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Coupures internet : Vini augmente les débits et offre une remise pour s'excuser


PAPEETE, le 28 mai 2018 - Vini réagit aux attaques informatiques qui paralysent régulièrement le réseau internet polynésien depuis le début de l'année. Du nouveau matériel et des prestataires américains réduisent déjà considérablement l'impact des attaques... Et pour s'excuser auprès de ses clients, tous les abonnés ADSL et fibre optique recevront une réduction de 10 % sur leur prochaine facture et une forte hausse de leurs débits jusqu'au 30 septembre.

Depuis le début de l'année, les attaques informatiques contre l'infrastructure internet polynésienne se multiplient. Il s'agit principalement d'attaques par déni de service, qui saturent les serveurs gérés par l'OPT, et donc les services d'accès à internet offerts par sa filiale commerciale Vini. Les coupures et ralentissements se comptent par centaines depuis le début de l'année. Les services techniques de l'Office des postes et télécommunications (OPT) sont sur le pied de guerre pour limiter l'impact de ces attaques sur les internautes, et investissent des millions de francs dans du nouveau matériel plus sécurisé. Des prestataires de services de sécurité ont également été recruté aux Etats-unis pour protéger l'entrée du câble Honotua, en Californie.

>>> "Il y a deux mois, ces attaques duraient quasiment deux heures, le temps qu'on les identifie et que l'on fasse ce que l'on peut pour les bloquer. Aujourd'hui dans le pire des cas on arrive à les contenir au bout d'un petit quart d'heure" Tehina Thuret, directeur télécoms de l'OPT

Mais l'opérateur admet aussi comprendre la colère de ses clients. Il promet de mieux communiquer à l'avenir afin d'informer ses clients des attaques en cours. Et pour s'excuser, Vini annonce ce lundi deux mesures commerciales qui profiteront à tous les abonnés ADSL et fibre optique de l'opérateur :
- 10% de remise sur la prochaine facture de tous les clients internet fixe de Vini
- Une hausse des débits de tous les clients internet jusqu'au 30 septembre

La hausse de ces débits débutera "courant juin, le temps que les équipes techniques procèdent au changement, les clients basculeront progressivement." Cette hausse des débits concernera tous les clients à l'internet selon les modalités suivantes :
ADSL : ces clients auront le débit maximum que leur ligne peut offrir. Cette vitesse dépend de la qualité de la ligne de son domicile, de la météo et de sa distance par rapport aux équipements OPT ;
Fibre Vinibox Run (10 Mb/s) : ces clients seront surclassés en Vinibox Sprint (30 Mb/s)
Fibre Vinibox Sprint et Vinibox Pro : ces clients professionnels seront gâtés avec des débits de 80 Mb/s descendant et 30 Mb/s remontant.

Erika Tonnerre, directrice commerciale de Vini
Erika Tonnerre, directrice commerciale de Vini
Selon la directrice commerciale de Vini, Erika Tonnerre, "ça va coûter plusieurs millions de francs au groupe pour s'équiper (afin de parer les attaques). Après, on a bien conscience que toutes ces attaques depuis le début de l'année ont perturbé le service et provoqué des désagréments à nos clients. C'est pour ça que nous avons décidé en interne de faire un geste commercial pour l'ensemble de nos clients internet fixe. Au-delà de l'impact financier, c'est la satisfaction de nos clients qui est en jeu."

Après le 30 septembre, les débits reviendront à leurs vitesses actuelles... Mais selon la directrice de Vini, "il n'est pas exclu que demain nous fassions des offres avec des débits supérieurs. Les offres fibres sont sur le marché depuis 2015, l'idée est évidemment de les faire évoluer progressivement dans le temps en fonction des besoins de nos clients." L'OPT compte 40 000 clients particuliers et professionnels en Polynésie.

Parole à : Tehina Thuret, directeur télécoms de l'OPT

"On a fait évoluer nos infrastructures pour contrer les attaques que l'on subissait. Pour ces investissements, on parle de plusieurs dizaines de millions de francs cfp."

En quoi consistent ces attaques dont l'OPT est victime ?

Le principe de base c'est que ce sont des attaques avec déni de service, donc ils surchargent le réseau internet ce qui fait que le service ne peut plus être rendu, est partiellement coupé ou est ralenti. Il faut savoir que depuis cette année, 2018, ce type d'attaques a fortement augmenté partout dans le monde. Pour avoir quelques chiffres, l'an dernier nous avions eu 17 attaques pour tout 2017. Mais depuis un mois ou deux, on tourne pratiquement à 10 attaques par jour... Donc forcément il a fallu que l'OPT réagisse à ces attaques, mette en place les mesures qui permettent de les identifier déjà, les localiser, et ensuite de les bloquer autant que possible. C'est ce que l'on fait depuis deux mois déjà.

Du coup avez-vous identifié d'où viennent ces attaques ?
À chaque fois que l'on subit une attaque on en analyse l'origine géographique. Jusqu'à présent on est plutôt sur une origine internationale, mais il n'est pas impossible que certaines aient une origine locale. À chaque fois qu'on les subi on fait tout pour les bloquer.

Quelles mesures avez-vous mis en place ?
Dans les deux cas, que l'attaque soit locale ou internationale, ce sont les mêmes mesures que nous avons déjà commencé à mettre en place et que nous poursuivons. On a déjà renforcé la sécurité sur les équipements principaux qui ont été attaqués. Dans le même temps on met en place des mesures avec des fournisseurs internationaux qui nous aident à limiter l'impact de ces attaques, avant même qu'elles parviennent en Polynésie. C'est la combinaison des deux qui nous aide aujourd'hui à résister de mieux en mieux à ces attaques. Sachant qu'il y a deux mois, ces attaques duraient quasiment deux heures, le temps qu'on les identifie et que l'on fasse ce que l'on peut pour les bloquer. Aujourd'hui, dans le pire des cas on arrive à les contenir au bout d'un petit quart d'heure.
Concrètement, on a fait évoluer certains équipements qui sont sensibles, on les a renforcés en termes d'upgrade et de puissance. Et pour la partie sécurisation, ce sont des services pris auprès de fournisseurs internationaux qui nous aident à bloquer les attaques avant même qu'elles arrivent sur Honotua.

Qui est touché à part l'OPT ?
Ces attaques touchent aussi souvent de simples internautes, des particuliers ou des entreprises. Mêmes les attaques qui visent le serveur d'une entreprise locale peuvent ralentir tout le réseau et finir par toucher tous les clients. Quand ça arrive, on est obligé de bloquer le trafic à destination de ce serveur, puisqu'il perturbe tous les autres, et ce client est malheureusement coupé le temps de l'attaque. Quand ça arrive, on appelle directement le client pour l'informer.

Au moins une attaque a été revendiquée par un certain DK, faut-il prendre ces messages au sérieux ?
Il n'est pas impossible en effet que ces attaques viennent d'une personne interne à la Polynésie. En tous les cas, nous mettons en place les mesures qui nous permettront de les bloquer d'où qu'elles viennent, en local ou à l'international. On verra ensuite ce que ça donne.

Les professionnels du numérique regrettent le manque de communication de l'OPT lors de ces coupures, comment comptez-vous répondre à leurs attentes ?
La première chose est évidemment que l'on présente nos excuses à tous les internautes polynésiens qui sont touchés, en particulier les entreprises. En termes de communication nous mettons en place, avec l'équipe de la supervision du groupe OPT, des messages à destination des clients les plus importants, notamment les entreprises, le Pays et l'État, pour les informer du début et de la fin de l'attaque. Pour des raisons de sécurité nous ne pouvons pas leur donner les détails de l'attaque, mais on fait le maximum pour qu'ils soient au moins informés du début et de la fin.
La communication du groupe OPT va aussi mettre en place un système d'information à destination du grand public, avec les moyens moderne de communication (comme les réseaux sociaux) ou via SMS puisque si le réseau est touché, il y a des chances pour que notre message ne passe pas.

Le fameux DK évoquait des manques de sécurité dans le système de l'OPT, est-ce le cas ?
Honnêtement ça a été le cas puisque les attaques que l'on subissait nous impactaient avec des coupures franches ou des ralentissements sur plusieurs heures. Aujourd'hui c'est beaucoup moins le cas, donc on a fait évoluer nos infrastructures pour contrer les attaques que l'on subissait, qu'elles viennent de ces personnes-là ou d'ailleurs. Pour ces investissements, on parle de plusieurs dizaines de millions de francs cfp.

Avez-vous reçu une demande de rançon ? Allez-vous porter l'affaire en justice ?
Nous n'avons pas reçu de demande de rançon. On va faire ce qu'il faut pour que l'affaire soit traitée, y compris avec la justice si jamais ça devait relever de la justice.

DK menace encore

La semaine dernière, nous vous révélions que le hacker DK, probablement basé en Polynésie, revendiquait au moins une partie des attaques contre le réseau OPT, assurant avoir pour objectif de forcer l'opérateur à améliorer la sécurité de son système. Aujourd'hui il réitère ses menaces dans un message envoyé sur notre page Facebook ce weekend : "Je viens certainement de trouver l'IP du câble (...). Voici l'IP (...), donnez-là à Vini ou l'OPT, qu'ils se protègent bien de l'attaque à 200 Gbps qui arrivera surement la semaine prochaine. Et si vous ne voulez pas que j'attaque le serveur veuillez envoyer la somme de 300€ à cette adresse Bitcoin (...)"

Combien d'abonnés à la fibre optique en Polynésie française ?

Nous avons profité de l'occasion pour faire le point sur le nombre d'abonnés à la fibre optique en Polynésie.

Selon Erika Tonnerre, Vini compte aujourd'hui :
- 2000 abonnés particuliers aux offres fibre
- "Un peu moins" de 1000 abonnés professionnels
- 20 000 prises "raccordables" installées

Viti compte de son côté autour de 500 clients professionnels et particuliers à ses offres fibre.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 28 Mai 2018 à 11:02 | Lu 18970 fois