."
"Il y a une contradiction qui ne nous permet pas d'avancer. Nous devons nous interroger sur comment réaménager notre rapport avec la France car le cadre actuel ne semble pas compatible avec nos besoins de développement et notre épanouissement collectif", ajoute-t-il, jugeant que "la période est intéressante car elle nous place face à notre miroir et notre avenir".
"Malentendu à régler"
Comme Jean-Marie Gotin, Tatiana, habitante des Abymes âgée de 43 ans, pense que "les spécificités (locales) que la métropole n'a pas" doivent être prises en compte.
Selon eux, le débat se posait avec moins d'acuité en 2009, date du dernier mouvement de contestation d'ampleur en Guadeloupe, mais "chaque crise remet toujours sur la table du degré de pouvoir de nos politiques" souligne Tatiana.
Dès lors, "il y a un malentendu à régler", sinon la question du rapport à la France "se posera de nouveau demain (quand) une autre loi viendra imposer quelque chose qui heurte nos réalités" estime Jean-Marie Gotin.
Les élus locaux, justement, disposent déjà de compétences propres, par exemple concernant la distribution de l'eau, problème chronique sur l'île.
Rosemonde Thrasibule pointe leurs promesses aux jeunes non tenues, dont le taux de chômage est bien supérieur à celui de la moyenne nationale (35% contre 20% en 2020).
"Oui, ils sont laissés pour compte. Mais nos hommes politiques leur promettent, par du porte-à-porte avant les élections, de leur trouver un emploi s'ils votent pour eux. Puis une fois élus, ils les laissent à quai."
Aussi, estime-t-elle, davantage d'autonomie, quelle que soit sa forme éventuelle, "ne changera rien" s'ils ne prennent pas leurs responsabilités.
"A mon avis, c'est pour noyer le poisson. Pourquoi parler d'autonomie, qui ne figure pas dans les revendications principales" du mouvement de contestation, lance Rosemonde Thrasibule, une habitante du Lamentin de 58 ans.
"Ce n'est pas ce qui nous intéresse là, dans un premier temps. Il faudra en parler certes, mais le moment venu", ajoute-t-elle, interrogée par l'AFP samedi.
La veille, dans une allocution télévisée aux Guadeloupéens, le ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu avait déclaré que le gouvernement était "prêt" à parler de "l'autonomie" de l'île, abordée en "creux" par les élus locaux au cours des dernières réunions.
"C'est du cinéma, du bluff, pour gagner du temps. Avant de parler (autonomie), il y a des priorités, beaucoup de choses à régler" abonde "G", qui réside lui aux Abymes.
Parmi les priorités, ce trentenaire liste le retrait de l'obligation vaccinale pour les soignants et pompiers, ainsi que du pass sanitaire, éléments déclencheurs de la crise.
Emaillé de violences, dégradations, pillages, incendies et blocages routiers, le mouvement a embrassé des revendications sociales, économiques et identitaires, révélant les attentes d'une population où beaucoup vivent sous le seuil de pauvreté et où le chômage des jeunes explose.
Détonateur "de problèmes bien plus profonds", le débat sur l'obligation vaccinale et le pass sanitaire pose cependant en creux la question de l'autonomie, dans la mesure où il "vient heurter nos réalités profondes et notre identité", selon Jean-Marie Gotin, 59 ans.
Ce conseiller principal d'éducation dans un collège des Abymes développe: "Si un département français refuse une loi votée par le parlement français, alors cela pose le problème de notre rapport à la France. On ne peut pas à la fois être dedans et dehors. A partir du moment où nous acceptons le droit commun, les contraintes pèsent sur notre réalité."
"Il y a une contradiction qui ne nous permet pas d'avancer. Nous devons nous interroger sur comment réaménager notre rapport avec la France car le cadre actuel ne semble pas compatible avec nos besoins de développement et notre épanouissement collectif", ajoute-t-il, jugeant que "la période est intéressante car elle nous place face à notre miroir et notre avenir".
"Malentendu à régler"
Comme Jean-Marie Gotin, Tatiana, habitante des Abymes âgée de 43 ans, pense que "les spécificités (locales) que la métropole n'a pas" doivent être prises en compte.
Selon eux, le débat se posait avec moins d'acuité en 2009, date du dernier mouvement de contestation d'ampleur en Guadeloupe, mais "chaque crise remet toujours sur la table du degré de pouvoir de nos politiques" souligne Tatiana.
Dès lors, "il y a un malentendu à régler", sinon la question du rapport à la France "se posera de nouveau demain (quand) une autre loi viendra imposer quelque chose qui heurte nos réalités" estime Jean-Marie Gotin.
Les élus locaux, justement, disposent déjà de compétences propres, par exemple concernant la distribution de l'eau, problème chronique sur l'île.
Rosemonde Thrasibule pointe leurs promesses aux jeunes non tenues, dont le taux de chômage est bien supérieur à celui de la moyenne nationale (35% contre 20% en 2020).
"Oui, ils sont laissés pour compte. Mais nos hommes politiques leur promettent, par du porte-à-porte avant les élections, de leur trouver un emploi s'ils votent pour eux. Puis une fois élus, ils les laissent à quai."
Aussi, estime-t-elle, davantage d'autonomie, quelle que soit sa forme éventuelle, "ne changera rien" s'ils ne prennent pas leurs responsabilités.