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Cour d'assises : L'accusé, une personnalité "frustre" et "borderline"


PAPEETE, le 28 février 2019 - En ce deuxième jour de procès devant la cour d'assises, les expertises portant sur la victime et sur l'accusé ont été au cœur des débats. Selon l'expert psychiatre, lorsqu'il a violemment frappé et violé une femme de 52 ans qu'il avait préalablement repérée, l'accusé avait un sentiment de "toute puissance". Le procès devrait s'achever demain avec les réquisitions du ministère public et la plaidoirie de l'avocat de la défense.

Comment survivre à une agression aussi violente que celle subie par la victime le 14 janvier 2017 à Moorea ? Tel que l'a expliqué une psychologue à la cour d'assises hier, la quinquagénaire, battue et violée à plusieurs reprises par un inconnu, souffre aujourd'hui d'un traumatisme "très sévère" : "Elle s'est vue morte aussi bien physiquement que psychologiquement". Selon l'experte, la victime pourrait présenter des signes d' "anesthésie affective" et de "mort psychique" relatifs au calvaire qu'elle a subi.

« Intelligence médiocre »

Cette deuxième journée de procès a donc été en partie consacrée à l'audition des experts qui se sont entretenus avec l'accusé et avec la victime. Pour l'un d'entre eux, l'auteur des faits, qui présente une "intelligence médiocre" et souffre de troubles comportementaux, est passé à l'acte en raison d'un "court-circuit" : "Cet homme, qui dispose de peu de capacités d'élaboration mentale, est dans l'incapacité de parler". Interrogé, l'accusé se trouve toujours dans l'impossibilité d'apporter une quelconque explication quant à son passage à l'acte.

À l'aube de sa plaidoirie, le conseil de la victime, Me Bouyssié, évoque des "actes qui renvoient à une bestialité que l'on ne retrouve même pas dans le monde animal" : "Ce jour-là, elle avait rendez-vous avec la mort et les mots nous manquent pour dire ce que l'on ressent après ces deux jours de procès. C'est horrible, ignoble, abject...". Tel que le rappelle l'avocat, sa cliente doit "survivre" à chaque instant et lutte depuis 775 jours : "Elle a une foi indestructible en la vie. C'est un honneur d'être à ses côtés et cela marquera ma carrière."

Même sentiment d'horreur chez l'autre avocat de la victime, Me Tulasne, qui affirme qu'en 36 ans de carrière, il pensait "avoir tout vu de la nature humaine" : "C'est inhumain, nous avons beau chercher une explication, nous n'y arrivons pas. Ni avec la tête, ni avec le cœur."

Le procès devrait s'achever demain suite aux réquisitions du ministère public et à la plaidoirie de la défense. Pour les faits qui lui sont reprochés, l'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.



Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 28 Février 2019 à 19:21 | Lu 1347 fois