PAPEETE, le 15 février 2017 - Pour l'avocate générale Brigitte Angibaud, la préméditation ne faisait aucun doute dans ce pénible dossier. Les jurés ne l'ont pas suivie et ont condamné André A. pour meurtre et non assassinat. La défense avait plaidé l'abolition du discernement.
Les jurés de la cour d'assises ont rendu leur décision et viennent de condamner André A. à 20 ans de prison. Ce père de famille de 41 ans était jugé depuis hier pour l'assassinat de Gérard T., 35 ans, le 10 décembre 2014 dans une servitude du quartier des archives à Tipaerui, un dimanche tragique qui allait s'achever dans un bain de sang devant une multitude de témoins horrifiés. Les jurés qui n'ont toutefois pas retenu la préméditation, une question centrale de l'affaire.
Complètement ivre après avoir bu bière sur bière dans sa voiture toute la journée, André A., envahit par la rancœur et ses 2 grammes d'alcool dans le sang, avait lancé son véhicule à toute vitesse pour écraser son rival contre un mur puis lui rouler dessus à plusieurs reprises, avant de trainer son corps meurtri coincé dans le train avant sur une cinquantaine de mètres.
Bassin broyé, pied droit sectionné, cage thoracique enfoncée, lambeaux de chair arrachés, Gérard T. avait miraculeusement survécu à cette charge d'une violence inouïe avant de décéder au terme d'une lente agonie, le lendemain à l'hôpital. "Tu amèneras ma fille demain à l'école" auront été ses derniers mots. "Personne ne mérite un tel sort" a insisté, si besoin en était, l'avocat des proches du défunt, Me Dumas.
"Le réduire en miettes"
L'accusé, qui n'avait pas formellement nié la volonté de tuer son rival dans les premiers temps de l'enquête, est revenu sur ses intentions à l'audience. Il voulait juste lui faire mal, n'aurait eu l'idée de lui foncer dessus qu'à la dernière seconde, quand il a aperçu sa silhouette dans la servitude. Un revirement difficilement audible pour l'avocate générale qui avait retenu, elle, la préméditation dans ses réquisitions, suggérant cet après-midi aux jurés une peine de l'ordre de 20 à 25 ans de réclusion criminelle : "Il a décidé de faire payer ce rival qu'il rendait responsable des hésitations de sa compagne qui, après sept ans de relation, ne voulait plus vivre avec lui (…) Un rival qui n'en était pas vraiment un d'ailleurs, puisqu'elle n'envisageait pas de le quitter pour un autre homme, mais pour être libre. Il fallait bien que quelqu'un paie pour l'échec de son couple (…) Il a agi par vengeance, rancœur, volonté de punir, de détruire, de faire le plus de mal possible. Il a réussi, il pouvait difficilement infliger plus de douleur".
Le jour du drame, après des semaines à cogiter avec sa compagne sur ses problèmes de couple et cette relation extra-conjugale, André A. s'était présenté une première fois en voiture devant le domicile de la victime pour en découdre. Agressif et très énervé, il en avait été chassé par un frère de la victime. L'affaire aurait pu en rester là. Mais le mari délaissé, après avoir fini ses bières du côté du rond-point du Carrefour de Faa'a, prendra la décision de revenir sur place pour en finir, selon l'accusation : "Rien ne l'aura arrêté : ni l'absurdité, ni la cruauté de son geste, ni les cris de sa victime, ni les litres de sang déversés. Ce soir-là il n'a pas fait demi-tour pour le corriger, pour discuter. Il a fait demi-tour pour le réduite en miettes avec sa voiture, et c'est cela un assassinat".
Pour la défense, Me Antz a plaidé l'abolition du discernement au moment des faits, mélange d'alcoolisation massive sur fond de dépression. André A. avait fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique dans sa vie pour des tentatives de suicide consécutives à ses nombreux échecs sentimentaux. La préméditation ? "Personnellement je n'en sais rien, lui non plus, il était dans une telle logique suicidaire, lui-même ne connaissait pas ses intentions avant cette milliseconde où il s'est retrouvé par hasard avec la victime en face de lui, dans la servitude", avait lancé l'avocat aux jurés. Décrit par son entourage comme travailleur et bon père de famille, André A. était inconnu de la justice jusqu'à cette tragédie.
La victime, Gérard T., avait servi dans l'armée de Terre en Afghanistan avant de voir sa vie brisée par un terrible accident de la route en métropole. A force de courage, il avait réussi à remonter la pente et vivait modestement depuis son retour au fenua, donnant tout pour l'éducation de sa fille de 11 ans. Gentil, serviable, pas épargné par les épreuves de la vie il souffrait en silence et était unanimement apprécié.
Les jurés de la cour d'assises ont rendu leur décision et viennent de condamner André A. à 20 ans de prison. Ce père de famille de 41 ans était jugé depuis hier pour l'assassinat de Gérard T., 35 ans, le 10 décembre 2014 dans une servitude du quartier des archives à Tipaerui, un dimanche tragique qui allait s'achever dans un bain de sang devant une multitude de témoins horrifiés. Les jurés qui n'ont toutefois pas retenu la préméditation, une question centrale de l'affaire.
Complètement ivre après avoir bu bière sur bière dans sa voiture toute la journée, André A., envahit par la rancœur et ses 2 grammes d'alcool dans le sang, avait lancé son véhicule à toute vitesse pour écraser son rival contre un mur puis lui rouler dessus à plusieurs reprises, avant de trainer son corps meurtri coincé dans le train avant sur une cinquantaine de mètres.
Bassin broyé, pied droit sectionné, cage thoracique enfoncée, lambeaux de chair arrachés, Gérard T. avait miraculeusement survécu à cette charge d'une violence inouïe avant de décéder au terme d'une lente agonie, le lendemain à l'hôpital. "Tu amèneras ma fille demain à l'école" auront été ses derniers mots. "Personne ne mérite un tel sort" a insisté, si besoin en était, l'avocat des proches du défunt, Me Dumas.
"Le réduire en miettes"
L'accusé, qui n'avait pas formellement nié la volonté de tuer son rival dans les premiers temps de l'enquête, est revenu sur ses intentions à l'audience. Il voulait juste lui faire mal, n'aurait eu l'idée de lui foncer dessus qu'à la dernière seconde, quand il a aperçu sa silhouette dans la servitude. Un revirement difficilement audible pour l'avocate générale qui avait retenu, elle, la préméditation dans ses réquisitions, suggérant cet après-midi aux jurés une peine de l'ordre de 20 à 25 ans de réclusion criminelle : "Il a décidé de faire payer ce rival qu'il rendait responsable des hésitations de sa compagne qui, après sept ans de relation, ne voulait plus vivre avec lui (…) Un rival qui n'en était pas vraiment un d'ailleurs, puisqu'elle n'envisageait pas de le quitter pour un autre homme, mais pour être libre. Il fallait bien que quelqu'un paie pour l'échec de son couple (…) Il a agi par vengeance, rancœur, volonté de punir, de détruire, de faire le plus de mal possible. Il a réussi, il pouvait difficilement infliger plus de douleur".
Le jour du drame, après des semaines à cogiter avec sa compagne sur ses problèmes de couple et cette relation extra-conjugale, André A. s'était présenté une première fois en voiture devant le domicile de la victime pour en découdre. Agressif et très énervé, il en avait été chassé par un frère de la victime. L'affaire aurait pu en rester là. Mais le mari délaissé, après avoir fini ses bières du côté du rond-point du Carrefour de Faa'a, prendra la décision de revenir sur place pour en finir, selon l'accusation : "Rien ne l'aura arrêté : ni l'absurdité, ni la cruauté de son geste, ni les cris de sa victime, ni les litres de sang déversés. Ce soir-là il n'a pas fait demi-tour pour le corriger, pour discuter. Il a fait demi-tour pour le réduite en miettes avec sa voiture, et c'est cela un assassinat".
Pour la défense, Me Antz a plaidé l'abolition du discernement au moment des faits, mélange d'alcoolisation massive sur fond de dépression. André A. avait fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique dans sa vie pour des tentatives de suicide consécutives à ses nombreux échecs sentimentaux. La préméditation ? "Personnellement je n'en sais rien, lui non plus, il était dans une telle logique suicidaire, lui-même ne connaissait pas ses intentions avant cette milliseconde où il s'est retrouvé par hasard avec la victime en face de lui, dans la servitude", avait lancé l'avocat aux jurés. Décrit par son entourage comme travailleur et bon père de famille, André A. était inconnu de la justice jusqu'à cette tragédie.
La victime, Gérard T., avait servi dans l'armée de Terre en Afghanistan avant de voir sa vie brisée par un terrible accident de la route en métropole. A force de courage, il avait réussi à remonter la pente et vivait modestement depuis son retour au fenua, donnant tout pour l'éducation de sa fille de 11 ans. Gentil, serviable, pas épargné par les épreuves de la vie il souffrait en silence et était unanimement apprécié.