PAPEETE, le 13 novembre 2018 - À la Conférence économique, les chefs d'entreprise ont eu l'occasion de débattre avec les administrations et les politiques sur les mesures à mettre en place pour favoriser les investissements, l'emploi et le développement de notre industrie. De nombreuses idées ont été échangées, mais pour les entrepreneurs il n'y a qu'une seule recette efficace : simplifier les démarches administratives pour investir et assouplir le code du travail pour embaucher.
La Présidence accueille la cinquième Conférence économique depuis lundi. Elle est organisée par la vice-présidence, en charge des affaires économiques, avec des experts venus du monde des entreprises, des experts comptables et fiscaux, des chefs de service et des spécialistes issus de l'administration. Ils ont longuement débattu ce mardi matin lors de trois ateliers sur les thèmes de "L'investissement des entreprises : sur quels leviers agir ?" ; "L'emploi : Freins et opportunités" et "Industrie locale et reprise économique : quelles perspectives ?".
Nous avons profité de l'occasion pour aller rencontrer les chefs d'entreprise présents pour leur demander leur opinion sur cette grande réunion économique annuelle et sur les solutions qu'ils proposent pour développer notre économie. S'ils ne demandent pas explicitement une grande libéralisation de notre économie, la plupart de leurs demandes vont dans ce sens (sauf lorsqu'ils espèrent recevoir plus d'aides publiques, voir interviews).
La restitution de ces ateliers aura lieu ce mercredi après-midi à partir de 14h30. Le processus n'est pas anodin puisqu'un grand nombre des propositions issues des Conférences économiques précédentes ont été appliquées. Lors de son discours d'inauguration, le vice-président Teva Rohfritsch a ainsi rappelé que "182 propositions ont été faites lors des précédentes conférences, dont 72 ont été réalisées ou engagées". Il a également déjà annoncé répondre favorablement à l'une des demandes les plus anciennes du patronat, la réforme du CDD et du CDI : "Tout un pan du code du Travail mérite d'être modernisé. (...) Le gouvernement sera aux côtés des partenaires sociaux pour que ces modifications soient réalisées avec raison et avec une efficacité économique."
La Présidence accueille la cinquième Conférence économique depuis lundi. Elle est organisée par la vice-présidence, en charge des affaires économiques, avec des experts venus du monde des entreprises, des experts comptables et fiscaux, des chefs de service et des spécialistes issus de l'administration. Ils ont longuement débattu ce mardi matin lors de trois ateliers sur les thèmes de "L'investissement des entreprises : sur quels leviers agir ?" ; "L'emploi : Freins et opportunités" et "Industrie locale et reprise économique : quelles perspectives ?".
Nous avons profité de l'occasion pour aller rencontrer les chefs d'entreprise présents pour leur demander leur opinion sur cette grande réunion économique annuelle et sur les solutions qu'ils proposent pour développer notre économie. S'ils ne demandent pas explicitement une grande libéralisation de notre économie, la plupart de leurs demandes vont dans ce sens (sauf lorsqu'ils espèrent recevoir plus d'aides publiques, voir interviews).
La restitution de ces ateliers aura lieu ce mercredi après-midi à partir de 14h30. Le processus n'est pas anodin puisqu'un grand nombre des propositions issues des Conférences économiques précédentes ont été appliquées. Lors de son discours d'inauguration, le vice-président Teva Rohfritsch a ainsi rappelé que "182 propositions ont été faites lors des précédentes conférences, dont 72 ont été réalisées ou engagées". Il a également déjà annoncé répondre favorablement à l'une des demandes les plus anciennes du patronat, la réforme du CDD et du CDI : "Tout un pan du code du Travail mérite d'être modernisé. (...) Le gouvernement sera aux côtés des partenaires sociaux pour que ces modifications soient réalisées avec raison et avec une efficacité économique."
Atelier 2 : l’emploi : Freins et opportunités
Christophe Plée, gérant d'Aquanet, président de la CPME
Les PME ont-elles un rôle à jouer pour développer l'emploi en Polynésie ?
Oui, d'abord parce que les PME de moins de 10 salariés représentent 86% des entreprises locales. Mais ce qu'il est important de dire, c'est que les jeunes chefs d'entreprise qui vont créer l'emploi de demain, il faut qu'ils n'aient pas peur d'employer des salariés. Et pour ça il faut qu'ils aient des contrats de travail qui ne vont pas les envoyer tout le temps au tribunal se faire condamner. Il ne faut pas qu'ils aient peur d'embaucher parce que le CDD ou le CDI c'est contraignant et ça augmente l'insécurité juridique. On a beaucoup d'exemples. Et quand on monte son entreprise on n'est pas forcément juriste, on est d'abord sur son cœur de métier, ce qu'on sait faire, on ne peut pas leur demander d'avoir un niveau licence en droit social !
La CPME disait il y a quelques années qu'il fallait réduire le code du Travail à 20 pages maximum. Avez-vous été entendus ?
Pas du tout. Pourtant en France, la loi Travail a permis d'avancer sur ces sujets, donc on voudrait quelque chose de semblable. Si vous pénalisez l'entreprise sans arrêt, à la fin les gens n'ont plus envie d'embaucher. Ce qu'on veut pouvoir dire aux entrepreneurs c'est "allez vers l'emploi salarié, c'est simple et il n'y a pas de risque." Aujourd'hui, les petites entreprises embauchent des patentés, des entrepreneurs individuels, mais plus des salariés. C'est illégal, et il va y avoir des contrôles dans les prochaines semaines. Il faut revenir au salariat, mais pour ça il faut alléger le code du Travail, qui a vraiment besoin d'un toilettage. Plus on va alléger, plus on va embaucher. Et il faut bien dire aux salariés qu'on ne va pas revenir sur leurs droits fondamentaux, ce qu'on veut c'est de l'assouplissement. Je préfère que tout le monde soit salarié, avec la couverture maladie, une retraite à la fin, et ça aidera la CPS au final.
Olivier Kressmann, président d'IDT, vice-président du Medef
Les grandes entreprises demandent-elles aussi cette simplification du droit du travail ?
Ça serait bon pour tout le monde, ce code n'est plus si jeune. Mais le thème d'aujourd'hui c'est la création d'emploi, et l'emploi moderne s'est éloigné du monde salarié. Il faut l'y ramener. Il faut travailler sur les TPE en leur donnant des dispositifs plus adaptés, et la simplification du code du Travail est une bonne démarche. Mais demandons aussi d'autres dispositifs, notamment le développement de l'apprentissage, des nouvelles filières de formation...
En tant que représentant des grandes entreprises, qu'est-ce qui pourrait vous pousser à embaucher plus ? Il y a eu 1000 créations d'emplois en un an, peut-on faire mieux ?
On pourrait faire bien mieux. On est tous conscient qu'une certaine économie souterraine s'est créée, qui n'est pas quantifiée. Ça veut aussi dire qu'il faut changer notre regard sur l'emploi. Les nouvelles générations ne sont pas toutes demandeuses d'un CDI, et elles ont une réponse qui est l'emploi patenté. Il faut les intégrer. Donc nous proposons de mettre en place la SASU, des Sociétés par actions simplifiées unipersonnelles. Elles permettent d'avoir un vrai statut d'employeur avec statut de salarié, et tout ce qui va avec. Ça existe en métropole, il n'y a plus qu'à le mettre en place en Polynésie pour ouvrir aux travailleurs indépendants les mêmes droits que les salariés.
Les PME ont-elles un rôle à jouer pour développer l'emploi en Polynésie ?
Oui, d'abord parce que les PME de moins de 10 salariés représentent 86% des entreprises locales. Mais ce qu'il est important de dire, c'est que les jeunes chefs d'entreprise qui vont créer l'emploi de demain, il faut qu'ils n'aient pas peur d'employer des salariés. Et pour ça il faut qu'ils aient des contrats de travail qui ne vont pas les envoyer tout le temps au tribunal se faire condamner. Il ne faut pas qu'ils aient peur d'embaucher parce que le CDD ou le CDI c'est contraignant et ça augmente l'insécurité juridique. On a beaucoup d'exemples. Et quand on monte son entreprise on n'est pas forcément juriste, on est d'abord sur son cœur de métier, ce qu'on sait faire, on ne peut pas leur demander d'avoir un niveau licence en droit social !
La CPME disait il y a quelques années qu'il fallait réduire le code du Travail à 20 pages maximum. Avez-vous été entendus ?
Pas du tout. Pourtant en France, la loi Travail a permis d'avancer sur ces sujets, donc on voudrait quelque chose de semblable. Si vous pénalisez l'entreprise sans arrêt, à la fin les gens n'ont plus envie d'embaucher. Ce qu'on veut pouvoir dire aux entrepreneurs c'est "allez vers l'emploi salarié, c'est simple et il n'y a pas de risque." Aujourd'hui, les petites entreprises embauchent des patentés, des entrepreneurs individuels, mais plus des salariés. C'est illégal, et il va y avoir des contrôles dans les prochaines semaines. Il faut revenir au salariat, mais pour ça il faut alléger le code du Travail, qui a vraiment besoin d'un toilettage. Plus on va alléger, plus on va embaucher. Et il faut bien dire aux salariés qu'on ne va pas revenir sur leurs droits fondamentaux, ce qu'on veut c'est de l'assouplissement. Je préfère que tout le monde soit salarié, avec la couverture maladie, une retraite à la fin, et ça aidera la CPS au final.
Olivier Kressmann, président d'IDT, vice-président du Medef
Les grandes entreprises demandent-elles aussi cette simplification du droit du travail ?
Ça serait bon pour tout le monde, ce code n'est plus si jeune. Mais le thème d'aujourd'hui c'est la création d'emploi, et l'emploi moderne s'est éloigné du monde salarié. Il faut l'y ramener. Il faut travailler sur les TPE en leur donnant des dispositifs plus adaptés, et la simplification du code du Travail est une bonne démarche. Mais demandons aussi d'autres dispositifs, notamment le développement de l'apprentissage, des nouvelles filières de formation...
En tant que représentant des grandes entreprises, qu'est-ce qui pourrait vous pousser à embaucher plus ? Il y a eu 1000 créations d'emplois en un an, peut-on faire mieux ?
On pourrait faire bien mieux. On est tous conscient qu'une certaine économie souterraine s'est créée, qui n'est pas quantifiée. Ça veut aussi dire qu'il faut changer notre regard sur l'emploi. Les nouvelles générations ne sont pas toutes demandeuses d'un CDI, et elles ont une réponse qui est l'emploi patenté. Il faut les intégrer. Donc nous proposons de mettre en place la SASU, des Sociétés par actions simplifiées unipersonnelles. Elles permettent d'avoir un vrai statut d'employeur avec statut de salarié, et tout ce qui va avec. Ça existe en métropole, il n'y a plus qu'à le mettre en place en Polynésie pour ouvrir aux travailleurs indépendants les mêmes droits que les salariés.
Atelier 1 : L’investissement des entreprises : sur quels leviers agir ?
Vincent Fabre, chargé de pouvoir à la Socredo, président de l'OPEN
Comment s'est passé l'atelier ?
Donc le but de l'atelier était d'identifier les leviers pour développer l'investissement des entreprises, et éventuellement travailler sur les freins, d'où l'importance d'avoir une concertation entre les acteurs du privé et ceux du Pays.
Quelles sont les propositions des chefs d'entreprises pour favoriser les investissements ?
Bien sûr l'allègement de la fiscalité est un levier qui a été identifié, et l'administration publique en convient. Il y a certainement matière à réviser la fiscalité, notamment sur le dispositif de défiscalisation, mais il y a aussi des leviers pour faciliter les démarches des entreprises, notamment en développant l'agilité de l'administration. Nous avons ainsi identifié des freins importants sur les délais des permis de construire et des formalités administratives. Là-dessus, il est urgent de travailler en concertation tous ensemble.
La fiscalité, la simplification administrative, il n'y a pas eu de progrès depuis cinq ans ?
Si, elles s'améliorent de jour en jour et de gros efforts ont été faits. L'impôt sur les sociétés a diminué, des dispositifs d'allègement fiscaux ont été mis en place. En parallèle, la DICP travaille fortement à la numérisation de ses services, la dématérialisation des démarches administratives est une volonté forte du gouvernement comme rappelé hier par le vice-président. Et le secteur privé encourage l'administration à poursuivre cette démarche pour simplifier la vie de tous les contribuables, notamment les entreprises.
On a vu récemment de gros projets d'investissement dans les télécoms ou le transport aérien bloqués par le gouvernement, en avez-vous discuté ?
Nous avons évoqué le modèle de développement économique de la Polynésie. Un professeur de l'université a parlé d'un interventionnisme public encore trop important par moment et de la nécessité que le secteur public accompagne cette libéralisation. Le vice-président a affirmé que c'est une des orientations que le gouvernement souhaite prendre, mais ça prend un peu de temps. L'ouverture à la concurrence se met en place progressivement, et on peut attendre dans les années qui viennent une poursuite de la croissance des investissements des entreprises locales ou étrangères. Il est essentiel que le secteur privé joue son rôle, mais il y a encore des secteurs ou les entreprises publiques ou les SEM ont leur rôle à jouer.
Comment s'est passé l'atelier ?
Donc le but de l'atelier était d'identifier les leviers pour développer l'investissement des entreprises, et éventuellement travailler sur les freins, d'où l'importance d'avoir une concertation entre les acteurs du privé et ceux du Pays.
Quelles sont les propositions des chefs d'entreprises pour favoriser les investissements ?
Bien sûr l'allègement de la fiscalité est un levier qui a été identifié, et l'administration publique en convient. Il y a certainement matière à réviser la fiscalité, notamment sur le dispositif de défiscalisation, mais il y a aussi des leviers pour faciliter les démarches des entreprises, notamment en développant l'agilité de l'administration. Nous avons ainsi identifié des freins importants sur les délais des permis de construire et des formalités administratives. Là-dessus, il est urgent de travailler en concertation tous ensemble.
La fiscalité, la simplification administrative, il n'y a pas eu de progrès depuis cinq ans ?
Si, elles s'améliorent de jour en jour et de gros efforts ont été faits. L'impôt sur les sociétés a diminué, des dispositifs d'allègement fiscaux ont été mis en place. En parallèle, la DICP travaille fortement à la numérisation de ses services, la dématérialisation des démarches administratives est une volonté forte du gouvernement comme rappelé hier par le vice-président. Et le secteur privé encourage l'administration à poursuivre cette démarche pour simplifier la vie de tous les contribuables, notamment les entreprises.
On a vu récemment de gros projets d'investissement dans les télécoms ou le transport aérien bloqués par le gouvernement, en avez-vous discuté ?
Nous avons évoqué le modèle de développement économique de la Polynésie. Un professeur de l'université a parlé d'un interventionnisme public encore trop important par moment et de la nécessité que le secteur public accompagne cette libéralisation. Le vice-président a affirmé que c'est une des orientations que le gouvernement souhaite prendre, mais ça prend un peu de temps. L'ouverture à la concurrence se met en place progressivement, et on peut attendre dans les années qui viennent une poursuite de la croissance des investissements des entreprises locales ou étrangères. Il est essentiel que le secteur privé joue son rôle, mais il y a encore des secteurs ou les entreprises publiques ou les SEM ont leur rôle à jouer.
Atelier 3 : Industrie locale et reprise économique : quelles perspectives ?
Bruno Bellanger, ancien président du Sipof (Syndicat des industriels de Polynésie française)
Les professionnels de l'industrie avaient-ils beaucoup de choses à dire aux administrations et aux politiques ?
Oui, ça a été un échange fructueux pendant trois heures sur les problématiques qui concernent le développement de l'industrie, en parallèle de la valorisation des produits issus du secteur primaire tels que poisson, fruits, fleurs... Les débats ont été très faciles, avec une forme de consensus pour le développement. Maintenant, les propositions que nous allons faire vont être écoutées, plus ou moins, par le gouvernement.
On dit souvent qu'il n'y a pas d'industrie en Polynésie, est-ce une fausse idée ? Pourrait-elle se développer ?
Quand on parle de l'industrie de la transformation, c'est tout de même plus de 6000 emplois en Polynésie, c'est-à-dire un peu plus de 10% de l'emploi salarié et entre 12 et 14% du PIB chaque année. C'est un secteur un petit peu particulier qui a besoin d'un horizon très dégagé pour fonctionner puisque ce sont des gros montants d'investissement et donc des rentabilités qui ne s'obtiennent qu'à long terme. L'industrie existe depuis toujours en Polynésie, et on cherche bien sûr à la développer. L'industrie a toujours été un secteur puissant et peu sensible aux variations économiques, contrairement au tourisme par exemple.
Comment les professionnels voient-ils l'avenir de leur secteur ?
Ici on observe toujours un manque de valorisation des ressources locales, et une sorte de dévalorisation chez les consommateurs des produits locaux. Mais la tendance s'inverse année après année, aujourd'hui grâce au Made in Fenua et au Mangez local, l'image des produits fabriqués localement est bien meilleure, on le sent au niveau des ventes. Le secteur industriel ne s'est pas écroulé au moment de la crise, et il a de belles cartes à jouer dans la croissance que l'économie locale s'apprête à traverser.
On a entendu lors de l'atelier les problèmes du coût de l'énergie, du coût du travail, de l'éloignement. Tout ça peut-il être surmonté ?
Oui évidemment. On développera nos propositions lors des restitutions mercredi, mais il y a toujours des formes d'incitation à mettre en place. On ne rapprochera pas la Polynésie des États-Unis ou de la Nouvelle-Zélande, on ne baissera pas les salaires en Polynésie, mais il y a d'autres leviers sur lesquels on peut jouer, c'est une question de volonté politique. Le but du jeu est de favoriser la transformation des produits locaux. Avec le secteur primaire et l'industrie, il y a des milliers d'emplois à la clé.
On voit que des jeunes entrepreneurs, soutenus par les concours d'innovation, lancent leurs projets. C'est positif pour les industriels en place ?
C'est toujours une bonne nouvelle quand les jeunes se lancent. Après, passer d'un petit projet à un projet industriel, ça implique d'autres paramètres sur le plan de la trésorerie, sur le plan des débouchés commerciaux... Gagner un concours ce n'est pas pérenniser une activité industrielle. Mais les industriels de la place sont là pour aider les nouveaux entrants. Il y a toujours eu une solidarité entre les industriels, c'est un monde de passionnés.
Les professionnels de l'industrie avaient-ils beaucoup de choses à dire aux administrations et aux politiques ?
Oui, ça a été un échange fructueux pendant trois heures sur les problématiques qui concernent le développement de l'industrie, en parallèle de la valorisation des produits issus du secteur primaire tels que poisson, fruits, fleurs... Les débats ont été très faciles, avec une forme de consensus pour le développement. Maintenant, les propositions que nous allons faire vont être écoutées, plus ou moins, par le gouvernement.
On dit souvent qu'il n'y a pas d'industrie en Polynésie, est-ce une fausse idée ? Pourrait-elle se développer ?
Quand on parle de l'industrie de la transformation, c'est tout de même plus de 6000 emplois en Polynésie, c'est-à-dire un peu plus de 10% de l'emploi salarié et entre 12 et 14% du PIB chaque année. C'est un secteur un petit peu particulier qui a besoin d'un horizon très dégagé pour fonctionner puisque ce sont des gros montants d'investissement et donc des rentabilités qui ne s'obtiennent qu'à long terme. L'industrie existe depuis toujours en Polynésie, et on cherche bien sûr à la développer. L'industrie a toujours été un secteur puissant et peu sensible aux variations économiques, contrairement au tourisme par exemple.
Comment les professionnels voient-ils l'avenir de leur secteur ?
Ici on observe toujours un manque de valorisation des ressources locales, et une sorte de dévalorisation chez les consommateurs des produits locaux. Mais la tendance s'inverse année après année, aujourd'hui grâce au Made in Fenua et au Mangez local, l'image des produits fabriqués localement est bien meilleure, on le sent au niveau des ventes. Le secteur industriel ne s'est pas écroulé au moment de la crise, et il a de belles cartes à jouer dans la croissance que l'économie locale s'apprête à traverser.
On a entendu lors de l'atelier les problèmes du coût de l'énergie, du coût du travail, de l'éloignement. Tout ça peut-il être surmonté ?
Oui évidemment. On développera nos propositions lors des restitutions mercredi, mais il y a toujours des formes d'incitation à mettre en place. On ne rapprochera pas la Polynésie des États-Unis ou de la Nouvelle-Zélande, on ne baissera pas les salaires en Polynésie, mais il y a d'autres leviers sur lesquels on peut jouer, c'est une question de volonté politique. Le but du jeu est de favoriser la transformation des produits locaux. Avec le secteur primaire et l'industrie, il y a des milliers d'emplois à la clé.
On voit que des jeunes entrepreneurs, soutenus par les concours d'innovation, lancent leurs projets. C'est positif pour les industriels en place ?
C'est toujours une bonne nouvelle quand les jeunes se lancent. Après, passer d'un petit projet à un projet industriel, ça implique d'autres paramètres sur le plan de la trésorerie, sur le plan des débouchés commerciaux... Gagner un concours ce n'est pas pérenniser une activité industrielle. Mais les industriels de la place sont là pour aider les nouveaux entrants. Il y a toujours eu une solidarité entre les industriels, c'est un monde de passionnés.