Correctionnelle : "L’ice, je ne le souhaite pas à mes propres enfants"


PAPEETE, le 11 septembre 2018 - Un père de famille de 39 ans comparaissait ce mardi devant le tribunal correctionnel pour avoir détenu et offert de l’ice.

L’homme avait été mis en cause dans le cadre de l’affaire dans laquelle un douanier proxénète avait été condamné à de la prison ferme pour avoir notamment loué des chambres à des prostituées mineures. Le prévenu a été condamné à deux ans de prison avec sursis.

En février 2012, la direction des affaires sociales signale des faits de proxénétisme et de trafic de stupéfiants impliquant de jeunes filles mineures. L’enquête mène à un douanier qui se révèle également être un proxénète. Deux des adolescentes impliquées dans le dossier donnent alors le nom d’un homme comme étant l’un de ceux qui leur fournissait parfois de l’ice au cours d’actes sexuels non tarifés.

Cet individu, initialement mis en cause pour "trafic de stupéfiants" et "recours à la prostitution de mineurs", comparaissait finalement ce mardi pour "détention, offre et usage".

"Désintoxication difficile"

Lors de l’audience, le président du tribunal est longuement revenu sur le contexte dans lequel le prévenu avait été mis en cause. Ce dernier a expliqué qu’il avait rencontré les deux mineures au bord de la route. Cela faisait déjà plusieurs mois que l’homme était tombé dans l’ice suite au décès de l’un de ses enfants. Sans contrepartie financière, il avait eu des relations sexuelles avec les deux adolescentes avec lesquelles il prenait souvent de l’ice. Il ignorait qu’elles étaient mineures mais supposait qu’elles profitaient de son passé d’ancien boxeur "pour faire peur" à ceux qui voudraient les importuner.

Lors d’une audition, l’une des deux adolescentes avait expliqué se prostituer car elle voyait sa cousine, qui se prostituait depuis plus de deux ans, "amasser" tant d’argent qu’elle en était "fascinée". Les deux adolescentes faisaient jusqu’à trois passes par jour et pouvaient gagner jusqu’à 60 000 francs quotidiennement. Cet argent leur servait à se payer des sachets de méthamphétamines.

A la barre du tribunal, ce mardi, le prévenu a expliqué qu’il avait sombré dans l’ice suite à la mort de sa fille et alors qu’il se trouvait dans un "état de faiblesse". L’homme a également évoqué les difficultés rencontrées pour se désintoxiquer : "cela a été très difficile car le corps en a besoin et parce que j’étais sollicité par certains membres de mon entourage. L’ice, je ne le souhaite pas à mes propres enfants".

Le procureur de la République a requis deux ans de prison avec sursis en rappelant que le prévenu, bien que concerné "à la marge" était mis en cause dans un "sombre dossier" impliquant la prostitution de "mineures toxicomanes".

Me Huguet, conseil du prévenu, a affirmé que son client était revenu sur le "droit chemin" et qu’à l’époque des faits, il s’était "réfugié dans la recherche de l’autodestruction", suite à la perte de sa fille.

Après en avoir délibéré, les magistrats ont suivi les réquisitions du procureur de la République.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 11 Septembre 2018 à 11:55 | Lu 4471 fois