Covid-19: Castex appelle à "ne pas baisser la garde" pour éviter le reconfinement


Lille, France | AFP | lundi 03/08/2020 - Jean Castex a appelé lundi les Français à "ne pas baisser la garde" face au Covid-19 pour éviter "un reconfinement généralisé", à l'occasion d'une visite dans la métropole lilloise, où s'applique désormais, comme dans de plus en plus de zones du pays, le port du masque obligatoire dans des "lieux publics ouverts".

Alors que la métropole fait face, comme d'autres régions françaises et européennes, à un regain de l'épidémie, le Premier ministre a appelé "chaque Française et chaque Français à rester très vigilant". "Le virus n'est pas en vacances. Nous non plus", a lancé l'ancien "Monsieur déconfinement" à l'issue de sa visite à Lille et à Roubaix.

"Il faut nous protéger contre ce virus, surtout sans faire arrêter la vie économique et la vie sociale, c'est-à-dire en évitant la perspective d'un reconfinement généralisé", a mis en garde le chef du gouvernement, avant de partir sans attendre les questions des journalistes présents.

M. Castex, qui multiplie les déplacements depuis sa prise de fonction début juillet, était accompagné au départ du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et du porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Le ministre délégué aux PME Alain Griset l'a ensuite rejoint.

A l'Agence régionale de santé, le docteur Patrick Goldstein, chef du pôle de l'urgence et du Samu du Nord au CHU de Lille, a souligné que "la dynamique est très inquiétante, il faut absolument (la) casser".

Dans la métropole lilloise, qui compte 95 communes regroupant 1,2 million d'habitants, le taux de positivité atteint 3%, un niveau "trois fois plus élevé que dans le reste du département", et le taux d'incidence s'établit désormais à 38 personnes contaminées pour 100.000 habitants contre 17 deux semaines plus tôt.

"Pédagogie" et "fermeté"

Le Premier ministre, sans M. Darmanin, a ensuite déambulé dans le centre-ville. Apostrophé plusieurs fois, il n'a parlé à aucun passant, préférant s'entretenir avec des commerçants et policiers. 

"On va y arriver ! C'est l'affaire de tous. On va gagner !", a lancé M. Castex lors d'un échange avec des policiers. "C'est l'intérêt de tout le monde de faire ça, ce n'est pas pour les embêter. Et en même temps il faudra un peu de fermeté pour ceux qui se refuseraient à comprendre", a-t-il ajouté, avant de visiter un centre de dépistage et un atelier de fabrication de masques.

Dans l'opposition de gauche, la sénatrice EELV Esther Benbassa a critiqué sur LCI "les messages contradictoires" de l'exécutif. Selon elle, "en se basant sur l'autorité locale" pour prendre des mesures, "le gouvernement évite la question épineuse" de la gratuité des masques, qu'elle réclame.

"Oui au masque obligatoire et oui aux masques gratuits pour les rendre accessibles au plus grand nombre", a tweeté pour sa part le secrétaire national du PCF Fabien Roussel.

A Lille, depuis lundi, des panneaux indiquent à l'aide d'un logo à l'entrée des rues concernées l'obligation de porter un masque.

Dans les rues piétonnes aux alentours de la Grand place, plusieurs patrouilles de police municipale rappellent aussi aux passants cette obligation. "Même à vélo ?", demande, étonné, un cycliste qui est arrêté mais repart sans verbalisation.

Côté commerçants, le président de la fédération du commerce de Lille, Romuald Catoire, a souligné auprès du Premier ministre que la profession soutenait "à 100%" ces nouvelles mesures.

Selon lui, les magasins de prêt-à-porter souffrent particulièrement, mais "la dynamique revient, un élan de solidarité se crée".

"Un peu tard"

"Je ne vois pas trop la logique: pourquoi doit on le porter ici mais pas sur le trottoir d’en face?", s'interroge Enzo Lorini, 21 ans. "Soit on le rend obligatoire partout soit on le laisse seulement dans les lieux publics clos...", estime-t-il.

Dans les rues du centre-ville, la quasi totalité des passants portent un masque. À la Citadelle, principal espace vert de la ville, on croise toutefois des cyclistes et de nombreux joggeurs sans, malgré l'obligation.

Francis Dufourt, jeune retraité lillois de 62 ans, juge que la mesure arrive "un peu tard" même si "vaut mieux ça que rien du tout."

Le discours des autorités a évolué au fil des semaines et des connaissances scientifiques, passant d'un masque "inutile pour toute personne dans la rue" à une obligation dans tous les lieux publics clos, le 20 juillet, jusqu'à aboutir désormais à une obligation dans certaines zones publiques ouvertes.

Le masque est désormais obligatoire dans les lieux publics de plusieurs dizaines de communes de la Mayenne, département où les indicateurs "confirment la circulation active du virus". 

A Nice, le maire Christian Estrosi a annoncé lundi matin l'entrée en vigueur d'un arrêté municipal imposant l'obligation du port "dans plusieurs lieux fréquentés" de la ville, "jusqu'à ce qu'on (lui) dise que (le virus) ne circule plus". Il a appelé le préfet de région à étendre la mesure. 

Le maire de Chamonix-Mont-Blanc (Haute-Savoie) Eric Fournier a aussi annoncé à la mi-journée cette mesure pour le centre-ville, rejoignant Biarritz, Bayonne, Saint-Malo, Le Touquet ou encore Orléans.

le Lundi 3 Aout 2020 à 06:09 | Lu 159 fois