Confrontation : L'homme qui voulait assassiner sa mère persiste et signe


L'homme, considéré comme particulièrement imprévisible et dangereux, a mobilisé six gendarmes chevronnés pour éviter tout incident pendant la confrontation générale ce matin.
PAPEETE, le 27 juin 2017 - Ecroué depuis son interpellation début décembre 2016 à Faa'a alors qu'il s'apprêtait à mettre à exécution son plan macabre, revendiqué et assumé, ce quadragénaire a été réentendu mardi par le juge d'instruction dans le cadre d'une confrontation générale. Insensible à sa situation -il est en détention provisoire depuis 6 mois et risque la perpétuité aux assises- l'homme a réaffirmé avec froideur ses intentions de meurtre.

Le sens commun voudrait que toute personne mise en examen pour tentative d'assassinat, dans un réflexe de défense, tente d'édulcorer l'accusation, se réfugie derrière un coup de folie passagère. A fortiori six mois après les faits, autant de temps passé à réfléchir en détention provisoire. Pas lui. L'homme de 41 ans interpellé in extremis au domicile de sa mère début décembre 2016 à Faa'a, alors qu'il avait l'intention de la tuer puis de la découper en morceaux, a réaffirmé ce mardi en confrontation générale devant le juge d'instruction ce qu'il avait déjà assumé le plus calmement du monde lors de ses premières auditions : oui, il a bien planifié d'assassiner sa mère. Et le ressentiment contre elle est toujours-là, selon une source proche du dossier, inquiète par cette personnalité que rien ni personne ne semble pouvoir ébranler, pas même la perspective d'une peine de prison à perpétuité.

Sans réels antécédents judiciaires, cultivé et intelligent, cet homme d'une rare froideur, pizzaiolo, avait fait le chemin depuis son île de Tubuai pour en finir avec sa mère chez elle à Faa'a. Crâne rasé et tatoué, le quadragénaire, à la stature colossale, s'était présenté chez elle avec, dans un sac, une hachette, un couteau à désosser, une scie circulaire et des sacs plastiques. Il a en effet expliqué avoir imaginé découper la malheureuse une fois qu'il l'aurait tuée pour s'en débarrasser suivant une sorte de rituel morbide. La maman n'avait eu la vie sauve que grâce à l'intervention du beau-père du suspect qui s'était interposé. Ce dernier, tout aussi imposant que ce fils qu'il avait élevé, avait réussi à parlementer le temps pour les gendarmes, prévenus par le voisinage, d'arriver en quatrième vitesse.

Rancœurs familiales ?

La confrontation générale au palais de justice de Papeete ce matin a mobilisé six gendarmes, le visage dissimulé derrière des cagoules, pour parer à tout incident avec cet homme jugé déterminé et dangereux et qui, depuis son interpellation, refuse l'assistance d'un avocat. Des expertises psychiatriques ont été effectuées et le quadragénaire ne présenterait aucun trait de folie au sens médical, mais des tendances schizophréniques et psychopathiques.

S'exprimant sans aucune sensibilité mais intelligemment, refusant parfois de répondre aux questions selon plusieurs sources proches de l'affaire, il reprocherait entre autres à sa mère de lui avoir révélé sur le tard que son beau-père n'était pas son père biologique, ce qui serait démenti. Père de famille lui-même, il la tiendrait aussi responsable de l'éclatement de son foyer à Tubuai. Elle a en effet récupéré la garde chez elle à Faa'a de deux de ses trois enfants, placés sur décision de justice suite à des signalements de violences. La confrontation a été suivie d'une reconstitution organisée sur place à Faa'a dans l'après-midi. L'instruction du dossier se poursuit.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 27 Juin 2017 à 18:08 | Lu 7468 fois