Covid-19 : Les visites médicales suspendues pour les permis de conduire


Tahiti, le 1er novembre 2020 - Priée de libérer la place au Centre hospitalier, la commission médicale des permis de conduire a dû suspendre tous ses rendez-vous jusqu’à la fin de l’année. Pour permettre aux professionnels de continuer à circuler, le conseil des ministres a prolongé la durée de validité de leur papier rose. Le cas particulier des annulations ou des suspensions sur décision judiciaire en revanche est à l’étude.
 
Evolution rapide de la propagation oblige, tous les candidats au permis de conduire soumis à un contrôle médical opéré par les différents services du CHPF ont vu leur rendez-vous suspendu depuis le 20 octobre jusqu’à la fin de l’année. "L’hôpital a besoin de toute la place disponible, la salle où on faisait les consultations a été mobilisée aussi, rapporte Charles Tetaria, médecin responsable de la commission médicale. On avait jusqu’à trois mois de rendez-vous."
 
Examen ophtalmologique et ORL, recherche de pratiques addictives, etc. Obligatoire au sens de l’article 136 du code de la route de la Polynésie française, ce contrôle médical "périodique ou occasionnel" conditionne la validité du titre pour certaines catégories de véhicules sur Tahiti et Moorea. Un peu moins de 800 usagers sont concernés selon une estimation de la Direction des transports terrestres,essentiellement des permis poids lourds tenus de renouveler le précieux papier rose tous les cinq ans.
 
La DTT recense en particulier les "professionnels du transport de personnes et de marchandises", "des moniteurs d’école de conduite", "des personnes souffrants d’un handicap physique ou mental" et "des conducteurs titulaires d’un titre permettant la conduite d’un véhicule spécialement aménagé pour tenir compte du handicap physique du conducteur."
 
Afin de répondre à leur besoin urgent de circuler, le conseil des ministres a adopté mercredi une prorogation exceptionnelle de la durée de validité des permis qui ont expiré ou expirent entre le 12 mars 2020 et le 30 juin 2021 inclus. "A l'expiration d'un délai de deux mois suivant la fin de l'échéance précitée, les conducteurs concernés par ces dispositions devront impérativement avoir engagé leur démarche de régularisation en vue de se soumettre à un contrôle médical, au plus tard le 31 juillet 2021."
 
Déjà suspendu pendant le confinement, le traitement de certains dossiers a pris du retard notamment du côté des usagers ayant subi une suspension, ou une annulation de permis de conduire sur décision judiciaire. Soumis à une visite d’aptitude médicale (en commission médicale au CHPF) à une prise de sang et à l’avis favorable des médecins, ces usagers attendent pour certains depuis le début de l’année. "Le rendez-vous de mon frère a encore été annulé, il attend depuis février et il a besoin de son permis et personne n’est capable de nous dire comment ça va se passer pour lui" rapporte Rany. "Personne du côté de la Direction de la santé, ni de la Direction des transports terrestre n’est capable de nous répondre."

La crainte de voir la suspension s’éterniser en même temps que la crise sanitaire se cristallise, alors que prendre le volant sans le précieux sésame expose à une peine pouvant atteindre 500 000 Fcfp et 2 ans d’emprisonnement.
 
Une trentaine de personnes serait dans le même cas selon la DTT. Réponse du conseil des ministres : "la situation des candidats au permis de conduire visés à l’article 136 A et B du code de la route polynésien ainsi que les situations particulières non comprises dans le présent dispositif restent pour l’heure en étude." L’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale (ARASS) et la DTT"travaillent de concert pour répondre à cette urgence ainsi que sur le futur cadre réglementaire relatif aux contrôles médicaux."
 

Rédigé par Esther Cunéo le Dimanche 1 Novembre 2020 à 13:54 | Lu 7105 fois