PARIS, 24 octobre 2013 (AFP) - Portable chiffré dans la poche, ligne fixe et intranet ultrasécurisés au bureau comme à domicile: les chefs d'Etat sont équipés pour échanger des données sensibles mais utilisent aussi au quotidien des smartphones "normaux", une brèche ouverte aux tentatives d'espionnage.
Mercredi, l'Allemagne a affirmé que le téléphone portable d'Angela Merkel "pourrait être espionné par les services américains". La chancelière allemande a aussitôt demandé des explications à Barack Obama, qui lui a assuré que les Etats-Unis ne surveillaient pas ses communications.
Selon le Tagesspiegel de Berlin, citant des sources gouvernementales, le portable en question n'est pas le téléphone crypté que Mme Merkel utilise en tant que chancelière, mais celui dont elle dispose en tant que présidente de la CDU. Mais l'agence de presse allemande affirme qu'il s'agirait bien de son mobile "officiel", donc censé être ultrasécurisé.
Le gouvernement allemand s'est équipé il y a plusieurs de mois de smarphones Blackberry Z10 (environ 2.500 euros pièce) dotés d'une solution spéciale de sécurité.
En France, la sphère dirigeante dispose de téléphones mobiles chiffrants Teorem (estimés à 3.300 euros pièce), construits par Thales, exclusivement pour l'Etat. Agréés par l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), ils permettent de passer des communications sécurisées jusqu'au niveau "secret défense".
Certains dirigeants politiques et hauts fonctionnaires français disposent aussi de l'intranet ultrasécurisé Isis, en fonction depuis 2006, et le réseau interministériel de téléphonie fixe et de télécopie Rimbaud, tous deux hébergés sous l'Hôtel des Invalides.
Mais ces systèmes sont souvent vus comme des contraintes par leurs utilisateurs, car ils nécessitent des procédures ou des manipulations parfois lourdes: un Teorem va par exemple mettre jusqu'à 30 secondes pour lancer un appel en raison des clés de sécurité, ce qui peut irriter à une époque où les communications sont de plus en plus rapides.
Privés de Gmail et de Google
Dans une circulaire du 19 août, alors que l'ex-consultant de l'agence de renseignements américaine (NSA) Edward Snowden avait déjà distillé nombre d'informations sur l'ampleur de l'espionnage américain en Europe, Matignon avait rappelé à l'ordre les ministères en matière de sécurisation des informations.
Il était notamment spécifié que "l'utilisation de smartphones du commerce non agréés doit exclure la communication d'informations sensibles" et que "toute information sensible même non classifiée doit être échangée par les terminaux équipés de systèmes agréés par l'Anssi".
Car qu'il s'agisse des dirigeants politiques mais aussi de chefs d'entreprises, de banquiers d'affaires, d'avocats ou même de journalistes qui ont acheté un téléphone crypté auprès de sociétés spécialisées, "ils ont tous parallèlement au moins un iPhone ou un Blackberry", explique à l'AFP Robert Avril, fondateur de la société pionnière Cryptofrance, qui a lancé dès 2008 ses premiers téléphones cryptés.
"Malgré toutes les sessions de sensibilisation qui sont faites par la Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI), que ces dirigeants écoutent attentivement, une fois rentrés chez eux ils se disent que ça n'arrive qu'aux autres. On n'arrête pas de dire à nos clients de cesser d'avoir des conversations professionnelles et d'envoyer des mails avec leurs smartphones normaux", souligne-t-il.
"Les militaires font réellement attention, mais dès qu'on a des hommes politiques c'est catastrophique, ils ont beaucoup de difficulté à comprendre qu'ils doivent utiliser les téléphones chiffrés, ils sont inconscients des risques, ils ont plusieurs téléphones et sont habitués à utiliser des outils comme Google et Gmail", expliquait récemment Hervé Schauer, administrateur du Clusif, l'association française de référence en termes de cybersécurité.
Selon plusieurs experts en cybercriminalité, l'usage du Teorem rebutait particulièrement l'ancien président français Nicolas Sarkozy, et François Hollande comme Jean-Marc Ayrault auraient gardé leur smartphone personnel en arrivant au pouvoir en complément aux appareils chiffrés.
Mercredi, l'Allemagne a affirmé que le téléphone portable d'Angela Merkel "pourrait être espionné par les services américains". La chancelière allemande a aussitôt demandé des explications à Barack Obama, qui lui a assuré que les Etats-Unis ne surveillaient pas ses communications.
Selon le Tagesspiegel de Berlin, citant des sources gouvernementales, le portable en question n'est pas le téléphone crypté que Mme Merkel utilise en tant que chancelière, mais celui dont elle dispose en tant que présidente de la CDU. Mais l'agence de presse allemande affirme qu'il s'agirait bien de son mobile "officiel", donc censé être ultrasécurisé.
Le gouvernement allemand s'est équipé il y a plusieurs de mois de smarphones Blackberry Z10 (environ 2.500 euros pièce) dotés d'une solution spéciale de sécurité.
En France, la sphère dirigeante dispose de téléphones mobiles chiffrants Teorem (estimés à 3.300 euros pièce), construits par Thales, exclusivement pour l'Etat. Agréés par l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), ils permettent de passer des communications sécurisées jusqu'au niveau "secret défense".
Certains dirigeants politiques et hauts fonctionnaires français disposent aussi de l'intranet ultrasécurisé Isis, en fonction depuis 2006, et le réseau interministériel de téléphonie fixe et de télécopie Rimbaud, tous deux hébergés sous l'Hôtel des Invalides.
Mais ces systèmes sont souvent vus comme des contraintes par leurs utilisateurs, car ils nécessitent des procédures ou des manipulations parfois lourdes: un Teorem va par exemple mettre jusqu'à 30 secondes pour lancer un appel en raison des clés de sécurité, ce qui peut irriter à une époque où les communications sont de plus en plus rapides.
Privés de Gmail et de Google
Dans une circulaire du 19 août, alors que l'ex-consultant de l'agence de renseignements américaine (NSA) Edward Snowden avait déjà distillé nombre d'informations sur l'ampleur de l'espionnage américain en Europe, Matignon avait rappelé à l'ordre les ministères en matière de sécurisation des informations.
Il était notamment spécifié que "l'utilisation de smartphones du commerce non agréés doit exclure la communication d'informations sensibles" et que "toute information sensible même non classifiée doit être échangée par les terminaux équipés de systèmes agréés par l'Anssi".
Car qu'il s'agisse des dirigeants politiques mais aussi de chefs d'entreprises, de banquiers d'affaires, d'avocats ou même de journalistes qui ont acheté un téléphone crypté auprès de sociétés spécialisées, "ils ont tous parallèlement au moins un iPhone ou un Blackberry", explique à l'AFP Robert Avril, fondateur de la société pionnière Cryptofrance, qui a lancé dès 2008 ses premiers téléphones cryptés.
"Malgré toutes les sessions de sensibilisation qui sont faites par la Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI), que ces dirigeants écoutent attentivement, une fois rentrés chez eux ils se disent que ça n'arrive qu'aux autres. On n'arrête pas de dire à nos clients de cesser d'avoir des conversations professionnelles et d'envoyer des mails avec leurs smartphones normaux", souligne-t-il.
"Les militaires font réellement attention, mais dès qu'on a des hommes politiques c'est catastrophique, ils ont beaucoup de difficulté à comprendre qu'ils doivent utiliser les téléphones chiffrés, ils sont inconscients des risques, ils ont plusieurs téléphones et sont habitués à utiliser des outils comme Google et Gmail", expliquait récemment Hervé Schauer, administrateur du Clusif, l'association française de référence en termes de cybersécurité.
Selon plusieurs experts en cybercriminalité, l'usage du Teorem rebutait particulièrement l'ancien président français Nicolas Sarkozy, et François Hollande comme Jean-Marc Ayrault auraient gardé leur smartphone personnel en arrivant au pouvoir en complément aux appareils chiffrés.