Covid-19: pas d'assouplissement du confinement en vue en attendant Castex


Paris, France | AFP | jeudi 12/11/2020 - Le statu quo devrait prédominer jeudi à l'heure où Jean Castex doit tenir un point d'étape sur le reconfinement, malgré les appels de commerçants à plus de souplesse et des interrogations sur un éventuel durcissement des restrictions pour les lycées.

La conférence de presse du chef du gouvernement est prévue à 18h, après le rituel désormais hebdomadaire du conseil de défense qui a rendu dans le secret ses arbitrages jeudi matin.

Mais deux semaines seulement après avoir ordonné un nouveau confinement, l'exécutif a fait savoir qu'il était encore "trop tôt" pour en évaluer pleinement ses effets sur la situation épidémique, même si le ministre de la Santé Olivier Véran avait évoqué des "frémissements" positifs.

"La baisse n'est pas suffisamment forte et on n'a pas suffisamment de recul pour savoir si ce n'est que conjoncturel ou tendanciel", explique-t-on dans l'entourage du Premier ministre en évoquant donc un exercice "surtout pédagogique" jeudi après-midi. 

Même s'il dit constater "un petit ralentissement" de la propagation de l'épidémie, Jean Castex insiste dans Le Monde sur le fait que "ce n'est certainement pas le moment pour desserrer la bride".

Au moment d'annoncer le reconfinement, plus souple que celui adopté lors de la première vague au printemps, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous aux commerçants mi-novembre afin d'évaluer une possible réouverture des magasins. Mais le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau, a fermé la porte mercredi à un changement "à ce stade", même s'il a dit "comprendre" la "détresse" des commerçants.

M. Castex pourrait tout de même vouloir donner des perspectives de calendrier, à six semaines du début des vacances de fin d'année, habituellement précédées d'une intense activité économique.

Le président (LR) de Régions de France Renaud Muselier a appelé jeudi l'exécutif à "porter un message d'espoir" et "fixer un calendrier précis des prochaines étapes". 

Et si Olivier Becht, député Agir Ensemble, allié de la majorité présidentielle, juge auprès de l'AFP que rouvrir les petits commerces reviendrait à "gaspiller les efforts des dernières semaines de manière inutile", il estime aussi "indispensable que dès ce soir on donne un horizon aux gens".

"Si on veut passer un Noël normal, chaque citoyen doit prendre ses responsabilités", estime une ministre. "Ca ne repose pas sur la décision d'Emmanuel Macron de faire Noël ou de ne pas faire Noël mais sur l'attitude de chacun", insiste-t-elle.

Symboliquement, l'exécutif a ainsi accordé la vente de sapins de Noël en extérieur, dont les modalités doivent être précisées d'ici vendredi. 

"Contrôle complet sur l'épidémie" 

Des enseignants ont, eux, demandé une limitation du brassage des élèves, lors d'une journée de grève mardi assez faiblement suivie, tandis que plusieurs lycées ont vu des tentatives de blocage.

Alors que le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer avait annoncé la semaine dernière de nouvelles mesures dans les lycées, en autorisant davantage de cours à distance, faut-il encore donner un tour de vis dans les lycées? La réponse sera donnée jeudi par M. Blanquer, attendu aux côtés du Premier ministre. 

Dans l'immédiat, le contexte sanitaire demeure préoccupant avec 4.789 patients dans les services de réanimation et plus de 42.000 morts en France depuis le début de l'épidémie de Covid-19, dont encore 329 mercredi. 

Interrogé jeudi sur franceinfo, l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du conseil scientifique, a affiché son scepticisme sur une levée du confinement dès le 1er décembre, car "on ne sera pas suffisamment bas pour pouvoir repartir comme on le souhaiterait".

"C'est trop tôt" pour assouplir les restrictions, car il faut attendre d'avoir "repris véritablement le contrôle complet sur l'épidémie", a confirmé sur BFMTV l'épidémiologiste Antoine Flahaut, tout en se félicitant que les mesures de restrictions aient permis de "casser la courbe exponentielle de l'épidémie".

Quelques indicateurs offrent une lueur d'espoir. Le taux estimé de reproduction du virus (estimation du nombre moyen de personnes qu'un malade contamine) est repassé sous la barre du "1" selon l'application gouvernementale Tous AntiCovid (0,93), en attendant toutefois des chiffres consolidés.

De même, le taux d'incidence, qui mesure les nouveaux cas durant les sept derniers jours sur une population de 100.000 habitants, a commencé à baisser au niveau national la semaine dernière et le taux de cas positifs sur le nombre total de tests est repassé sous les 20%.

A plus long terme, l'exécutif s'active aussi sur le front des vaccins, quelques jours après l'annonce d'essais encourageants par les laboratoires américain Pfizer et allemand BioNTech.

Plus de 500 millions de dollars, dont 100 millions venant de la France, devraient être promis jeudi pour un dispositif visant à assurer à tous les pays un accès équitable aux tests, traitements et vaccins, ont ainsi annoncé les organisateurs du Forum de la Paix qui se tient à Paris et est consacré au monde de l'après Covid-19. 

le Jeudi 12 Novembre 2020 à 05:23 | Lu 157 fois