Condamnée pour neuf coups de couteau


Tahiti, le 23 octobre 2023 – Une femme de 57 ans jusque-là inconnue de la justice a été condamnée lundi par le tribunal correctionnel à 18 mois de prison dont 12 avec sursis   pour des violences avec arme commises sur son compagnon. Le 18 octobre, sur fond d'alcoolisation et de jalousie, elle lui avait porté neuf coups de couteau. 
 
Le tribunal correctionnel a jugé lundi une mère de famille de 57 ans qui était poursuivie pour des violences avec arme commises sur son compagnon dans la soirée du 18 octobre à Paea. Ce soir-là, c'est la prévenue elle-même qui avait appelé les policiers municipaux auxquels elle avait alors expliqué qu'elle venait de porter neuf coups de couteau à son compagnon. Arrivées sur place, les forces de l'ordre avaient constaté que la quinquagénaire, qui s’était tout de suite désignée comme l'auteur des faits, sentait l'alcool. Alors que son compagnon était hospitalisé, cette patentée en entretien avait été placée en garde à vue pour s'expliquer sur les faits. Elle avait ainsi indiqué que c'est à la suite d'une dispute liée à des “propos blessants” tenus sur fond de jalousie qu'elle avait blessé son conjoint. 
 
Fleur à l'oreille, la prévenue a affirmé lundi à la barre du tribunal qu'elle “regrettait son geste”, qu'il était “vrai” qu'elle avait “pété un câble” le soir des faits tout en assurant qu'elle en avait marre que son compagnon jaloux l'accuse d'être la “femme de tout le monde”. Évoquant son précédent mariage, cette mère de trois enfants a expliqué au tribunal qu'elle avait vécu des années de violences conjugales avec lui. “J'ai vécu un calvaire dans cette dure vie. J'ai été maltraitée comme un ballon de football.” Entendu à son tour, son nouveau conjoint – qui a reçu 13 points de suture et s’est vu prescrire dix jours d'incapacité totale de travail suite aux coups de couteau – a refusé de se constituer partie civile en avouant parallèlement que la prévenue l'avait déjà frappé avec un bâton en bois. 
 
Fonctionnement “inquiétant”
 
“Nous le savons d'expérience, la bascule entre la violence et le drame est assez mince et il s'en est fallu de peu”, a affirmé le procureur de la République lors de ses réquisitions. Se basant sur le vécu de la quinquagénaire, le représentant du ministère public a ensuite dénoncé le “mode de fonctionnement inquiétant” de la prévenue qui “communique dans la violence au quotidien”. Rappelant que les coups avaient été “portés à l'aveugle” dans un contexte qui ne relevait absolument pas de violences réciproques, il a requis 18 mois de prison dont 12 avec sursis ainsi que le maintien en détention de l'intéressée. 
 
Bien que rien dans ce dossier – ni les blessures relevées, ni les témoignages de la prévenue et de la victime – n'ait permis de déterminer qu'il y avait eu des violences des deux côtés, l'avocate de la prévenue, Me Vivianne Genot, a tout de même comparé ce cas à celui de Jacqueline Sauvage, une femme victime de violences conjugales qui avait assassiné son mari en lui tirant dans le dos et qui avait été partiellement graciée par l'ancien président de la République, François Hollande. L'avocate a en effet affirmé que ce jour-là, sa cliente “savait qu'elle allait être battue” et qu'elle avait pris “ce qui lui tombait sous la main”. Après en avoir délibéré, le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public. 

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 23 Octobre 2023 à 18:11 | Lu 3362 fois