Congrès du Tapura Huiraatira : le discours d'Édouard Fritch


PAPEETE, 17 mars 2018 - Le discours prononcé par Édouard Fritch devant les 6000 militants rassemblés pour le 2e congrè du Tapura Huiraatira, samedi au parc Expo de Mamao.

Mes chers amis,

Je suis heureux de vous accueillir si nombreux et si enthousiastes aujourd’hui sur ce site de Mamao. Nous avions prévu de nous réunir à Pirae, notre berceau, mais la météo nous a incités à venir sous ces chapiteaux à Papeete.

Le 19 septembre 2015, nous étions quelques milliers déjà réunis dans les jardins de la mairie de Pirae pour jeter les fondations de notre nouvelle maison, après que beaucoup d’entre nous aient été exclus de leur famille d’origine.

Il y a un peu plus de deux ans maintenant, le 20 février 2016, toujours à Pirae, salle Aorai Tini Hau, c’est la construction de notre nouvelle famille, le Tapura Huiraatira que nous avons lancée.

Vous étiez 10.000 à avoir répondu à notre appel pour le congrès constitutif du Tapura Huiraatira. Depuis, nous avons grandi. Nous nous sommes structurés, la famille s’est élargie. Nous sommes aujourd’hui plus de 45.000 adhérents enregistrés.



Cette maison, nous l’avons construite avec le soutien des maires et des élus locaux dans un premier temps. Le succès électoral de Nuihau Laurey et de Lana Tetuanui aux sénatoriales partielles de mai 2015 nous a conforté dans l’idée qu’il nous fallait un rassemblement plus large en soutien au gouvernement de notre Pays.

Cette maison, nous l’avons donc construite avec vous, et pour vous. Pour la Polynésie française.

Le succès, il a encore été au rendez-vous en juin 2017 avec l’élection de Maina Sage et Nicole Sanquer à l’Assemblée nationale. Bien sûr, nous aurions aimé que notre ami Patrick Howell vienne compléter l’équipe, mais le ralliement du Tahoeraa au Tavini en a voulu autrement, ce qui a porté un candidat indépendantiste anti colonial au parlement français.

Ces élections législatives ont démontré que, un an et demi après notre création, nous étions le premier parti de Polynésie. Au premier tour, le Tapura Huiraatira a rassemblé plus de 33.000 voix sur ses candidats, soit près de 40% des votants. Au deuxième tour, 55.000 voix se sont portées sur nos candidats, soit 60% des électeurs.

Bravo au Tapura Huiraatira, bravo à vous tous, bravo à tous ceux qui nous ont soutenus !

Les 22 avril et 6 mai, nous sommes à nouveau appelés à voter pour le renouvellement de l’Assemblée de Polynésie.




Pour ce nouveau combat politique de notre jeune existence, nous partons en confiance, mais rien n’est gagné d’avance. Il faut se mobiliser jusqu’à la dernière seconde du 22 avril prochain. Ne sous-estimons pas nos adversaires politiques. Ceux sont des partis expérimentés qui, eux aussi, se battront jusqu’au bout pour tenter de gagner. Attention, tous les moyens les plus pervers, les plus sournois seront mis en œuvre pour nous affaiblir et nous faire perdre ces élections.

Mais, je sais aussi que le Tapura Huiraatira a des ressources. Après la présidentielle, après les législatives de 2017, le Tapura Huiraatira se présente aux territoriales en meilleure forme que les autres. Je dis bien en meilleure forme, mais ce n’est pas encore suffisant pour gagner. Attention au piège de la confiance excessive.

Aujourd’hui, nous avons le moral, parce que nous avons un bilan positif à défendre devant la population. Oui mes chers amis, vous pouvez être fiers du travail réalisé. Le gouvernement et sa majorité à l’Assemblée ont travaillé au redressement économique et social de notre Pays.

Depuis mon élection à la tête du Pays en septembre 2014, le gouvernement et la majorité ont consacré toute leur énergie à redresser une situation qui n’avait eu de cesse de se dégrader jusqu’en 2013.

Cependant, n’oublions pas d’où nous venons.



Rappelez-vous qu’en 2012, notre pays était en cessation de paiement et qu’Oscar Temaru avait dû demander à l’Etat, qu’il qualifie de colonial, une subvention de 6 milliards sans laquelle les agents du Pays n’auraient pas été payés.

En 2013, après les élections territoriales, l’Etat nous a accordé un prêt de 5 milliards pour passer le cap. Prêt que nous avons intégralement remboursé grâce à notre bonne gestion et aux efforts consentis par tous les Polynésiens.

Nous venons de très loin et vivions pratiquement sous perfusion permanente.

En septembre 2014, j’ai arrêté ce processus parce que cette attitude de main tendue vers l’Etat, sans effort de notre part, n’est pas digne et responsable. J’ai préféré orienter notre pays vers la voie de l’effort et de la dignité.
L’amélioration depuis 3 ans n’est pas le fruit du hasard ou de la chance. Nous avons bâti une gouvernance pour répondre aux besoins de la population, dans l’intérêt général.
Nous avons travaillé en confiance et dans une coopération respectueuse avec les maires et l’Etat.
Qu’entendons-nous aujourd’hui ?
L’Institut d’émission d’outre-mer dit : «  L’embellie sur le marché du travail se poursuit…. La conjoncture économique demeure globalement favorable dans l’ensemble des secteurs de l’économie polynésienne et s’accompagne de prévisions d’investissement toujours bien orientées ».

Merci à tous ceux qui croient en ce pays. Merci à tous les acteurs économiques. Merci à tous les polynésiens qui ont confiance en l’avenir de leur pays. Merci aux maires et à l’Etat qui œuvrent pour la stabilité et un partenariat permettant à la Polynésie de retrouver le chemin du développement.
Ainsi, nous avons construit ou amélioré des milliers de logements ; nous avons construit et rénové des écoles ; nous avons créé des emplois ; l’économie se porte mieux ; il n’y a plus d’histoire de magouille et de corruption ; les maires peuvent compter sur mon équité pour obtenir de l’aide quels que soient leur bord ou leur appartenance politique ; je refuse les insultes politiques, je cherche la stabilité et la paix.

C’est tout cela notre bilan. Vous trouverez d’autres détails de ce bilan dans notre document programme.

Nous avons réalisé beaucoup de choses. Ce sont des faits qui montrent tout ce que notre gouvernement a été capable de réaliser en 3 ans. Cela donne aussi une idée concrète de ce que le Tapura Huiraatira sera capable de réaliser et d’amplifier dans les 5 ans à venir.

Contrairement aux affirmations des mauvais coucheurs, depuis septembre 2014 nous avons réussi à inverser la courbe du chômage et plus de 10.000 personnes ont trouvé le chemin du travail. La CPS a enregistré une augmentation de la masse salariale annuelle de près de 14 milliards de francs. Et les syndicats sont les premiers à le savoir puisqu’ils siègent au conseil d’administration de la Caisse.

Oui, il faut créer des emplois pour sauver les retraites. Nous le savons nous aussi, et nous le faisons. Mais ce ne sera pas suffisant pour sauver la caisse de retraite parce qu’aujourd’hui, la durée de vie d’un retraité s’est allongée et qu’il touchera une pension beaucoup plus longtemps qu’hier.
Savez-vous que la CPS verse 40 milliards de francs de retraite chaque année. Je dis bien 40 milliards de francs par an. La CPS doit donc trouver au moins 40 milliards de recettes chaque année pour que les pensions soient normalement versées.
Aujourd’hui, il y a 36 milliards de recettes pour 40 milliards de versement. Il y a près de 4 milliards de déficit par an qu’il faut combler. Mais combler ce déficit avec quoi et comment ? Ce sera avec les fonds de réserve de cette même retraite géré par la CPS et qui sont aujourd’hui de 13 milliards.
A raison de 4 milliards de déficit par an, dans 3 ans il n’y aura plus rien dans la caisse. Donc si on ne réforme pas, dans deux ans il n’y aura plus assez de recettes pour assurer le versement de toutes les pensions. C’est la réalité et la vérité que certains refusent de voir en face. Moi, je ne peux pas fermer les yeux sur cette réalité. Ce serait totalement irresponsable. Nous ne sommes pas des irresponsables car la réalité est aussi qu’en 2020 nous ne pourrons plus servir toutes les retraites et en particulier celles des derniers partis c’est-à-dire vous les salariés d’aujourd’hui.



C’est pour cette raison que nous avons présenté, après 3 ans de concertation, un projet de loi pour réformer les retraites. C’est difficile, c’est dur. Malgré les importantes concessions que nous avons faites en direction des syndicats, certains étaient prêts à paralyser l’économie, à mettre le Pays à genou, pour mettre la réforme en échec. Les mêmes qui ont signé pour la réforme Te Autaeaeraa en 2005, à l’origine du problème que nous rencontrons aujourd’hui.
J’ai opté pour la voie de la sagesse en demandant à nos élus de surseoir à l’étude de cette réforme. Je ne voulais pas qu’une population entière, et particulièrement celle des îles, ait à souffrir de blocages et de pénurie. Je veux la paix pour mon pays et pour mon peuple.
Toujours sur le sujet de la création d’emplois, vous le savez, le chantier de la ferme aquacole de Hao vient de débuter. Il sera pourvoyeur de nombreux emplois pour nos jeunes et nos habitants des îles. Je sais que nos adversaires politiques doutaient de nos capacités à faire aboutir ce dossier. Je sais qu’ils agissaient en souterrain pour que ce chantier ne puisse pas démarrer. Dommage pour ces détracteurs et tant mieux pour les polynésiens.

Aujourd’hui, ce grand chantier démarre. Toutes les autorisations sont délivrées sans dérogation. Le chantier démarre et je suis fier de vous dire que nous n’avons pas bradé notre pays. L’investisseur confirme un investissement de 150 milliards de francs sur 10 ans.

Il en sera de même pour le projet de « Village Tahitien ». Il est dans sa phase finale pour ce qui concerne la sélection des projets présentés par des investisseurs privés. Ce sera le grand chantier de la prochaine mandature, lié à notre développement touristique.

C’est vrai, la reprise n’a pas encore bénéficié à tout le monde. Il reste toujours trop de sans emploi dans notre Pays. C’est pourquoi, parallèlement au soutien de l’économie, nous avons favorisé la création de stages d’insertion qui ont bénéficié à plus de 12.500 demandeurs d’emploi, dont 9700 CAE qu’on nous a accusé d’avoir voulu supprimer.

D’autre part, la meilleure santé de notre économie et de nos finances nous permet de réaliser un ambitieux programme de logements sociaux.

Le logement est un besoin fondamental et nous avons pris un retard énorme.

J’ai vu qu’un parti politique promettait, s’il revenait au pouvoir, de construire 1000 logements par an. Trop tard pour ce parti, cet objectif est atteint aujourd’hui. Nous avons déjà lancé en septembre dernier le plan « 3000 logements en 3 ans ». Qu’ils se gardent leurs leçons !

En effet, en 2017, près de 18 milliards de commande publique, ont été engagés en investissement au profit des opérations conduites par l’OPH. Ces chiffres ont permis la livraison de 486 logements par l’OPH. Ces chiffres sont à comparer avec les résultats du passé : en 2013, l’OPH n’avait livré qu’un seul fare et seulement 33 logements en habitat groupé et zéro aide en matériaux.

En 2018, nous avons prévu de faire encore plus, pour atteindre 550 logements, et plus de 1 000 aides AAHI.

Nos efforts en matière de logement sont destinés à soutenir notre politique en faveur de la famille. L’Abbé Pierre qui, comme vous le savez, s’est beaucoup battu contre la pauvreté, a dit « Gouverner, c’est d’abord loger son peuple ». Il ajoute « Chaque fois que l’on refuse 1 milliard pour le logement, c’est 10 milliards que l’on prépare pour les tribunaux, les prisons et les asiles de fous ».

Je suis de ceux qui sont convaincus que si « la famille va, tout va ». La Polynésie ira beaucoup mieux.

Et la famille, ce sont aussi les jeunes. Nous avons pris la décision de construire près de 150 logements étudiants nouveaux sur le campus de Outumaoro et dans l’immeuble Van Bastolaer à Papeete auquel nous avons enfin redonné vie.

Nous avons aussi mis l’accent sur les conditions d’accueils de nos jeunes en rénovant les internats des lycées et collèges de Taravao, Rangiroa, Tubuai, Ua Pou, Hao et Gauguin et construit de nouveaux établissements et plateaux sportifs à Teva I Uta, Bora Bora, Hiva Oa, Faaa, Taputapuatea, Moorea, Rurutu, Uturoa. Je remercie l’Etat pour sa contribution importante.
Nous avons commencé à construire ou à rénover de nouveaux espaces de loisirs pour les jeunes, au travers de plateaux sportifs, d’accès à la mer, de parcs de randonnées, de manifestations culturelles, etc.



Toujours pour nos familles, je n’ai procédé à aucune augmentation de taxe ces trois dernières années. Bien au contraire, nous avons pris des mesures en faveur du pouvoir d’achat des ménages. On l’a peut-être oublié, mais nous avons fait baisser le prix de l’électricité en moyenne de 10% ; nous avons fait baisser le litre d’essence de 50F et du gasoil de 35F ; nous avons fait baisser le prix du riz PPN de 37% ; nous avons supprimés les droits de douane sur les vêtements et les chaussures ; nous les avons également supprimés pour les véhicules hybrides et non polluants, pour les deux roues.
La famille, c’est aussi la terre. Les familles sont aujourd’hui aidées à sortir de l’indivision par le pays jusqu’à 5 millions de francs par litige. Mon souci est que les enfants puissent se loger, y faire leur faapu ; que les parents puissent préparer l’avenir de leurs enfants.
Ayez confiance en notre volonté de travailler pour le bien-être de tous les Polynésiens.
Mais comme je le disais au début de mon intervention, nous avons un vrai bilan à présenter devant les électeurs.
C’est sur la base de ce bilan, avec la stabilité enfin retrouvée, que nous vous proposons de continuer ensemble pour une Polynésie forte et solidaire.
Nous venons de vous présenter les grandes lignes de notre programme d’actions pour la prochaine mandature.
Ce qu’il faut en retenir, c’est que dans le premier axe, nous plaçons l’homme, la femme, la famille et le social au centre de nos préoccupations et de nos actions. La reprise est là, il nous faut donc accompagner en priorité ceux qui sont encore sur le bord de la route et nous attaquer aux maux qui déstructurent notre société et font perdre leurs repères à certains, particulièrement chez les jeunes.
Il nous faut revenir aux valeurs fondamentales de la solidarité. Je souhaite une redistribution juste, équitable des fruits de la croissance.
Le deuxième axe concerne l’entrée de notre pays de plain-pied dans la modernisation. La modernisation numérique, avec une administration au service de la population, la modernisation énergétique avec une montée en puissance des énergies renouvelables, la modernisation environnementale.
Le troisième axe, enfin, c’est celui du recentrage de notre économie autour de ses vrais moteurs de croissance que sont le tourisme et l’économie de la mer.
Ce que nous désirons, c’est construire une Polynésie de demain, qui reste attachée à ses traditions et à sa culture, tout en étant résolument tournée vers l’avenir, par l’exploitation, avant tout, de ses ressources propres.
Ce que nous désirons, c’est préserver notre mode de vie sans céder au gigantisme et à la démesure, trouver un équilibre entre une croissance nécessaire pour créer de l’emploi et favoriser l’harmonie sociale.
Notre avenir, il ne se joue pas à l’ONU ou dans une indépendance qui serait le remède à tous nos maux, et dont la majorité des Polynésiens ne veulent pas.
Notre avenir ne se joue pas dans une fuite en avant avec des promesses de chantiers pharaoniques, 500 milliards d’emprunts qui seront supportés par les générations futures ou des tickets de truck à 100 francs.
Mes chers amis, je vous le disais en introduction, nous partons confiants pour ces élections parce que nous avons un bilan et un programme pour un avenir meilleur. Je peux relever la tête et regarder mes frères, mes sœurs, mes compatriotes dans les yeux.
Mais je vous dis : attention ! Attention, parce que rien n’est jamais joué. Confiance ne doit pas vouloir dire excès de confiance.
Nous étions trop confiants de notre victoire sur le record du monde de Ukulele. Du coup, beaucoup sont restés chez eux en se disant que c’était dans la poche ! Ils le feront pour nous et jouerons à notre place.
Et bien non, ça ne s’est pas passé comme prévu. Quel désastre.
Et le 22 avril ça peut ne pas se passer comme prévu si on ne se bouge pas. Nos 45 000 fiches d’adhésion ne suffisent pas. Ceux sont des sympathisants. Il nous faut pour gagner 45 000 militants qui iront voter ou chercher à faire voter le Tapura Huiraatira.
Alors, je compte beaucoup sur mes amis maires des 5 archipels pour mobiliser nos militants et nos sympathisants. Je les remercie d’être venus jusqu’à nous pour apporter leur soutien à l’action du Tapura Huiraatira. Ils sont 21 sur notre liste. Mes amis, vous avez vu ce que nous avons réussi à faire en trois ans avec nos communes et nous pourrons réaliser plus dans les 5 prochaines années si nous continuons, ensemble, unis et solidaires. Alors, jetez toutes vos forces dans la bataille qui nous attend le 22 avril prochain.
De même, chacun d’entre nous doit rappeler à ses amis, à son entourage, ce que nous avons fait pour le Pays.
Chacun d’entre nous doit aller défendre notre programme et notre vision pour l’avenir.
Chacun d’entre nous doit inciter ses amis, son entourage à voter Tapura Huiraatira le 22 avril prochain.
Mon objectif est de gagner au 1er tour.
Nous devons gagner au 1er tour car au second tour nous prendrons le risque d’avoir en face de nous un jeu des alliances qui peut nous être défavorable. Ils seront capables de tout pour nous éliminer.
Mes amis, ensemble, soudés, motivés, combatifs, nous pourrons ainsi continuer ce que nous avons commencé pour la Polynésie française.
Vive le Tapura Huiraatira,
Vive la Polynésie française,

Rédigé par à partir d'un communiqué le Samedi 17 Mars 2018 à 23:20 | Lu 2517 fois