Covid-19 - Reconfiner un peu, beaucoup, jusqu'où?


Paris, France | AFP | mardi 27/10/2020 - Reconfiner, sans doute, mais à quel point? C'est la question centrale de la série de réunions menées mardi et mercredi pour tenter de faire face à la deuxième vague de l'épidémie de Covid-19, et plusieurs scénarios sont sur la table.

- Reconfinement total: l'arme atomique
Nombre de médecins et d'épidémiologistes plaident pour un reconfinement total du pays comme en mars, alarmés par l'explosion du nombre de cas et le risque que les hôpitaux ne soient débordés.

Mais cette solution n'est pas la plus probable car utiliser cette arme atomique pour réduire drastiquement la circulation du nouveau coronavirus ferait dans le même temps de gros dégâts à l'économie, déjà mal en point.

"On souhaite éviter un reconfinement général, en tout cas on veut trouver un bon équilibre entre la santé des Français et la poursuite de l'activité économique, éducative et culturelle", a assuré lundi la ministre du Travail Elisabeth Borne, sur LCI.

L'une des alternatives pourrait être d'imposer des confinements locaux dans les villes ou les régions les plus touchées. Toutefois, contrairement à la première vague, l'épidémie est nationale et n'est pas cantonnée à quelques régions, ce qui complique les choses.

Enfin, le président du Conseil scientifique qui guide le gouvernement, Jean-François Delfraissy, a évoqué lundi l'hypothèse d'un confinement "moins dur" et moins long que celui de mars à mai. Selon lui, il "permettrait probablement de conserver une activité scolaire et un certain nombre d'activités économiques", avec un recours accru au télétravail.

- Soirs et week-ends: la solution mixte
C'est l'autre hypothèse avancée par le Pr Delfraissy: étendre le couvre-feu en le faisant démarrer plus tôt (par exemple 19h00) et en l'appliquant à la France entière. Actuellement, cette mesure concerne 54 départements en plus de la Polynésie, soit 46 millions de Français privés de déplacements entre 21H00 et 06H00.

Cette extension du couvre-feu, qui est dans les faits un confinement en soirée, pourrait s'accompagner d'un confinement total, journée incluse, le week-end.

Mais parmi les professionnels de santé, des voix s'élèvent pour mettre en garde contre des demi-mesures qui ne feraient que reculer l'échéance d'un reconfinement général.

"Plus on prend les mesures précocement, plus elles peuvent être de durée courte. Plus on les prend tardivement, plus elles devront être de durée longue", a averti mardi l'épidémiologiste Dominique Costagliola sur BFMTV.

- La question des écoles
Les écoles sont fermées jusqu'au 2 novembre pour les vacances de la Toussaint, ce qui réduit la circulation du virus. Mais que faire après cette date? 

Pour l'épidémiologiste Antoine Flahault, il ne faut pas rouvrir collèges, lycées et universités à la rentrée, mais plutôt privilégier l'enseignement à distance.

"Les écoles primaires pourraient rester ouvertes mais devraient imposer le port du masque, même aux enfants de plus de six ans", a-t-il préconisé lundi sur BFMTV, alors que le masque n'est pour l'instant obligatoire qu'à partir du collège.

Le port du masque en primaire est réclamé depuis plusieurs mois par le collectif de médecins Stop-postillons et l'association de familles et d'enseignants Ecole et familles oubliées.

Cette dernière vient d'écrire une lettre ouverte au gouvernement en demandant un "enseignement 100% à distance" pour tous les niveaux scolaires dans les régions les plus touchées, et un alourdissement du protocole sanitaire dans les autres.

Sollicité mardi par l'AFP, le ministère de l'Education nationale a rappelé que "le plan de continuité pédagogique prévoit un scénario d'enseignement hybride", sur place et à distance.

"C'est une piste envisageable, qui sera déterminée par le nombre d'écoles fermées à la rentrée des vacances de Toussaint suite à des cas de Covid", a-t-on indiqué de même source. En revanche, le masque en primaire n'est pas une piste envisagée "à ce stade".

le Mardi 27 Octobre 2020 à 05:07 | Lu 373 fois