Crash d’Air Moorea : 6 ans, les familles commémorent et espèrent que justice sera rendue


PAPEETE, vendredi 9 août 2013 – "Hélène, Chi Ping, Frédéric, Pierre, Michel, Jean-Pierre, Didier, Bruno, Jean-Paul, Moetia, Eric, David, Hermann, Philippe, Rodney, Wendy, Sylvia, Claudio, Guillaume, Michel", c’est par l’évocation du prénom de chacune des 20 victimes, que Nicolaz Fourreau, le président de l’association 987, a initié la cérémonie commémorative de l’accident du 9 août 2007.

Ce jour-là, à 12 h 01 alors qu’il venait de décoller de l’aéroport de Temae, le vol Air Moorea TAH1121 s’est abîmé en mer. Il n’y eu aucun rescapé. Nicolaz y a perdu sa femme dans cet accident. Ce jeudi-là, ses deux enfants sont devenus orphelins de leur mère.

Une douleur de l'existence que partagent toutes les personnes présentes vendredi matin, devant la stèle érigée depuis, en mémoire des victimes de ce crash aérien, en bord de mer dans les jardins de Paofai.

L’association 987, de défense des familles des victimes de la catastrophe aérienne d'Air Moorea, organise chaque année cette cérémonie du souvenir.

Depuis 2007, elle demande aussi à ce que le jour soit fait sur la cause de cet accident et que justice soit rendue : "des personnes ont été mises en examen qui ont agi par négligence et qui ne sont pas encore jugées", dénonce Nicolaz Fourreau.

"défauts de maintenance évidents"

Nicolaz Fourreau
"L’ancien directeur général d’Air Moorea, mis en examen officie toujours chez Air Tahiti. Un jour ou l’autre il faudra bien que ces personnes rendent des comptes. (…) Tout cela nous laisse le sentiment d’une impunité qui est extrêmement gênante et nous renvoie sans arrêt dans notre douleur : il faut avoir vécu la passage dans une chapelle ardente, la vue des corps mutilés. Cela ne disparaîtra pas avec des condamnations, mais il est important que les gens responsables de ça soient condamnés".

Six personnes ont été mises en examen pour homicide involontaire en avril 2009 : Guy Yeung, ancien directeur de l’aviation civile, Freddy Chanseau, directeur général d’Air Moorea au moment du crash, Jacques Gobin, directeur technique et Jean-Pierre Tinomano, Stéphane Loisel, Didier Quemeneur, trois cadres des services techniques de la petite compagnie aérienne.

Une expertise ordonnée au cours de l’enquête sur les causes de cet accident a mis en évidence le caractère décisif de la rupture d’un câble de gouverne, consécutive à un défaut d’entretien lié au non respect de procédures de maintenance imposées par le constructeur.

Une expertise contradictoire a été demandée par les mis en cause en décembre 2011. Ses conclusions sont tombées fin juillet 2013. Elles confirment la première analyse. "L’enquête a fait apparaître des défauts de maintenance évidents, des problèmes de gestion, des problèmes de formation, de gestion documentaire, des problèmes de gestion des pièces détachées et a révélé que la rupture du câble était à l’origine de l’accident", commente Nicolaz Fourreau qui espère, à l'instar de proches des victimes de cette catastrophe aérienne, que la présence de cette pièce capitale dans le dossier mettra un terme à l’instruction et que les ordonnances de renvoi seront prononcées à l’encontre des prévenus pour un procès souhaité fin 2013 début 2014.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 9 Aout 2013 à 16:32 | Lu 3619 fois